lundi 6 avril 2020

Histoire d'amour, pour Névrosia. 1ére partie.

Ma blogocopine Névrosia réclame des histoires d'amour.
Mais le temps manque... Si, si, je vous assure!
Alors ce sera par épisodes.
 (Trop bon d'écrire assise au soleil hier dimanche!)
Le premier jour j'ai rangé, nettoyé. Deux heures pour le salon. Le canapé à retaper, je n'avais jamais remarqué que sa couleur, marronnasse, était si moche. Les bouquins, les magasines spécialisés, à trier et à empiler sur la table basse, bancale. Le bureau à désencombrer, quelques factures à payer, beaucoup de papiers à jeter, un coup de chiffon sur l'ordi, le clavier. Et un coup d’œil circulaire sur les 12 mètres carrés aux murs blanc sale (je ne fume pas pourtant!). Je n'ai jamais pris le temps, ou je n'ai pas trouvé l'envie, de décorer. Pas une photo, pas un cadre. Je n'ai jamais posé les rideaux que maman m'a cousu quand je me suis installé, il y a trois ans. Ils sont pliés, sur la chaise de réserve. Qui n'a jamais servi, elle non plus, je n'ai jamais reçu qui que ce soit ici.
Je ne vis pas ici. J'y dors. C'est tout. Jusqu'à aujourd'hui.
Je regarde la vue par la fenêtre. C'est ce qui m'avait plu quand j'ai visité l'appart. Il était proche du stade d'entraînement, de la salle de muscu, et il avait une belle vue. Une vue au dessus des gens. Mon regard se perd au loin, au dessus des toits. Le ciel est très bleu, strié des lignes des avions qui viennent se poser à une trentaine de kilomètres d'ici. Ou repartent. Ça aussi c'est pratique, de pouvoir prendre un avion à portée de RER. Et là la réalité me frappe! Le meeting d'Atlanta prévu dans 10 jours...? Comment vais je me préparer?
Je me précipite sur mon téléphone portable et j'appelle mon entraîneur.
C'est occupé.
L'envie irrépressible de sortir, d'aller jusqu'au stade, me prends.
J'attrape ma veste et je suis en train de poser la main sur la poignée de la porte quand la réalité se stoppe dans mon élan: confinement!
Il y a cette histoire de papier à remplir. Une auto autorisation de sortie, en quelque sorte.
Je retourne à l'ordi, je l'allume et cherche le formulaire.
Je l'imprime et commence à le remplir.
Je doit cocher une case.
Aller au travail si le télétravail n'est pas possible. Oui, mais non.
Mon "travail" a disparu avec le confinement. Mon "travail" n'est pas indispensable à la société.
Je ne suis ni soignant, ni commerçant, ni professeur, ni éboueur (les boueurs vont continuer à travailler, n'est pas?).
La société confinée n'a pas besoin de sportif de haut niveau.
Je tombe assis sur mon canapé, anéanti, tout à mes objectifs de performance je ne m'étais jamais posé la question de mon rôle dans la société.
Je réessaie de joindre Jean Batiste.
Cette fois il me répond. Brièvement. Oui, j'ai bien compris, il n'y a pas d'entrainement. Il faut qu'il réfléchisse à des exercices de maintien en forme à la maison mais là il n'a pas le temps. Il doit s'organiser pour sa famille. Il veut être avec ses gosses et sa femme. Et non il ne dramatise pas! Je n'ai pas vu ce qui s'est passé en Chine, ce qui se passe en Italie?
Je me retrouve comme un con mon téléphone à la main.
Je n'ai que vaguement suivi cette histoire de pandémie tout à mon planning d'entraînement. Tout à ma préparation d'Atlanta. Atlanta! J'ai oublié d'en parler à... J'ai le doigt sur le téléphone pour le rappeler quand je me rappelle sa voix tendue.
Je me rassied, accablé. Et je commence à surfer sur les sites d'information.
Merde!
Me voilà bel et bien coincé ici! Je commence à me demander si je n'ai pas fait une erreur en n'acceptant pas la proposition de mes parents de m’accueillir, chez eux, à Dijon, le temps que cela passe. Cela fait si longtemps que j'ai quitté la maison. J'ai eu peur de ne pas m'y sentir chez moi. Mais le suis je plus ici? Je regarde dehors. Il fait beau. Très beau. j'ouvre la fenêtre et je m'y accoude. Une impression étrange m'envahit. J'observe les alentours sans saisir.
Les arbres commencent à bourgeonner, certains sont fleurit, les oiseaux chantent, le vent souffle joliment. Je me penche et cherche ce qui peut bien me troubler. Les parkings sont pleins, les "espaces verts" autour des immeubles sont vides. On se croirait un dimanche matin. Tôt. Alors que nous sommes mardi et qu'il est déjà 13h.
13h. Il faut que je mange. J'ouvre le frigo et... Merde! Le ravitaillement! Jusqu'à maintenant je le faisais plus ou moins au jour le jour. Mais confinement et courses ne font pas bon ménage, n'est pas? Ok, voilà une mission à mener. Faire les courses. Soyons organisés. Je fais une liste, je vérifie ce qui manque et ce qui viendra à manquer rapidement. Et je complète l'attestation.

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