... que le meilleur moyen de combattre le mal de mer, c’est de s’assoir sous un chêne".
Gilles Legardinier
Il est là, sur le bord du chemin. La sente le contourne, enserre, c'est formée avec lui comme repère.
Il est là, égal à lui même depuis mon enfance.
Il l'était pour l'enfance de ceux qui sont déjà partis.
Il le sera pour Bastien. Et, pourquoi pas, pour ceux qui viendrons après lui.
Il fait fi de l'agitation du monde. Des vagues et des tempêtes qui nous agitent.
C'est un ami enraciné comme une ancre au bord de la vie.
Ceci dit je m'en vais vous raconter une bien triste histoire vraie.
Il y a vingt cinq ans nous étions les seuls jeunes du hameau (maintenant nous ne sommes largement plus les plus jeunes (mais c'est une autre histoire, bien plus positive, d'ailleurs)). Nos voisins étaient des agriculteurs à la retraite. Micheline, qui habitait derrière chez nous avec son mari, l'avait prise un an avant et cela l'avait achevée. Elle n'avait plus ses chèvres à choyer, elle n'avait plus la visite de ceux qui venaient lui acheter du fromage, elle avait dépéri...
Elle n'était pas enterrée depuis plus de trois mois que son époux a fait abattre le chêne centenaire sous lequel les chèvres et sa femme se mettaient à l'abri du soleil ou de la pluie.
Je me souviens encore de l'impression de catastrophe ressentie quand nous avions vu l'arbre à terre.
Il faisait de l'ombre au champ. Il rapportait plus mort que vivant...
Vivant le mari ne l'est pas resté longtemps. Je dirai qu'il ne l'a pas emporté au paradis. L'argent gagné ne l'a pas suivi dans la tombe dans laquelle il s'est précipité quelques mois après...
Il ne reste plus dans le paysage aucune trace du géant. Sauf celle de son souvenir et de celui de sa protectrice Micheline.
C'est triste de voir abattre un arbre en bonne santé !
RépondreSupprimerLe terrain à côté du nôtre est en vente et le grand noyer risque d'en faire les frais, il ferait de l'ombre à la nouvelle maison.
Ce serait dommage...
SupprimerOh ! Quelle triste histoire ! je comprends quand tu écris:" Je me souviens encore de l'impression de catastrophe ressentie quand nous avions vu l'arbre à terre." c'est exactement ce que je ressens à chaque nouvelle coupe en forêt. la dernière que j'ai vue m'a faite pleurer en plein milieu de plus rien ! J'étais tellement dévastée comme le paysage l'était !
RépondreSupprimerC'est terrible...
SupprimerJe suis une irrémédiable romantique et je préfère croire que même s'il a évoqué des motifs mercantiles, le mari de Micheline a choisi d'abattre cet arbre qui lui rappelait chaque jour sa femme et il l'a suivi quelques mois plus tard, car son absence lui était insupportable.
RépondreSupprimerC'est en effet plus romantique ainsi!
Supprimer