jeudi 2 novembre 2017

Contre vents et marées. Le voyage continue.

Suite...
Première nuit en mer... 
Première nuit en immersion dans une humanité flottante, concentrée dans cette coque d'acier palpitante. 
Et contre toute attente j'ai dormi comme un bébé.
Comme dans une bulle...
Je me suis laissée porter. Je me suis laissée flotter.
Jusqu'au matin.
Ce sont les mouvements de mes voisins de cabine, de mes co croisiéristes qui m'ont éveillée. Alors que d'habitude je suis éveillée à l'aube...
Alors que je ne rate que rarement l'aube.
Cela m'a troublée. Un peu. Et mon trouble, quand je l'ai exprimé auprès de Lola au petit déjeuner (buffet de viennoiseries, café, thé, chocolat, etc, etc. A en donner la nausée.) l'a fait sourire.
Je lui ai demandé si elle m'avait embarquée pour ça: la faire sourire.
Elle m'a répondu que c'était un bon début...
Début de quoi?
"Le début de l'aventure" m'a répondu timidement Gisèle. 
"Le début du roman" a suggéré Lucien. 
"Le début de la croisière" a assené Monique pragmatique. 
"Le début de la fin?" A interrogé, les yeux tout pétillants, Lola.  
"De la fin?" me suis je exclamée décontenancée.
"La vie est une spirale qui s'enroule sur elle même" m'a répondu Lola. 
"Et il est clair que j'en suis bien plus prés de la fin que du début. Pour toi c'est la fin d'une période, le début d'une autre. Ce sera surement un passage, une étape. Son importance ne se révèlera qu'à la fin."
Sourire.
"Dans ma vie il y a eu des hauts, des bas, des marées. Des moments futiles, des crises infranchissables. Que j'ai franchies. Maintenant je sais. Quand je les ai vécus ces moments étaient justes du quotidien. Je n'avais même sans doute pas conscience que c'était ça le bonheur..."
J'ai bu mon café. Songeuse.
"Vis! Ne réfléchis pas trop! Profite!"
Et Lola a passé son bras sous le mien et nous sommes allées tranquillement, au rythme de sa canne, jusqu'au pont qu'elle a qualifié "des vieux", où elle a trouvé un transat à l'abri du vent et du soleil direct.
"Je vais me reposer un peu. Si tu veux tu viens me rechercher dans deux heures."
Et quand je lui ai demandé si elle n'avait besoin de rien elle m'a répondu qu'elle était bien. Que le temps où elle avait besoin d'un livre, d'un magasine, était passé. Elle appréciait de ne rien faire. De juste observer, écouter ses semblables". 
Elle m'a semblé si détachée... 
"File! Vas voir s'il y a des gens..."
Des gens?
Oh, oui, il y a!
Des centaines.
Et Lucien qui ronchonne: "Ces bonnes femmes! Voilà qu'elles se chamaillent déjà!"
Je le rabroue un peu "Pourquoi, ces bonnes femmes? Vous ne vous chamaillez pas, vous avec vos copains?"
Il me regarde surpris.
"Il y a longtemps que je n'ai plus de copains. Je n'avais pas le temps pour les copains... Et les copains n'avaient plus le temps pour moi. Ils se sont mariés, ils ont eu des enfants. Puis des petits enfants.'
"Et pas toi, Lucien?" ai je osé demandé, un peu intimidée.
"Non pas moi. Les filles qui me faisait rêver étaient déjà prises quand j'ai relevé la tête de mon travail. Alors j'ai laissé tombé. J'ai repris mes livres, j'ai continué à me former..."
Il m'a montré son bouquin et est parti se trouver un fauteuil tranquille pour continuer sa lecture.
Bon. Les "bonnes femmes" alors...
Qui se chamaillaient, en effet!
Monique outrée que Gisèle n'ai pas fait plus d'efforts pour "s'équiper". 
"Elle n'a même pas de maillot de bain! Comment veut elle aller à la piscine sans maillot? Et elle est attifée comme vieille fille!"
"Mais je suis une vieille fille!" proteste Gisèle!
"Et je ne vais pas imposer ma présence aux gens à la piscine!"
Monique fulmine: "Je ne vais tout de même pas aller à la piscine toute seule!"
"Mesdames, mesdames!!! Nous allons prendre les choses dans l'ordre! Avant d'aller à la piscine nous allons faire les boutiques! Et Monique, comme vous avez plus l'habitude, vous aller coacher Gisèle. Sans la bousculer, hein? Sinon, c'est piscine toute seule..."
Monique maugrée, mais elle attrape son sac et ouvre la marche à une Monique troublée. Troublée mais ravie!
Ok...
Mes protégés se débrouillent sans moi.
Je n'ai plus qu'à me débrouiller de moi...

2 commentaires:

  1. Ah ! Ah ! Pas toujours évidente la cohabitation ! Vivement la suite ! ;)

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