...au service de sa majesté "éducation nationale".
Et...
(Si, si, je suis bien en vacances. C'est à dire que je travaille (oui, M et Mme Toulemonde, élus, commerçants, retraités (y'en a un qui m'a énervée en interpellant son petit fils qui n'allait pas assez vite à son goût: "T'es fonctionnaire ou quoi?") les instits travaillent pendant les vacances) au calme, sans les élèves, avec de la musique...)
Et je suis irritée à mon boulot.
Ça me démange, ça me serre, ça m'étouffe, ça me rend malade.
Encore.
30 ans, 8 mois et 13 jours (c'est mon dossier I-prof qui le dit) et voilà une nouvelle vague de réforme, rénovation, refondation,... Ça recommence, encore, et encore, d'accord, d'accord (en fait, non, pas d'accord et c'est le propos). A chaque ministre, à chaque lubie (au max tous les 3 ans) une nouvelle rafale dans les pattes.
Par presse interposée (nous pourrons attendre longtemps, je pense, les livres orange que doit nous adresser le ministre. Nous recevrons plutôt, peut être, des injonctions à aller lire en ligne, sur l'ergonomique et le sublime site de l'éducation nationale (qui plantera sous l’afflux de professionnels passionnés) la "bonne" parole de Jean-Michel Blanquer).
Nous sommes mauvais.
Ouaip! Mauvais. Nous n'arrivons pas à enseigner correctement la lecture, l'écriture et les maths aux petits français dont nous avons la charge.
Nous n'arrivons pas à effacer la fracture sociale.
C'est de notre faute.
Nous sommes mauvais.
Nous employons de mauvaises méthodes.
Le ministre a la recette lui: calcul mental, tous les jours, dictée, tous les jours, méthode syllabique, pour tous.
Et à venir une liste des "bons manuels" (bons pour les finances des éditeurs?).
Nous ne sommes pas... Bons.
Nous nous plions au calendrier du tourisme, aux rythmes qui conviennent aux uns, ou aux autres (mais pas aux élèves) et si l'on parle de fatigue on nous regarde de travers. Nous avons les vacances quand même! Y'en a même pour exiger que l'on travaille 35 heures (j'adorerai ne travailler que 35 heures).
Nous accueillons tous les élèves. Tous, et c'est juste, et c'est bien, et c'est dans la loi.
Tous, sans formation.
Sans formation au handicap.
Sans formation à la gestion de crise.
Sans soutien de spécialistes.
Sans temps supplémentaire.
Sans allègement des effectifs (je n'ai pas besoin de vous expliquer que certains "prennent plus de place" que d'autres, n'est ce pas?).
Et c'est une souffrance.
L'inclusion dans ces conditions.
Pour l'enfant qui ne reçoit pas ce dont il a besoin pour se développer, pour les parents à qui l'on a fait miroiter la "normalité", pour l'enseignant qui lutte pour se maintenir à flot (et je ne parle pas des camarades de classe).
Nous n'utilisons pas les "bonnes" méthodes, qui fonctionnaient si bien "avant".
Ah?
Avant quel était le pourcentage de gosses qui avaient le BAC?
Et puis, et puis...
Avant combien d'heures passaient-ils, les élèves, devant la TV (avec la TV comme berceuse, pour s'endormir, dans la chambre), devant des écrans, devant des contenus violents...?
Combien étaient nourris au gras, au sucré, aux additifs provoquant l'hyperactivité (et je ne parle pas de la violence, de la pauvreté dans les familles)?
Nous recevons pour tout soutien des injonctions à la bienveillance (c'est bien connu, les instits sont malveillants de nature, tout le monde se souvient avoir été martyrisé à l'école. Et quand les gosses vont mal c'est toujours la faute de l'école).
Nous n'utilisons pas les bonnes méthodes.
A moins que ce soit une question de temps, de priorités?
Un attentat? L'école de la république a failli.
La drogue? Les grossesses précoces? Les violences urbaines? Les incivilités? Le racisme? L'école n'a pas assuré la prévention.
Trop occupée qu'elle était à valider (attention, à partir d'ici je vais utiliser des acronymes dont même moi
je n'arrive pas à retenir le sens. Le début de la sénilité, sans doute.) l'APER, l'APS, l'ASSN, le (à moins que ce soit la?) PSC1, le niveau A1 en langue vivante...
Tout cela sans formation premier secours pour l'enseignant, qui peut très bien ne pas avoir son permis, ne pas savoir nager (dans mon cas je sais nager la brasse sur 15/20 mètres mais personne ne m'a jamais rien demandé), ne pas savoir aligner deux mots en anglais (ou en allemand, ou en swahili..).
Le maître mot: formation continue...
Rires!!! Jaunes les rires.
Notre temps de formation continue est gaspillé en réunions pédagogiques essentiellement basées sur les échanges de pratique.
Jamais, jamais de recul possible. De respiration.
Et l'on se doit d'utiliser les beaux, si beaux outils que nous offre le numérique.
LSU, ENT et j'en passe...
On doit.
On doit se former seul. Utiliser des outils au rabais, sans raccourcis clavier, qui plantent.
C'est censé nous simplifier la tâche...
Le TBI qui se désynchronise, l'ordi portable (perso, la plupart du temps) qui flanche.
Oui, nous ne sommes pas bons.
Et cela ne va sans doute pas s'améliorer.
Il n'y a pas foule pour embrasser la "carrière" (la voie sans issue) de prof.
Et ce n'est pas notre médecine du travail (de prévention) qui peut nous aider (quand je clique sur la rubrique santé au travail sur la page de mon académie je tombe sur un message d'erreur 404).
La presse relaye la voix du ministre: "La liberté pédagogique n'a jamais été l'anarchisme".
Parce que, c'est sur, c'est de cette liberté que découle tous les maux de notre école (de notre société?).
Heureusement je suis en vacances (au travail mais en vacances, et tout cela ne m'a pas avancée dans mes corrections, "mon" LSU, mes programmations, la rédaction des projets pédagogiques, l'organisation de la classe de découverte ("une connerie" décrète un papa, qui sait, lui, ce qu'il faut faire à l'école. Il y a été à l'école, alors..)).
Je suis en vacances.