samedi 30 septembre 2017

Contre vents et marées.

Pour l'atelier d'écriture, texte (première partie) écrit pour le festival "Amie Voix".
C'est arrivé un jour, comme ça brutalement.
J'avais fait tout ce qu'il fallait. Je m’étais levée, tôt, j'avais travaillé, tout au long du jour, j'avais souri, j'avais mis un pied devant l'autre, je m'étais fatiguée en des taches... Creuses. Et j'étais rentrée...
Cela m'était tombé dessus en arrivant devant l'immeuble où je logeais. Comme si une brique s'était détachée de là haut, du 5 ou du 6ème étage. Pile sur ma tête.
Trop, c'était trop!
Je n'étais pas moi ici, pas moi depuis des mois.
Alors j'ai fait un pas en arrière, puis deux.
J'ai tourné le dos à l'immeuble moche, au studio miteux, froid, humide qui me servait d'habitat et j'ai pris la route. J'ai suivi la rivière. Parce que toutes les rivières se jettent un jour à la mer. Je l'ai appris à l'école.
J'ai marché. Sur les quais, sur les berges herbues, le long des méandres.
J'ai marché pendant des jours. Dormant sous les ponts ou le long des bernes pentues.
J'ai marché au long des heures mangeant peu, des fruits au verger ici, du pain acheté dans les villages traversés là.
J'ai marché, mes pas égrainant les minutes, partageant parfois le chemin d'un autre qui cherchait sa direction. Jeunes les mains et le cœur cachés au fond des poches. Sans domiciles fixes entre deux jours de misère, qui tuaient le vide au long des routes. 
C'est comme ça que j'ai rencontré Lola.
Lola qui marchait à son pas, appuyée sur sa canne, le long du sentier de hallage.
Lola qui comme moi voulait quitter terre.
Lola qui voulait s'évader, devenir elle même.
Elle même... "Je suis une vieille folle, qui veut être tranquillement vieille et folle, sans mes gosses qui sont devenus de vieux cons, sans les toubibs qui, impuissants à soigner la vieillesse, s’obstinent à une bobologie angoissante. Je suis une vieille folle, qui veut être sans contraintes."
Alors j'ai réglé mon pas sur celui de Lola et nous sommes arrivées, tranquillement à la pointe de l'Éve.
L'Eve? Comme la première femme? Première vraie étape de notre voyage.
Nous nous sommes assises et j'ai regardé la mer. L'océan. 
L'océan et le ciel.
L'un posé sur l'autre...
Jusqu'au bout du regard.
Un appel au départ.
Un appel pour ailleurs.

6 commentaires:

  1. magnifique texte ! j'aurais aimé rencontrer lola, la vieille folle pas si folle que ça, elle a tout compris, elle !

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    1. Merci. Il faut que j'écrive la suite maintenant.

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  2. Un très beau départ pour Lola et ...? (peu importe d'ailleurs).
    Qu'ils sont beaux tes textes !

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  3. Très beau texte. Je ne pourrai pas être Lola mais je l'aime bien !

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    1. Moi non plus mais c'est justement ce qui est beau dans l'écriture!

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