Ma grand mère, confite dans son éducation judéo chrétienne, rassie autour de principes, pour elle inaltérables et universels (elle avait raison, connaissait la vérité, se devait de les faire appliquer par ses proches), considérait que pour gagner le paradis, dans l'au delà, il fallait en baver au long de l’existence sur terre. Prendre du plaisir, même le plus simple, était une faute qui compromettait ce passage au paradis. Peindre ou faire du violon, pour mon grand-père et boite de peinture et instrument de musique ont échoués au grenier. Se marier pour mon père, qu'elle rêvait curé au service de dieu (et au sien?) et la belle fille est restée l'intruse, l'incapable, la vilaine empêcheuse de tourner en rond. Pour moi, lire, quelle perte de temps!!! Me marier sans avoir gardé ma virginité... Si, si...
Et pour chaque erreur de parcours il y avait aussi la punition divine. Comme pour ma sœur pour qui le cancer était la conséquence de son divorce! Quelle inconséquence! Son mari était une enflure? Bien, bien! Il fallait "profiter" de ce mariage pour gagner des points! Les liens du mariage sont indéfectibles.
Elle revient parfois dans mes cauchemars pour juger, sévèrement, mes choix, mes décisions, mes faiblesses. Mais si elle a eu de l'influence sur ma vie c'est de façon réactive. De façon allergique.
Son "au delà"... Est bien trop hypothétique, trop lointain, trop coûteux en bonheur, trop asservi au clergé, aux nantis qu'ils servent. Faire le bien à sa manière, donner un morceau de pain (pas des sous il les aurait bu) à un clochard qui lui dirait humblement "merci", est bien trop condescendant, dédaigneux et n'améliore en rien le monde. Non.
Et pour chaque erreur de parcours il y avait aussi la punition divine. Comme pour ma sœur pour qui le cancer était la conséquence de son divorce! Quelle inconséquence! Son mari était une enflure? Bien, bien! Il fallait "profiter" de ce mariage pour gagner des points! Les liens du mariage sont indéfectibles.
Elle revient parfois dans mes cauchemars pour juger, sévèrement, mes choix, mes décisions, mes faiblesses. Mais si elle a eu de l'influence sur ma vie c'est de façon réactive. De façon allergique.
Son "au delà"... Est bien trop hypothétique, trop lointain, trop coûteux en bonheur, trop asservi au clergé, aux nantis qu'ils servent. Faire le bien à sa manière, donner un morceau de pain (pas des sous il les aurait bu) à un clochard qui lui dirait humblement "merci", est bien trop condescendant, dédaigneux et n'améliore en rien le monde. Non.
Mon "paradis", mon utopie, c'est mon quotidien.
Mon défi c'est d'y offrir un environnement harmonieux, un espace valorisant, motivant, créatif.
Alors c'est vrai la maison n'est pas tirée au cordeau, je ne m'oblige pas à la briquer, à la faire ressembler à un pavillon témoin (quelle horreur!). Je ne me sens pas coupable de n'être pas une bonne ménagère.
Alors c'est vrai le jardin est, par endroit, en friche, j'm'en fiche, je lis.
Alors c'est vrai avec Gilles nous tentons d'encadrer nos enfants tout en les écoutant. Nous tentons de les guider tout en valorisant leurs choix. Nous tentons de les soutenir où qu'ils aillent, quoiqu'ils fassent, quoi qu'ils deviennent. Même si je serais plus que désolée si l'un d'entre eux choisissait de devenir curé!
Mon paradis serai qu'ils soient heureux.
Et le défi est que je ne sais rien... Que la vie bouge. Que rien n'est jamais acquis, figé, dans le positif, dans le négatif. Que l'on peut tomber. Que l'on peut rebondir.
Ces derniers temps sont... Agités. Victor peine dans son apprentissage. Sans doute que cela était trop tôt pour le monde du travail....
Arthur, le moral en dent de scie, navigue à vue entre une formation au rabais, une colocataire qui n'est pas devenue une petite amie, un stage très décevant, un logement a retrouver...
Heureusement, Clovis qui a réussi a terminer sans faire de vagues sa 5éme, a même réussi à se lever seul, à ne pas rater le car, à ne pas perdre sa carte de car/cantine/de sortie tout au long du mois de juin, passe en 4éme, est en vacances...
Suzanne qui n'a pas pu aller à Paris avec l'école, classe transplantée annulée, est quand même partie avec sa classe de manière moins "exotique" en Loir et Cher, au Festival des jardins de Chaumont et au zoo de Beauval.
Gilles, lui, s’apprête à fêter dignement, après avoir résisté à l'envie de remplir le cagnotte de départ de poivre, ou de boutons, le départ d'une des... Empêcheuse de travailler sereinement.
Et puis Simon va mieux. il raconte avec humour de son nouveau travail. Il est fier de l'avoir appris si vite. Se plait à faire du bon travail.
Mon utopie serai qu'ils soient heureux, détendus, souriants... Que je sois détendue, souriante, assurée que tout est bien... Mais je sais...
Je sais que je ne peux pas tout. Que je ne peux pas grand chose...
Que le paradis n'est pas une entité cohérente en temps, en espace... Le paradis c'est le sourire de l'un, l'histoire drôle de l'autre, un câlin, un morceau de musique, un texte, une photo, une peinture partagée... Le paradis c'est l'amour qui nous unis.
Et puis aussi... Le paradis c'est que submergée de travail depuis... des semaines...
Je suis bientôt en vacances.
J'aime bien ton utopie, j'aime bien ton paradis.
RépondreSupprimerEt c'est cool que pour certains de tes petits/grands ça aille mieux.
J'aime ton optimisme chevillé au corps! Oui, c'est bien que certains aillent mieux. Ce qui serait génial c'est que tous aillent mieux mais c'est une utopie...
SupprimerAhhhh tu viens me foutre des frissons ! Rien que ça madame!
RépondreSupprimerDes frissons? Mazette!
SupprimerSacré personnage la grand-mère !
RépondreSupprimerUne vraie teigne!
SupprimerEt bah voilà ! Tu as tout compris : le paradis, c'est l'Amour qui circule... et c'est énorme !!!
RépondreSupprimerBon courage.
:o)
C'est énorme, en effet! Merci.
SupprimerLe paradis, le bonheur, est là où on ne l'attend pas, là où on veut bien le voir, lui laisser une place... toi comme moi, comme toutes les mamans, on ne fera pas le bonheur de nos enfants, on ne pourra pas empêcher les tuiles... non, on peut juste leur apprendre à le voir, tu sais, là où on ne l'attend pas.... si on arrive à leur transmettre ça, moi je crois qu'on a gagné. C'est ça qui les portera le reste de leur vie, en tout cas moi ça me rassure de savoir qu'au delà de moi ils sauront le voir, le reconnaitre, en profiter. Et puis entre nous ta grand mère on l'enmerde. C'est pas beau ce que je dis là, mais on en a toute eu des comme ça dans notre entourage.... Au pire, elle avait raison et.... on s'y retrouvera dans les flammes de l'enfer. On boira un coup, on racontera des horreurs et on ricanera. Et puis voilà.
RépondreSupprimerElle avait tort! Même s'il n'y a rien après nous aurons goûté à un certain paradis en profitant de la vie et de ceux que l'on aime. Et puis voilà.
SupprimerComme je me reconnais dans cet écrit, même si je n'ai pas eu une grand-mère comme la tienne... La vie est pavée de roses mais avec des épines. L'important pour nos enfants je pense que l'important c'est le soutien et l'écoute qu'on leurs donne, l'acceptation de leurs erreurs et l'aide apportée pour qu'ils rebondissent... Les copains que l'ont retrouvera en enfer seront plus drôles que ceux qui auront gagné leur paradis, et comme le dit Virginie on va bien ricaner en enfer....
RépondreSupprimerGilles va pouvoir aller travailler avec une boule moins grosse au ventre. Biz à la famille.
C'est bien dit! Gilles va souffler... Alors le festival d'Avignon?
SupprimerRien n'est jamais acquis à l'homme ni sa force ni sa faiblesse... J 'ai vécu assez longtemps pour connaitre toute la valeur de ce proverbe... J'avais le mm objectif que toi pour mes enfants mais c'est compliqué la vie !! Les vacances approchent c'est la trêve des soucis...
RépondreSupprimerC'est rien n'est jamais acquis! Et l'on peut tout perdre ou tout gagner aussi, parfois...
SupprimerOui, les vacances arrivent et rien de si terrible est arrivé... Je suis juste fatiguée.
J'ai quelques années (et donc d'expérience) de moins que toi ... mais ce que tu écris rejoins beaucoup ce que je vis en ce moment. Cette éducation judéo-chrétienne, je l'ai vécue (peut être pas aussi violemment et agressive). Et depuis quelques années, je réalise la stupidité de se faire souffrir pour un "après" qui n'existe sans doute pas. Depuis, je refuse cette idée d'en baver pour gagner des points, de vivre avec, chevillée au corps, cette perspective de "l'après" qui sera forcément meilleur que le "maintenant". Non. L'après, il n'existe pas. Seul existe le moment présent, et le bien, le bon que nous vivons maintenant. Je ne veux plus vivre dans une promesse de gascon qui ne sert qu'à m'asservir.
RépondreSupprimerAlors, je savoure tous les plaisirs qui viennent à moi (encore mieux: je n'en n'ai plus honte). Et les vacances en font partie !
Faisons de notre mieux pour maintenant !
Prends soin de toi !
Merci je vais prendre soin de moi et d'eux. Ne pas se sentir coupable, savoir dire non, sans froisser, c'est la clef...
SupprimerJe lis ton article et mes yeux débordent, va falloir que je me bouge ce matin sinon ça va être les grandes eaux toute la journée.... Je comprends ce que tu écris, moi aussi j'aimerais que mon quotidien soit un paradis, mais c'est une utopie !
RépondreSupprimerRohhh, non! Ne pleure pas!!! Profite du bon quand il y en a. Prend soin de toi.
SupprimerQuel beau texte, Anne... malgré le temps qui manque (mais ça va s'arranger, juin se termine !), je passe sur la pointe des pieds et je sais toujours pourquoi je viens...
RépondreSupprimerJuin se termine en effet et bientôt j'aurais du temps et l'énergie d'écrire des trucs plus léger! Merci, j'apprécie que tu sois là!
SupprimerQuel bel article sur ton, votre bonheur....... j'aime ton utopie. Elle est tellement réelle. J'ai un vague souvenir de cette grand mère et j'espère qu'elle est en paix pour vous la foutre la paix !!!!!!
RépondreSupprimerIl parait qu'il y a un "personnage" comme grand-maman dans chaque famille...
SupprimerOuaip ... notre paradis n'est jamais gagné ... quel qu’il soit !!!
RépondreSupprimerCourage ... Un jour, on se sentira apaisées ...
Apaisées... Chouette!
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