J'ai acheté le bouquin de William Lafleur et j'ai commencé à le lire hier soir.
Je n'aurai pas du. J'ai mal dormi... Pourtant je sais tout cela. J'avais même écrit au ministre en 2019:Monsieur le ministre,
Je suis l'une des directrices qui font tourner la machine école avec mes collègues adjoint-e-s, je suis aussi, pour l’essentiel, une professeure des écoles (1/4 de décharge pour 5 classes) et j'ai écouté, ce dimanche matin, votre intervention sur RTL.
J'avais déjà regardé votre vidéo de vœux et j'étais restée sur ma faim.
Sur ma faim de reconnaissance.
J'attendais donc un mot de votre part sur l'amélioration de nos conditions de travail, j'ai entendu suppression de poste. Alors que c'est de moyens humains, plus de maîtres que de classes, un vrai RASED dans chaque école, dans toutes les écoles, dont nous avons besoin pour réussir.
J'attendais une décision de revalorisation, de remise à niveau de mon salaire. J'ai entendu heures supplémentaires,"travailler plus pour gagner plus", alors que nous travaillons bénévolement jusqu'à plus soif, bien au-delà des 108 heures qui nous sont imparties. Ajouter des heures aux heures, encore et encore?
J'ai entendu désocialisation de ces hypothétiques heures supplémentaires. Elles ne compteront donc pas pour notre de plus en plus lointaine retraite.
Vous annoncez un observatoire du pouvoir d'achat.
Que souhaitez-vous observer? Interrogez vos services, ils vous diront ce que nous avons comme pouvoir d'achat. Lisez les études de l'OCDE, elles vous diront où se trouve notre pouvoir d'achat. Ce qui n'est pour vous qu'un coût est notre pouvoir d'achat. Ne dépensez pas notre argent en études et observations. Nous pouvons vous dire, nous, que nous sommes déclassés.
J'ai entendu que vous nous écoutez.
Vous aviez même l'air sincère.
Cela a été pour moi, pour beaucoup d'entre nous, une humiliation de plus.
Vous nous écoutez dites-vous?
Moi je vous dis que vous ne nous entendez pas.
Sans doute parce que vous nous écoutez à travers le matelas de la hiérarchie (pas de vagues).
Sans doute parce que vous êtes bien loin de notre réalité. Une visite de quelques minutes dans une école, préparée, peignée, lissée, une discussion entre deux portes avec un-e enseignant-e est une vision faussée de la réalité.
Parce que la réalité, Monsieur le ministre, c'est que nous nous sentons comme une bouée abandonnée en pleine mer.
Dans les quartiers, dans les campagnes, derniers représentants des ruines du service public.
Seuls, et sans aide, face aux besoins toujours plus prégnants de nos élèves, assistantes sociales, orthophonistes, psychologues, psychomotricien-ne-s, médecin scolaire, médecin de ville, disparut dans la machine à mouliner la société ces dernières années.
Seuls face aux parents de plus en plus perdus, de plus en plus souvent agressifs, confrontés à la violence sociale de la société actuelle.
Nous nous sentons comme une bouée abandonnée en pleine mer, pas de médecine du travail, pas de gestion des ressources humaines, pas de formation continue de qualité (formations au rabais, imposées, sans relation avec nos besoins), outils inadaptés (matériel personnel, LSU imposé, chronophage et inutile pédagogiquement, magistère désespérant, évaluations nationales détachées de la réalité d'une classe, chronophage, inutilisables...), hiérarchie au mieux inexistante, au pire infantilisante.
Vous ne nous entendez pas.
Vos consultations, questions fermées, questionnaires à remplir pendant les vacances, sont une insulte à notre intelligence, à notre expertise.
Vous dites votre grande estime pour les professeurs et vous nous assenez des changements de programmes (appelez cela comme vous le souhaitez, vous ne leurrez personne) pendant l'été.
Vous dites votre grande estime pour les professeurs et vous nous faites parvenir vos injonctions à de grandes innovations (croyez-vous réellement avoir inventé le fil à couper le beurre avec une dictée par jour, une chorale dans chaque école, la disparition de la méthode globale (la méthode globale!!! Plus de 30 ans que chaque ministre l'agite sous le nez des parents pour détourner leur regard de la disparition des aides)?) par voie de presse.
Par voie de presse.
Vous dites votre grande estime pour les professeurs et vous laissez des élus, des journalistes, dénigrer notre fonction, notre mission, en colportant encore et encore la caricature de l'enseignant fainéant et nanti.
Vous appelez la bienveillance de vos vœux.
Nous n'attendons que cela.
Je reste à votre disposition pour plus de précision de ce que nous, professeurs des écoles, directeurs, vivons au quotidien.
Salutations sincères.
Ce qu'écrit William en est le reflet, en plus développé. C'est... éclairant et difficile. Voir écrit noir sur blanc: "les mouvements de grève, même massifs, n'ont JAMAIS fait plier le ministère" me désespère.
Je le tiens, ce bouquin, à la disposition de tous ceux qui veulent le lire.
Et puis la paye de septembre est celle qui devait être celle de la revalorisation exceptionnelle qui nous est allouée: + 98€
C'est moi ou est est loin, très loin, des 10% promis? (Ou alors c'est que ma paye est encore plus rachitique que je ne le pense)
L'éducation nationale...
Comment dire...
Heureusement voici le plus beau!
Qui ne veut pas enlever son manteau, aller dehors est son kif: "Dehors, mamie, dehors!"
Qui dessine en comptant: "1, 2, 3, 7..."
Qui lit, re lit, re re lit, "Piouette Caouette"
Et réclame:
"Il est où Papi?"
Qui constate:
"Apo'ine est pas là!"
Bastien, deux ans aujourd'hui!
Bon anniversaire mon lapin! (Si, si j'ai le droit de gagatiser!)
Joyeux anniversaire Bastien !
RépondreSupprimerBon mercredi mamie !
Merci! Merci!
SupprimerJe suis bien triste pour toi et tes collègues et le futur de tous les enfants, quand je lis tout ça...
RépondreSupprimerC'était une grosse machine mais elle avait des valeurs à transmettre. Il ne reste plus que des enseignants à bout de souffle pour les porter contre vent et marées.
SupprimerBon anniversaire, Lapin!
RépondreSupprimerBellzouzou
Ou Chaton! Merci!
SupprimerAh, moi, je n'ai eu que 80 €...
RépondreSupprimerJ'ai relu avec attention ta lettre... si seulement il l'avait lue ... J'avoue, que je n'aspire plus qu'à une chose, la retraite ! Et pourtant cette année j'ai une classe "normale", sans cas pour l'instant...
En fait, comme nous ne pouvons pas aller vérifier sur Ensap (en rade) le chiffre que j'avance est celui que j'ai trouvé sur un tableau éducation nationale (donc pas fiable...).
SupprimerMoi, j'ai juste comparé avec ma dernière paie. Certaines jeunes collègues ont eu 250 € de plus .
SupprimerOui, ils n'ont augmenté que les jeunes, nous nous sommes un "public" captif... Pas besoin de prendre soin de nous.
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