lundi 27 juin 2016

Pour aller vers la vie.

Vendredi y'a comme un truc qui a déraillé par chez nous. Arthur, en revenant d'aller signer son contrat de travail, a du contourner un accident. Deux blessés. Tout le monde sait que ce carrefour est dangereux (et il est signalé). Cela n'empêche pas les gens de penser que cela ne peut pas leur arriver...
Et puis dans la soirée, dans le village où je travaille, c'est le tonton d'un de mes élèves qui a tué le tonton d'une de nos élèves... Sans intention de la donner. La mort.
Dans la même soirée, par loin d'ici, c'est une ancienne collègue de Simon et Cynthia qui a été tuée par son compagnon, le père de ses enfants. Parce qu'elle voulait partir.
Moche, moche... Et on a beau "débriefer", en parler tout en marchant lors de la promenade... C'est lourd. Alors j'ai décidé de profiter de la consigne de l'atelier d'écriture pour pondre un truc positif:
Nouvelle consigne sur Kaléïdoplumes:
Il était une fois un jeune navigateur breton  qui rêvait de partir sur un voilier et de faire le tour du monde.

Quelques mois après son rêve se réalise, il achète un bateau et part à l’aventure. Durant l’une de ses premières escales aux Canaries, il rencontre celle qui deviendra sa compagne de voyage.

Ainsi un équipage improbable se met en route pour un voyage autour du monde :
Capitaine et apprenti aventurier : Guirec, 24 ans
Accompagnatrice et confidente : Monique, 1an et demi 

Monique
Comme Guirec, nous allons nous aussi rêver et peut-être, un jour prochain, notre rêve deviendra réalité.
Voici la consigne :

Choisissez votre aventure (tour du monde, voyage sur la lune ou au centre de la terre etc…)
Choisissez votre personnage
Choisissez un moyen de transport
Choisissez un compagnon de voyage (animal ou végétal)

Il ne vous reste plus qu’à raconter votre aventure en moins de 3000 caractères (espaces compris)
Et voilà ce que cela donne:...


Tout à commencé par une rencontre. Je crois. Un élan, une fusion. Il me semble.
Rien de ce qui s'est passé à ce moment n'est bien clair...
Mais j'étais bien. Au chaud, à l'abri.
C'est sans doute la seule sensation qui me reste de ce temps là...
Avec celle de ne pas être seul. D'être "porté". D'être porté et accompagné.
Puis le temps m'a poussé. Et j'ai frôlé, caressé le doux autour de moi. J'ai ressenti, l'amour qui m'entourait et la présence d'un autre auprès de moi. Un autre moi? M'autre, oui. Embarqué pour le même voyage, à mes cotés.
J'ai su tout doucement que du tout je n'étais qu'une partie, une partie en devenir.
Avec M'autre, nous avons voyagé, bercés, jusqu'à l'éveil en vibration, puis en sons, assourdis, d'un monde au delà. Hors de la bulle où...
Mamours chante parfois. Mamour caresse aussi, souvent. Mamour, l'amour...
Dans ma bulle j'ai pirouetté, tourné, viré... J'ai touché.
J'ai touché l'extérieur, d'une curieuse manière... Directement au cœur. Je le sais, je l'ai ressenti comme un écho, un choc qui construit.
Dans ma bulle j'ai frôlé, j'ai été frôlé de sons, doux assourdis, brutaux, forts qui font sursauter.
Dans ma bulle j'ai touché le ciel, translucide parfois, vivant, palpitant.
Dans ma bulle j'ai été appelé, attiré par les gestes de...
Papour... Maladroit, timide. Papour comme un grondement doux, un ronnonement...
Et M'autre à mes cotés à pris de plus en plus de place...
La bulle s'est rétrécie. Nous nous sommes calés l'un sur l'autre, l'un dans l'autre, l'un à coté de l'autre.
Dehors, autour de nous, Mamours a rit, elle a chanté. Elle a pleuré aussi... Quel froid ce jour là! Elle a pleuré et elle nous a caressé. La lumière, la chaleur est revenue.
Le voyage a continué, plus lent, plus ralenti...
La voix de Papour plus présente, son poids parfois sur la parois, qui appelle...
Mamour s'est comme concentrée autour de nous. Plus contrainte, plus alourdie?
Et le grand jour est venu.
Le jour de la fin du voyage, le jour de l'arrivée.
Il a fallu franchir le passage. Aller vers l'être...
La bulle, l'enveloppe, nous a poussé. Comme la marée vers la plage, vers l'ailleurs, vers la vie. Celle qu'il faut vivre. Par soi même.
Je suis passé le premier, j'étais le mieux placé. Contraint, poussé, compressé dans l'ouverture étroite.
J'ai poussé de mon coté, pour me frayer un passage. La tête en avant. Mamour a donné le sens, la force, l'envie. Elle m'a poussé...
Et j'ai respiré!
Une ouverture en moi qui fait entrer le monde. Le monde autour de moi, plus froid, plus bruyant...
Et Mamour de dehors. Si douce encore, si chaude aussi. Et qui sent... Comme la vie! J'ai ouvert les yeux et j'ai vu les leurs, Maman, Papa, pleins de larmes, pleins d'amour.
Le temps a été suspendu... Un temps. Puis il a repris son cours. J'ai dormi, un peu, loin de maman, loin de M'autre et un grand trou s'est ouvert dans mon ventre. J'ai crié.
J'ai crié et j'ai retrouvé Maman, maman et, merveille des merveilles, son sein... Si doux, chaud, souple qui remplit si bien les trous du ventre! Oui, oui... Comme un souvenir à l'extérieur, de l'intérieur. Et c'est d’ailleurs là que j'ai retrouvé M'autre, mon frère...
Pour une autre aventure, un autre voyage...

8 commentaires:

  1. Ah ! Tu as du talent ! C'est incontestable ! Tu captives, tu intrigues et tu nous mènes. Bravo ! Quelle jolie façon de raconter cet événement que tout le monde a connu seul la plupart du temps, c'est sûr que la gémellité c'est encore une autre aventure un autre voyage !
    Par contre, la réalité est difficile, souvent cette période de l'année concentre beaucoup de drames ... Je me souviens de fins d'années scolaires pas drôles du tout...

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    1. Merci.
      C'est bientôt les vacances, c'est bientôt les vacances, c'est bientôt les vacances...

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    2. Mes élèves sont malades, pourvu qu'ils ne me refilent pas leur virus pour les vacances ! pffff N'empêche que même s'il y a des malades je carbure à 22 élèves sur 25 en moyenne, très peu d'absents !

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    3. Ils sont décalqués mais ils sont là! Peut lundi et mardi? Mais lundi et mardi nous serons sur les chemins de notre belle campagne. S'il ne pleut pas.

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  2. Ca déraille dur, tu as raison. Période étrange et flippante...

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    1. Y'a comme un truc... Et la fatigue n'améliore pas le ressentit.

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  3. Très beau, très émouvant ton texte !
    Quelle fin d'année difficile pour vous, mais vous êtes tous ensemble, unis, pour l'affronter, c'est une chance, ce n'est pas le cas dans toutes les familles, tu le vois tous les jours.
    Enfin, vivement les vacances !

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