mercredi 13 mars 2019

Polar...

Pour l'atelier d'écriture.
Le jogger:
Ouf! J'ai enfin trouvé mon second souffle! Je respire de nouveau. Et le rythme est bon. Mes chaussures frappent le chemin de manière régulière et c'est Harris qui est obligé de forcer pour me suivre maintenant. Il n'a plus le temps de mettre sa truffe dans tous les trous, derrière tous les buissons. Il ne peut plus lever la patte sur tous les arbres de la berge.
Le rythme est bon et en retrouvant le souffle je retrouve mes sens.
Le fond de l'air est froid et me brule un peu les bronches.
L'air sent le gel et l'eau. 
Le bruit de ma foulée (Ouha, je me sens pousser des ailes!), est comme la pulsation du concert des oiseaux. Avec la cavalcade de Harris qui brouille un peu l'harmonie. Il n'est pas élégant ce chien, pas plus en promenade que comme gardien de la maison mais c'est un brave toutou.
Le soleil filtre entre les arbres, se reflète sur le Loir. Il dissout, doucement, la brume.
J'ai impression de courir entre deux mondes.
Mince Harris a du bouffer du lion! Il me double en remuant de la queue (est ce que les chiens peuvent avoir des courbatures à la queue quand ils ont été particulièrement contents?). Le jour où j'ai décidé de courir pour me remettre en forme, il y a deux mois a été le plus beau jour de la vie de ce chien! Et c'est bien pour cela que je tiens, que je continue...
Ah, zut! Qu'est ce qu'il a? Il aboie comme un fou. Il a trouvé quelque chose. Ca se trouve il se trouve nez à nez avec un renard ou un canard ou...
C'est un tas de chiffons je crois. 
Je ralentis (c'est con, je courais bien!) et je m'arrête à coté du petit tas qui affole Harris.
Ce ne sont pas des chiffons. C'est une veste. Une veste propre, soigneusement pliée. Sur laquelle est posé un portable. Un portable qui vibre. Appel en absence. Harris n'en peut plus d'angoisse, ce bruit bizarre qui se répète. Incongru ici.
Je regarde autour de moi. Avec un peu d'appréhension.
Personne.
 Le concierge:
Allez, allez! Motivation!
Mme Majja est passée, le plus dur est passé.
Elle doit avoir, encore, rendez vous chez le toubib alors elle n'a pas eu le temps de me faire perder le mien. De temps.
C'est aujourd'hui le jour des poubelles.
Je mets en route la cafetière, avec un peu de chance c'est Josie qui conduira le camion benne.
C'est toujours plus agréable de boire un café avec les éboueurs quand c'est Josie.
Pas seulement perce qu'elle est mille fois plus belle que Sam mais aussi parce qu'avec elle les conversations sont intelligentes. Elle a de la répartie et de l'humour.
Josie.
Ah voilà les gosses! Ils partent à l'école. Il y a ceux qui me saluent et ceux qui passent les mains dans les poches, les yeux rivés à leurs godasses. Souvent plus ils sont petits plus ils sont sympas. Puis ils deviennent ados et passent en mode ronchons/p'tits cons. Ça leur passe...
M Cashy sort à son tour. En gros cela veut dire que tous ceux qui bossent ou vont à l'école sont partis.
Il ne reste plus dans l'immeuble que les papis, les mamies et les mamans.
Curieusement je me sens responsable d'eux.
Comme si j'étais là pour veiller sur eux. Pour les protéger.
Bon, Abdel, arrête de délirer!
Tu es là pour trimballer les poubelles, pour les nettoyer. Ramasser les papiers dans les espaces verts (trois mètres carrés de pelouse pelée le long du parking) et faire les escaliers.
Les escaliers...
J'ai ai encore rêvé cette nuit. Ils ne se terminent jamais...
Tiens... La voiture de Fournier est toujours là.
L'a pas été au boulot? Hier déjà...




2 commentaires:

  1. Allez, la suite !

    Tu sais que t'écris tellement bien que parfois, j'évite de commencer à lire parce que je sais que je vais être happée par le récit...

    Tu captes les atmosphères et les personnages qui vivent le moment...

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