mercredi 4 janvier 2012

Dictionnaire du quotidien, saison 2.

Aujourd'hui le:

M'enfin!!! Monter, descendre, monter, descendre, qu'est donc que cette lettre mystérieuse qui est tout en pointes en majuscule et tout en ponts arrondis en minuscule? Ce M est l'initiale de misère, de mauvais, de méchant, de maladie et de minus mais aussi, et surtout, celle de maman, de magie, de mélodie, de mouvement, de maison, de merci...
Ma petite élève, hier matin, était perturbée: "Ce soir je ne vais pas chez ma nounou! Ma nounou, elle a perdu son papa..." et plus tard dans la journée elle y revient: "C'est pas grave, hein, si elle ne le retrouve pas, son papa?" Malheureusement, petite, si, c'est grave... C'est grave parce que c'est définitif. Et souvent injuste. La mort est le pendant de la vie, le retour de balancier, le tour de rôle. Mais elle ne respecte pas toujours le deal, faire partir les plus âgés, ceux qui ont vécu, ceux qui ont profité pour laisser la place aux autres! Non, la mort frappe sans faire de compte, sans discernement et l'on entend: "Ce sont les meilleurs qui partent les premiers.." (ce qui n'est pas juste pour les centenaires qui ont vécu leur vie sans faire de mal.)... Nous vivons souvent comme si la mort n'existait pas, comme si nous avions l'éternité devant nous et peut être faut-il un peu de cette inconscience pour se projeter dans l'avenir, faire des projets, s'attacher à un compagnon, faire des enfants, envisager un futur meilleur. Parce que la mort n'est dissociable de la douleur... De l'absence... Pour moi, pendant longtemps, la mort ne s'est montrée que de loin. L'enterrement d'une petite emportée par une leucémie quand j'étais enfant et la surprenante constatation que ses parents y survivaient... Puis j'ai rencontré Gilles qui s'est construit avec la trace, l’empreinte du décès de son père comme une structure en creux qui fait douloureusement partie de lui. Avec le temps j'ai perdu mes grands parents, j'en ai éprouvé de la peine mais c'était dans l'ordre des choses... La violence et l'injustice épouvantable de la mort nous est tombée dessus un dimanche soir sur ce bord de route quand l'urgentiste a énoncé l'inéluctable à une mère, ce que nous redoutions, refusions d'envisager, la mort de son fils, Aurélien... Et celle d'une jeune femme, Léa, si rapidement passée dans nos vies... Et le poids du malheur sur de si jeunes épaules... C'est un tsunami qui a bouleversé la famille qui, heureusement, a serré les rangs. Comme nous avons serré les rangs autour de ma sœur, Bénou qui a luté si fort, qui a tant subit pour mettre en échec le cancer qu'on y a cru un temps. Mais croire ne suffit pas. Et l'injustice, ces petites sans mère désormais, révolte. Qu'est que ce loto maudis? Et maudis soit ce cancer qui a emporté aussi, Albert, mon père un an plus tard... Je ne sais, nul ne le sait, s'il y a un après mais en gardant dans mon cœur, perchés sur mon épaule, ceux que j'ai perdu je me dis qu'il ne faut pas perdre de temps pour profiter de ceux qui sont là, que rien de matériel ne peut, ne doit gâcher le temps qui nous est imparti...

J'en suis cernée!!! A la maison comme au boulot!!! Il faut croire que j'aime ça!!! Ils sont généralement bruyants, fatigants, exigeants... A cause d'eux on dort mal, on se tracasse, on se questionne, on cherche... Et en plus quand ils grandissent nous vieillissons! Encore que, curieusement, à leur contact, nous restons jeunes... dans notre tête... Bon, je suis cernée, à la maison comme au boulot mais j'aime ça, les marmots!

9 commentaires:

  1. Un bien joli billet où tout est dit. De la douleur devant la mort au message : "ne pas perdre de temps pour profiter de ceux qui sont là !"

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  2. Difficile de commenter un billet si dense. devant la mort, souvent, les mots manquent. Mais qu'ils manquent dans l'affection, ça c'est tellement dommage!
    Un grand cri d'amour pour 2012, alors: une mamie me disait que 2012, ça rime presque avec "douce", j'ai trouvé ça très joli!

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  3. M comme mioche, moi j'en ai 2 ;o)
    M comme mansarde, je rêvais d'une chambre mansardée quand j'étais petite (je rêvais aussi d'un escalier pour monter dans ma chambre, mais ça je lai !!!)
    M comme Montgazon, le nom de mon école primaire, que de bons souvenirs :o)
    Anne86

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  4. La Mort... un sujet pas toujours facile à aborder, chargé de beaucoup d'émotions et de douleurs...
    Alors, profitons de la vie et savourons tous les bons moments qu'elle nous offre !

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  5. Joli billet empli d'émotion... La mort, la vie...

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  6. Et Dieu dans tout ça ? Que celui qui crois tache de convaincre Louise et Jeanne.

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  7. Tanette:...profiter et se souvenir...
    Zozostéo: oui, souvent les mots manquent, la douleur est difficile à exprimer, la compassion aussi...
    Val: oui, profitons!
    Dany: Merci...
    Réré: Oui, Réré, et Dieu dans tout ça? Il semble avoir aidé, aider encore Sylvie depuis la mort de son fils. Pour ce qui est de convaincre Louise et Jeanne je ne peux t'aider (que leur dis tu à ce propos?), je n'ai pas/plus comme semblait l'avoir Albert de certitude, de foi...

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  8. Je vis avec la mort depuis que je l'ai côtoyée un soir de janvier 83 et elle ne me quitte plus. Nous sommes ensemble, je sais le temps si fugitif. Je ne peux dire qu'elle ne me fait pas peur, mais elle me permet justement de reprendre vite pied dans ma vie lorsque le moral bêtement plonge sans raison. Profiter du moindre instant est ma devise.

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  9. Valérie de Haute Savoie: J'avais bien cru comprendre... L'approcher change beaucoup de choses!

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