mardi 2 septembre 2025

Abandon.

Je ne sais comment démarrer...

Ce chagrin est aussi le mien.
Car je sais comment dysfonctionne cette machine à broyer qu'est l'éducation nationale (comme ce fût le cas pour la Poste, France Télécom, comme c'est le cas pour l'hôpital).
Ce sont ceux qui servent qui meurent d'avoir été abandonnés, dénigrés, harcelés.
Je sais comment dysfonctionne cette machine à broyer qu'est l'éducation nationale parce que, par moments, au cours de ma carrière, je suis passée à deux doigts d'y être écrasée (demande de soutien ignorés, mails et appels tombant dans le vide intersidéral d'une hiérarchie inique, qui se protège, manque de moyens (ceux affichés n'étant que de la poudre aux yeux, outils (je cherche le mot...)...de merde...). 
Un fonctionnaire doit fonctionner sans à-coup, sans sursaut, en supportant le poids du silence, de l'indifférence, face aux attaques arrivant de tous cotés: la société (Prof bashing), les parents, consommateurs d'école, uniquement intéressés par leur enfant, leur vision de l'école, l'inspecteur, le ministère qui gèrent des pions (infantilisés à outrance), des chiffres, des données.
L'enseignant, le directeur d'école, sont en première ligne, mais la dernière roue du carrosse.
Ils gèrent, au quotidien, la réalité de notre société (qui est très moche, souvent, sous la surface).
Je me rappelle de ce jeune collègue suicidé entre la pré rentrée et la rentrée. 
Ici je vous ai parlé de Christine, cela a fait des ronds dans l'eau du ministère. Qui en a profité pour faire passer des réformes qui ont alourdi, déshumanisé encore plus la fonction de directeur d'école.
Il y a deux ans c'est Aymerick qui avait jeté l'éponge.
Caroline est, c'est terrible, un prénom de plus dans la liste d'épouvante...
Je vois et j'entends mes collègues qui pleurent. Je pleure avec eux.
L'école, qui éduque et forme les citoyens, est jetée en pâture, sans bouclier et sans arme, sans estime ni respect, face aux barbares, nombreux, qui... Qui quoi? Pourquoi?
Pourquoi?

Et, vous savez quoi?
Là haut ils diront qu'elle était fragile, qu'elle avait, c'est certain, des problèmes personnels... 

8 commentaires:

  1. Je ne peux qu’ajouter mes larmes à tes larmes et aux larmes de ceux qui se désolent tellement de cette déliquescence de l’Education nationale. Apprendre la bienveillance aux enfants, c’est ce qu’on demande aux enseignants mais ils ne bénéficient d’aucune bienveillance de la part de la « machine »

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  2. Ben oui, bien sûr, elle était fragile et avait des problèmes personnels. Ce que tu racontes, c'est partout que ça se passe, et c'est tellement tentant (et facile) de ne rien vouloir voir. "L'homme est un loup pour l'homme", ça date... Je voulais juste dire que ce n'est pas qu'aujourd'hui que cela existe, ça existe depuis longtemps. Et ce siècle, que beaucoup nomment "le siècle de la communication", laissez moi rire! Jamais vu aussi peu de communication. Jamais vu tant de gens incompétents (mais qui ont le verbe haut, comme on dit) nommés à des postes dont ils ne savent pas assurer la gestion. Je ne sais pas où on va, mais je préfère avoir 68 ans que 28 ans. Bref: de tout cœur avec toi, Anne, et tu as fait ta part.
    Lulu

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  3. Contrairement à ce qu'ils affirment tous ces petits cadrillons de surface, qui n'ont qu'à ouvrir un parapluie pour ne pas voir les remous qu'ils contribuent à entretenir, les problemes persos sont aussi souvent une conséquence des problèmes au boulot. Je partage votre émotion, souscris à votre réflexion et approuve vos combats.

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  4. Dans ma commune, l'automne dernier, nous avons connu un drame qui d'ailleurs a fait la une des journaux télévisés. Une institutrice a craqué et a commis l'irréparable pour elle et ses enfants !! Elle n'a pas réussi à remonter la pente.

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  5. C'est affreux... Il y a de tels fossés entre une acceptation de la société qui paraît parfaitement globalisée, et des homophobes ultras qui peuvent pousser les gens au pire :''(

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  6. Je suis vraiment triste pour cette jeune femme et tous ces gens qui se battent tous les jours contre des moulins à vent. Quelle tristesse aussi pour les enfants, qu'on ne leur apprenne pas la beauté et la joie de la différence!

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  7. A vomir, jusqu'ou va t on aller comme ca....
    virginie

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  8. Racisme, homophobie, persécution et globalement connerie humaine c'est à vomir.

    Bleck

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