samedi 16 mars 2019

Sur le retour...


Ouf! Enfin assise! 
J'ai eu le droit, handicap oblige, de m'assoir sur la place de devant, le long de l'allée centrale du coté de la porte du car. 
Je n'en peux plus. J'ai les bras en compote. Cette journée à crapahuter sur mes béquilles m'a fait regretter le temps du fauteuil roulant (c'est un comble!).
Je suis épuisée.
Les autres non, apparemment, ils font un de ces raffut!!! Ça piaille, ça rit, ça chante même (c'est Joseph qui a lancé la "chorale").
En plus des bras douloureux j'en ai plein les oreilles. Ça bourdonne.
J'aimerai tant un peu de calme, j'aimerai dormir.
Le prof d'arts plastiques n'a pas l'air plus frais que moi. Il compte les élèves, râle, un peu, parce qu'il a du mal, ils n'arrêtent pas de bouger. La prof d'histoire passe devant lui pour les obliger à s'attacher et... Le car démarre doucement.
Le niveau sonore descend un peu. C'est bon, nous sommes sur le retour.
Victoria s'affale sur mon épaule et marmonne qu'elle a faim. Qu'elle a toujours faim en fait.
Et elle s'endort. 
Je suis impressionnée...
Le lutin du bus, que je remarque, caché, quasi transparent, entre les rideaux et la vitre latérale, semble tout aussi surpris que moi. Il hausse les sourcils, fait une grimace. Il baille. Se frotte les yeux. Se roule en boule entre la fenêtre et le dossier du siège de Victoria. Il tire doucement le bas du rideau pour s'en faire un couverture. Il s'endort lui aussi.
Je me pose des questions...
Cela se bouscule avec tout ce que j'ai vu, appris, aujourd'hui.
Des questions. Victoria? C'était juste pour aujourd'hui? Ou est-elle devenue une copine pour de vrai? Je n'ai jamais eu de copine...
C'est bizarre la vie, non? Nous sommes dans la même classe depuis la rentrée et nous ne nous étions quasi jamais parlé. Je me rends compte maintenant, il est bien temps, qu'elle ne fait pas partie, elle non plus, du groupe des filles populaires. Est-elle, elle aussi, une Rémi? 
Elle pèse lourd sur mon épaule et ses cheveux frisés me chatouillent le cou mais je suis contente.
Nous avons passé la journée toutes les deux et nous ne nous sommes pas ennuyées.
Nous avons parlé, de tout, de rien. Nous avons pique niqué l'une à coté de l'autre sur la barge  sur la Seine. Elle m'a parlé de ses cinq sœurs (5!!!), de son père qui est parti depuis très longtemps, qu'elle ne voit que de temps en temps. Elle dit que c'est une tradition familiale, aucun des pères de ses sœurs n'est resté assez longtemps à la maison pour qu'elles aient eu le temps de s'y habituer.  Elle dit qu'elle espère jusque sa mère va arrêter de faire une fille à chaque fois qu'elle rencontre un nouveau Jules (Un nouveau Jules? Ils s'appellent tous Jules? Je n'ai pas osé demander à Victoria...).
Le lutin a disparu. C'était une sieste express!
Je me pose des questions.
Ce lutin est-il un lutin de bus, qui est "né" avec le bus ou est-ce un lutin d'extérieur qui s'est installé dedans à un moment ou à un autre? Est ce que la population de lutin est fixe? Se multiplient-ils? Naissent-ils de la nature ou des événements? Je veux dire...
Apparaissent-ils en même temps que les plantes, les pierres, l'eau,... Ou des interactions entre ces éléments? A moins qu'ils soient créés par les rêves?
Le lutin est de retour. Il se baffe de chips qu'il a du piquer dans les travées du bus (Je plains le chauffeur du car qui va devoir nettoyer ce soir. Je suis sûre qu'il préfère trimballer des petits vieux. D’ailleurs il a l'air vieux, lui aussi. Bien plus vieux que la prof d'histoire.).
Je me pose des questions...
Aurais je pu croiser Wilfrid? Il est à Paris maintenant. A peine ses examens passés (ça va drôlement vite une année en fac!) il a rendu sa chambre et a prévenu les parents qu'il montait à Paris (monter? Je n'ai pas vu particulièrement de cotes en venant ce matin?). Qu'il avait dégoté un boulot de serveur pour l'été (qui commence au printemps?). Qu'à la rentrée il continuerait ses études à Paris 8. 8?
Il en a marre de la province. Ah? Moi Paris une journée ça me suffit.
Je veux retrouver ma campagne, le chien , les chats, les vaches de papa, 
Le chants des oiseaux (à Paris il y en a, des oiseaux, plein même, mais les voitures font tellement de bruit que c'est à peine si on les entend), le calme de ma chambre ou du grenier.
Le bus roule, le niveau sonore a baissé. J'entends encore, de temps en temps, Joseph chanter et rire. Il y a de la musique et des cris au fond. Ils doivent regarder une vidéo. Ils s'exclament. Un bêtisier ou les exploits d'un skateur.
Le prof d'arts plastiques est affalé de l'autre coté de l'allée.
Peut être qu'il regrette d'avoir choisi ce boulot.
Je l'aime bien, moi, le prof d'art plastiques, il est cool. Trop sans doute, il y en a qui en profitent. Ce qui le sauve c'est qu'il plait aux filles, il est beau alors elles essaient de lui plaire.
Moi je suis sûre qu'il est déjà casé. Il a la photo d'une fille sur l'écran de son portable. Et puis a qui il enverrait autant de SMS?
En tout cas, moi, je trouve qu'ils ont bien fait, avec la prof d'histoire, d'organiser cette journée! Les autres ont beaucoup râlé, en disant que c'est naze de perdre du temps dans un musée, que d'assister à une séance de l'assemblée c'est relou. Mais moi j'ai trouvé ça formidable!
L'assemblée, c'est impressionnant... Ça donne un peu le tournis. Et puis...
Je n'avais jamais été dans un musée comme celui là. Je ne connaissais que le musée Tessé qui n'est pas bien grand. Là même le bâtiment m'a tuée! Et il est rempli d'objets de tous les pays. Des objets étranges, qui font peur parfois, puis sont très beaux aussi. Je dirais à Wilfrid de ne surtout pas manquer d'y aller, au musée du quai Branly.
La route est longue...
Le lutin et Victoria dorment.
J'ai mal aux bras. Aux jambes aussi.
Heureusement demain c'est samedi je pourrai dormir.
Et puis trainer à la maison.
Retourner au grenier.
Je me pose des questions.
Qui est cet homme avec mamie sur cette photo dans la malle? Quand mamie était jeune? Je suis sûre que c'est mamie. 
Elle était très belle.
Par contre l'homme contre qui elle s'appuie, qui lui entoure les épaules n'est pas mon papi.
C'est un grand type très très brun.
Je me demande... Est-ce que je peux lui en parler? Lui poser des questions?
Ah!!! Enfin! Nous voilà arrivés.
Ça se bouscule pour sortir. Je crois que je vais attendre qu'ils soient tous dehors pour bouger. Sinon je risque de faire encore un vol plané dans les escaliers. De toute façon Victoria a du mal à se réveiller. Nous sommes les dernières à descendre. Le prof d'arts plastiques termine son compte par nous (il est temps, non? Trop tard si l'un d'entre nous était resté à Paris. A moins que ce soit pour vérifier qu'aucun ne soit resté dans le car? Ou alors il fait ça sans réfléchir, tellement il est fatigué.). La prof d'histoire se retrouve avec deux manteaux, un foulard et une chaussure (?) oubliés dans le car. Elle doit crier pour se faire entendre et... Reste avec sa chaussure sur les bras.
Je cherche des yeux mes parents. Non...
C'est Charlotte qui est venue me chercher. Elle papote avec une dame vers qui se traine Victoria. Sa maman. Bah, y'a pas de lézard, entre familles bizarres. Ça colle.

Pour la suite, vous avez des idées?

2 commentaires:

  1. toujours captivante cette histoire ! j'aime bien le mélange entre réalité et magie. j'aime bien aussi les pensées de Laurène, ses doutes , ses questions.
    des idées ? .... j'avoue je me laisse porter par ton histoire ! ;)
    Bon bien sûr on a envie d'en savoir plus sur cette photo ! premier amour de la grand-mère ?

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