Devoir du dimanche.

Mamanlit a assisté à une petite cérémonie au travail où il y avait des remises de médailles pour bons et loyaux services. Médailles de 25 ans, 30 ans et 35 ans de travail. Cela lui a inspiré un article. Sur lequel elle nous demande de rebondir.  

"Et toi, si tu devais rédiger ton propre éloge professionnel, ça donnerai quoi ?" 

Heu, d'abord je dois dire que je n'ai jamais assisté, jamais été invitée, à aucune cérémonie de ce genre à l'éducation nationale! J'ai ouï dire que certains, très rares, et très... proches des bottes des huiles qui nous... "gèrent" obtenaient des palmes (pour mieux nager dans les méandres de l'intitution?). Aucun instit de ma connaissance n'a jamais eu de médaille pour bons et loyaux services. Jamais. J'ai plutôt observé l'inverse... Ceux qui... "posent problème" semblent obtenir plus facilement les postes qu'ils convoitent, ou aménagent leur temps, ou le contenu de leur tâches... 

Et pour ce qui est de notre résistance... Pour mes 25 ans de carrière? Rien. Même pas une augmentation (pour mémoire le point d'indice est bloqué depuis 2009 alors depuis 2009 nous perdons du pouvoir d'achat et comme les prélèvement sociaux augmentent nos salaires baissent). Pour mes 30 ans, bientôt... Rien. Je deviendrais juste une vieille instit.

En fait dans les écoles on a tendance à penser que si l'on ne voit pas l'inspecteur, c'est que tout va bien. Une sorte de "prime" à la tranquillité...

Bref!

Imaginons que quelqu'un ait à faire mon éloge...

Au ministère... Heu je ne suis qu'un 330496éme d'un mammouth qui fait grève de temps en temps (ça leur fait faire des millions d'économie). Je n'ai pas souvenir que l'on ait fait l'éloge des instits récemment... Et puis je n'ai pas fait science po. Alors on se passera des éloges de notre ministre qui a d'autres chats à fouetter. Surtout à la TV.

A la direction des services académiques.

Bah, une école dont on entend pas parler. Ce doit être une bonne directrice. Elle juste tendance à rendre les enquêtes et les statistiques au dernier moment. Et elle pose des questions auquel nous ne pouvons pas répondre.

A l'inspection départementale.

Elle gère son école calmement, avec un grand sens du travail en équipe. Elle a instauré des actions originales en direction des parents d'élèves. Fais preuve avec son équipe de créativité, devançant parfois les instructions officielles.

Mes collègues.

Toujours à la bourre le matin, affamée le midi, fatiguée, souvent, mais jamais malade. Organisée, à sa manière. Ouverte à toutes les idées, en ayant elle même pas mal (elle n'aime pas trop le train train.. Nous a fait vivre une soirée en pyjama à la médiathèque!!!). Râleuse aussi. Attentive aux gens autour d'elle, elle ne supporte pas l'intolérance, est très ouverte... Est douée pour l'antipathie. Elle est parfois débordée par sa petite famille...

Les "usagers" (bon sang que je déteste ce terme!), élèves, parents d'élèves.

Bah, la maîtresse, elle est gentille. Elle crie pas souvent. Elle n'aime pas le bruit mais elle raconte plein de belles histoires, nous fait jouer à plein de jeux très rigolos, et d'autres moins rigolos, plus "durs" et nous emmène une fois par semaine en randonnée.

Anne? Elle a de l'humour mais elle n'aime pas revenir ouvrir la porte après l'heure. Elle sais beaucoup de choses mais ne dit rien. Elle est de bon conseil. A parfois de drôles d'idées! A un grand respect des parents mais attend beaucoup d'eux. Elle ne laisse jamais tomber les enfants en difficulté.

Moi.

Je n'en serais pas à 28 ans et 8 mois d’ancienneté si je n'aimais pas mon métier. Même si je prendrais bien un peu de distance... C'est le coté créatif, inventif qui m’apporte le plus de satisfaction. Et le plaisir des enfants quand ils ont compris quelque chose, quand ils ont réussi.

Et puis l'ancienne timide apprécie tout ce travail sur l'humain... Même si c'est difficile. Même si nous n'avons que très peu de moyens pour venir en aide aux gens, à leurs enfants. Même si ces derniers temps la misère est de plus en plus présente, plus profonde. 

Oui, j'aime mon métier. Mais peut être que j'aimerais tout autant, un métier avec moins de sollicitations, plus de calme, plus de temps... J'aimerais, ou pas.