Il est dit que nous ne pouvons pas faire la grasse matinée...
Il y a eu le réveil pour Gilles, à 6h30, lundi et mardi, le chien qui voulait sortir, à 5h00(?!!!), mercredi, le chat qui miaulait à 5h30, jeudi, Suzanne qui avait brutalement peur du noir, à 4h20, vendredi et ce matin, vers 6h00, c'est le vent qui a refermé la porte de la grange, la faisant grincer sur ses gonds avant de plaquer, de la claquer sur la façade juste sous notre fenêtre.
Et Gilles se dresse dans le lit: "Qui a crié?"
Je lui dit que personne n'a crié, que c'est la porte qui a battu et j'ajoute: "Je crois qu'on nous a jeté un sort!"
Ce à quoi il me répond: "C'est pas un sort, c'est ta grand-mère!"
Et bien, vous savez, il se pourrait bien qu'il ai raison!!! Ma grand-mère, Marie-Thérèse, grand-maman, ne voulait pas que nous nous installions à La Hirlière... Comme elle n'avait pas voulu que que son mari, Gaston, y passe sa retraite. Elle n'aimait pas La Hirlière alors pas de bonheur possible à La Hirlière!
Grand maman était une femme de caractère... De mauvais caractère!!! Aussi loin que je me souvienne sa présence était synonyme de tensions, pour le moins...
Elle avait surement des excuses... Son caractère a été façonné à n'en pas douter par son milieu, catholique pratiquant, peu ouvert, par les deuils et la maladie qui ont touché sa famille, deux frères décédés avant l'âge adulte, des parents à soigner... Mais elle avait la même famille que sa sœur et cela n'a pas donné le même résultat. Elle a aussi perdu 3 bébés, des jumeaux et une petite fille nés prématurés. A l'époque la mortalité infantile était commune... Et elle ne voulait pas "lever le pied", prendre le temps, elle s'adonnait à sa passion: la toilette des morts! C'était son truc, son univers. La période de la Toussaint était bénie pour elle: elle avait tant de morts à visiter... C'était son "devoir", faire le tour des cimetières, et elle n'imaginait même pas que l'on ne puisse pas partager ce goût.
Et puis nous étions pour elle une constante source de déception, nous, les membres de sa famille proche... Elle avait réussi à faire plier Gaston qui avait renoncé à la peinture et au violon pour plus "rentable" comme bécher le jardin, couper du bois, vider la cuve des toilettes... Mais pas Albert, son fils unique qui lui avait échappé en allant à l'internat, qui avait jeté aux orties ses ambitions de mère de curé en reprenant ses études, en quittant le petit séminaire où elle l'avait poussé et suprême outrage en épousant maman. Une fille sur laquelle elle avait fait faire une enquête... Qui ne lui plaisait pas et elle ne se gênait pour le faire savoir. Une belle fille qui plus est refusait de plier!!! Répondait, prenait des libertés, poussait son fils à emprunter à des "étrangers" (le frère de maman avait avancé de quoi acheter une voiture)!!! Chaque réunion de famille se terminait en pugilat et de guerre lasse mes parents sont partis, ont quitté le Nord. Cela limitait les affrontements à deux à trois par an. Deux à trois par an mais mémorables!!! Plus d'une fois il a fallu la calmer avec l'aide du médecin... Et puis il y avait ses petits enfants... D'abord 4 filles, maman ne semblait pas savoir faire de garçons... Puis mon frère est arrivé, ravissant Gaston, le nom était transmis!!! Mais grand maman en a été vexée: c'est Thomas qui a le plus essuyé les plâtres de ses déceptions... Quand nous parlions de nos résultats elle nous coupait la parole pour nous parler de ses neveux, elle ne supportait pas de nous voir lire, une perte de temps, ne nous appréciait que quand nous étions sages à l'église, dévouées à Lourdes. Pour la ménager pas un mot sur ma vie commune avec Gilles et nous avons même organisé des fiançailles... Bien nous en a pris: cette annonce a été pour elle l'occasion de me traiter de salope!!! Et cette réflexion au moment des félicitations après notre mariage (à l'église pourtant!):
"Moi je vais aller au paradis!
-???
-Parce que, moi, je me suis mariée vierge!"
On en rit maintenant... Mais d'autres réflexions me sont toujours restées coincées dans la gorge comme celle qui "justifiait" le cancer débutant de Bénou, ma petite sœur, par le fait quelle était divorcée...
Grand-maman aurait peut-être à notre époque reçu une aide psychologique... Si elle avait admis qu'elle avait un problème...
En tout cas Gilles, qui a vécu quelques moments inoubliables avec grand-maman, pense à elle quand je dis qu'on nous a jeté un sort...
Et puis nous étions pour elle une constante source de déception, nous, les membres de sa famille proche... Elle avait réussi à faire plier Gaston qui avait renoncé à la peinture et au violon pour plus "rentable" comme bécher le jardin, couper du bois, vider la cuve des toilettes... Mais pas Albert, son fils unique qui lui avait échappé en allant à l'internat, qui avait jeté aux orties ses ambitions de mère de curé en reprenant ses études, en quittant le petit séminaire où elle l'avait poussé et suprême outrage en épousant maman. Une fille sur laquelle elle avait fait faire une enquête... Qui ne lui plaisait pas et elle ne se gênait pour le faire savoir. Une belle fille qui plus est refusait de plier!!! Répondait, prenait des libertés, poussait son fils à emprunter à des "étrangers" (le frère de maman avait avancé de quoi acheter une voiture)!!! Chaque réunion de famille se terminait en pugilat et de guerre lasse mes parents sont partis, ont quitté le Nord. Cela limitait les affrontements à deux à trois par an. Deux à trois par an mais mémorables!!! Plus d'une fois il a fallu la calmer avec l'aide du médecin... Et puis il y avait ses petits enfants... D'abord 4 filles, maman ne semblait pas savoir faire de garçons... Puis mon frère est arrivé, ravissant Gaston, le nom était transmis!!! Mais grand maman en a été vexée: c'est Thomas qui a le plus essuyé les plâtres de ses déceptions... Quand nous parlions de nos résultats elle nous coupait la parole pour nous parler de ses neveux, elle ne supportait pas de nous voir lire, une perte de temps, ne nous appréciait que quand nous étions sages à l'église, dévouées à Lourdes. Pour la ménager pas un mot sur ma vie commune avec Gilles et nous avons même organisé des fiançailles... Bien nous en a pris: cette annonce a été pour elle l'occasion de me traiter de salope!!! Et cette réflexion au moment des félicitations après notre mariage (à l'église pourtant!):
"Moi je vais aller au paradis!
-???
-Parce que, moi, je me suis mariée vierge!"
On en rit maintenant... Mais d'autres réflexions me sont toujours restées coincées dans la gorge comme celle qui "justifiait" le cancer débutant de Bénou, ma petite sœur, par le fait quelle était divorcée...
Grand-maman aurait peut-être à notre époque reçu une aide psychologique... Si elle avait admis qu'elle avait un problème...
En tout cas Gilles, qui a vécu quelques moments inoubliables avec grand-maman, pense à elle quand je dis qu'on nous a jeté un sort...
Oui, ben tu sais les sorts ça se défait. Ma grand-mère disait "quand tu sens que ta vie tourne à l'envers, fais faire pareille à ta culotte". Va savoir pourquoi, mais depuis, ma vie va bien mieux ! :-)
RépondreSupprimerMarie-Thérèse, tu sais quoi, fiche leur la paix aux Allets, sinon t'as pas fini voir les coutures des sous-vêtements !
Je ne connaissais pas le coup de la culotte!
SupprimerHo !!!! 100 fois pire que Tatie Danièle !
RépondreSupprimerElle en aura fait du mal sous couvert de la religion !
Des actes et des propos difficiles à comprendre et à vivre pour les proches.
S'il existe comme elle le pensait... est-elle au paradis maintenant ? Surement pas en qualité de dévote mais plutôt en qualité de malade mentale comme tu le conclues fort justement !
Je te rassure, pour la porte ce matin, c'était bien le vent et pas Marie-Thérèse ! Chez nous aussi, il soufflait aussi très très fort ! Alors, pour mettre toutes les chances de votre côté pour une bonne nuit, calez bien la porte ce soir car je crois qu'il va encore souffler cette nuit.
Quand j'ai vu "Tatie Danièle" j'ai tout de suite pensé à elle... Pour ce qui est du paradis elle s'est, c'est sur, fermé ceux qui existent un petit peu chaque jour, ici sur terre!
SupprimerNous avons bloqué la porte... Le vent ne peut plus l'attraper!
Quel personnage terrible, cette grand-mère !
RépondreSupprimerLa vie avec elle ne devait pas être tous les jours facile.
Pauvre Gaston...
Je n'ai connu aucune de mes grands-mères, et je l'ai souvent regretté. Mais qui sait, j'ai peut-être échappé à ça ? On m'a souvent dit que ma grand-mère paternelle n'avait pas un caractère facile...
Elle aimait beaucoup appeler les gens par un autre prénom que le leur, cela faisait rager ma mère d'être nommée "Léontine" ou "Jacqueline" voire "Régis" alors qu'elle s'appelle Colette. Mais ce petit jeu mettait Gilles en joie, c'était sa petite victoire quand au téléphone elle lui disait "Gustave?" et qu'il répondait "Mais non c'est Jérôme, ou Jean-Pierre, ou Maxime". Cela la remettait tout de suite dans l'axe! Mon autre grand mère était un perle...
SupprimerHaha, bien vu Gilles !!
SupprimerC'est sans doute ce qu'il y avait de mieux à faire, la prendre à son propre jeu !
Il a eu bien de la patience... Sa mamie à lui avait déraillé mais était toujours contente de nous voir!
SupprimerHou ben dis donc, c'est ce qu'on appelle une femme acariâtre, ça, gentille jusqu'au jour de votre mariage ! Laissez-là voir votre bonheur au quotidien et ce que vous avez fait de la Hirlière, ça l'adoucira peut être :-)
RépondreSupprimerRien de ce qui rendait heureux les siens ne la satisfaisait mais ce n'est pas ça qui nous empêchera de profiter des bons moments de la vie! Au contraire!
SupprimerAh, c'est pour ça que parfois, mes patients ont la culotte à l'envers! Merci Lapunaise! :-D
RépondreSupprimerAnne: les comme ça, il faudrait les encadrer (et ne surtout pas les voir en vrai).
Oh? Tu vois des culottes à l'envers?
SupprimerTu as raison mieux vaut en peinture qu'en réel! Mais même en peinture...
je l'ai connue, je l'avais en horreur, Bénou m'avait raconté tout ce que tu dis et pire encore!
Supprimerheureusement que tu as su prendre du recul, son emprise était tenace d'après ce que j'en ai compris. Un vrai cauchemard!
Oh! Barbara!!! Je pense à elle parfois... Et fais très attention de ne jamais juger les gens à ma mesure...
SupprimerIl y a des gens doués pour le bonheur. D'autre pour le malheur, semble-t-il aussi.
RépondreSupprimerCe qui est triste à imaginer c'est quel genre d'enfance a-t-elle eu pour se construire une telle vie d'acide et de méchancetés. Moi je suis persuadée que ce genre de caractère mauvais ne se construit que sur un bon terreau d'humiliations, de manque de respect, voire de brimades. Ce qui n'est pas pour la plaindre ou l'excuser (j'en ai aussi des comme ça dans ma famille, une tante, heureusement éloignée géographiquement, ce qui limite la portée des dégâts, et pourtant, elle a été très "efficace" il y a quelques années).
Je me sens beaucoup mieux depuis que j'ai décidé de m'éloigner volontairement de ce genre de personnes négatives. Ne pas écouter, ne pas en parler, ne pas y penser: ma vie est trop courte et trop remplie pour que je gaspille mon précieux temps à des choses négatives !
Ma grand mère est une page tournée... Mais un souvenir "fondateur" aussi. Comme toi je ne gaspille pas mon temps à des choses négatives.
SupprimerTu as bien raison, il faut s'éloigner de ces gens là, ta grand-mère Marie Thérèse ressemble beuacoup à ma mère, et malheureusement les psychologues en tout genre n'ont pas d'effet sur elle !! Alors c'est sans doute plus difficile quand c'est sa propre mère qui agit ainsi (cet été, elle a été très "efficace" lors de notre mariage par exemple) mais heureusement j'ai ma grand-mère, ma belle-mère... Et ma famille c'est celle que je crée ! Bises, Aline
RépondreSupprimerJe suis si désolée pour toi... C'est surement mon père qui a le plus souffert du poids de sa mère... Protège toi... Éloigne toi...
SupprimerBienvenue au club, ma grand-mère n'était pas une tendre non plus!Je crois que je ferai un billet sur elle un de ces jour), malgré tout elle avait l'esprit plus ouvert que la tienne, et en tout cas si elle faisait des pèlerinages ce n'était jamais pour les lieux sacrés, uniquement les paysages, les gens, l'art... Elle ne s'autorisait plus à entrer dans une église, elle ne s'en jugeait pas digne... (et pour cause...). Je ne me souviens pas des scènes de ta grand-mère. Mais, je me souviens encore du jour où elle a réussi à te mettre dans une rage telle, que tu t'es enfuie dans le jardin arrachant au passage les feuilles de glycinne et donnant des coups de poings dans les murs... C'est la seule fois, (heureusement) où je t'ai vu hors de toi, je ne savais plus quoi faire pour te calmer... Sacrée grand-mère, digne des romans d'Horowitz !
RépondreSupprimerJe ne me souviens pas de cette rage là... Mais elle y arrivait très bien! Ce qui est maléfique c'est que son avis, ses réflexions arrivaient à faire mal même si l'on savait que cela avait en réalité aucune importance!
SupprimerOuh là, quel héritage ! Il faut des nerfs, de la patience, éviter la culpabilité, et surtout avoir beaucoup d'humour (il semble que vous n'en manquez pas !) pour ne pas se laisser bouffer par ce genre de personnage... mais que d'énergie perdue !
RépondreSupprimerA notre petit niveau, on se bat aussi parfois contre cette acidité, cette faculté à voir la vie par le mauvais bout de la lorgnette qui m'épuise parfois (oui oui, je parle bien de mes BP). Distance et humour, pas de salut sans. ;-)
Tu as tout dit!!! Distance et humour! Voir le monde par le petit bout de la lorgnette quelle tristesse... Je crois que malheureusement il y en a dans toutes les familles.
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