vendredi 8 novembre 2024

América first et la fissure.

Il y a quelques jours, à la veille de reprendre les chemins des écoles, j'ai rêvé d'une fissure.

Je pensais à celle qui s'ouvrait entre ma vie professionnelle et celle d'après.

Mais en y réfléchissant...

(Apolline, avec son papi, admirant, commentant, imitant leurs cris, les animaux du tunnel)
A part une remarquable, et significative d'espoir, parenthèse de trois ans dans l'école où j'étais coordo ULIS. Où la solidarité, la coopération, le soutien, le travail d'équipe était de mise, je n'avais plus depuis que j'avais quitté la dream team (devenue, hors des murs de l'école, la Choch'mout team) de l'école maternelle, retrouvé l'esprit école publique. 
Comme une bulle de démocratie, une bulle de service public, au service de nos élèves, contre, souvent, vents et marrées.
Et en résistance au assauts répétés de notre administration, de nos ministres successifs (moyens en berne, prof bashing continuel (et parfaitement relayé par des médias et des réseaux sociaux avides de trouver un bouc émissaire aux maux de la société)). 
(Pendant ce temps Bastien, au sport, réclamait sa mamie Anne pour lui faire un câlin)
Le "tout pour ma gueule" règne (et éventuellement, après, je m'intéresse aux autres (souvent pour critiquer)). 
Parmi les collègues, qui râlent souvent (ou ne savent pas, ne veulent pas savoir) mais plient, ne font pas grève, ne manifestent pas, sautent sur les miettes d'aumônes (bien travaillées pour diviser (pour mieux régner)) en poussant les autres pour passer devant. 
On aurait pu croire que les nouvelles attaques, re/encore/toujours gel du point d'indice, triplage des jours de carence (alors que les enseignants, contrairement à la légende urbaine soigneusement entretenue "toujours absents", sont moins en arrêt maladie que le reste des travailleurs (privé compris)) facent réagir, enfin, les fonctionnaires. Mais...
(un peu plus tard dans la matinée, alors que nous rendions visite à Colette, absente, il interroge (il interroge beaucoup, beaucoup): ""Pourquoi Mamie Colette elle n'a pas ouvrir la porte?")
Le "tout pour ma gueule" règne (et éventuellement, après, je m'intéresse aux autres (souvent pour critiquer)). 
Parmi les parents qui ne voient que leur enfant. Ses particularités, leurs particularités, leurs "cultures familiales", leurs principes d'éducation (ou non), perdant de vue (l'ont-ils jamais vu?) la culture commune, les bases citoyennes, qu'enseigne l'école.
Et, sans problème, ils revendiquent, ils demandent, ils exigent. Ils ne comprennent pas que... Ils portent plainte, ils écrivent au ministre. Font un scandale.
Et jamais ne demandent plus de moyens pour ceux qui s'y collent. C'est plus facile de s'en prendre à ceux qui sont là qu'à ceux qui coupent dans les budgets...
(Et au moment de la sieste: "Pourquoi papi Gilles il ne veut pas viendre?")

Je me rends compte, ce matin, que je pleure sans doute sur une école idéale qui n'a jamais existé (ou il y a fort longtemps, je suis un dinosaure), celle qui forme tous les élèves à devenir des citoyens ouverts et empathiques. Capables de s'extraire de tout communautarisme, du pour tout "pour moi", du "seulement pour les miens", pour une société plus juste...

La société qui a le vent en poupe se moque du bien commun. Et pas seulement aux Etats Unis.

(Là dessus Bastien: "Mamie tu peux aller éteindre le nidateur?")

4 commentaires:

  1. En retraite depuis longtemps j’ai la même impression d’être un dinosaure et de ne plus comprendre où sont mises les priorités : une société qui ne mise pas sur sa jeunesse est une société perdue. Je suis tellement désolée de laisser ce monde à mes petits enfants

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  2. Oui, je pense la même chose que toi ! Et encore tu as oublié de parler de l'inclusion. Inclusion à tout prix mais sans moyen. Pas d'aesh, car plus de budget pour notre nelle élève autiste, malgré la décision de lui attribuer 12 heures d'aesh.
    J'attends la future grève avec impatience !

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    1. Oui... Tant de maltraitance, des "agents" (quand sommes nous devenus des "agents", des "personnels"?), des élèves...
      Je n'ose plus espérer qu'une grève fonctionne.

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