mardi 13 novembre 2018

Voilà, voilà, voilà..

J'ai fait grève. 
Mes élèves étaient en classe, comme d'hab.
Parce que le lundi je suis au bureau et que ma collègue n'a pas fait grève. Parce que perdre une journée de salaire c'est compliqué pour beaucoup. Et puis...
Quand on fait grève en élémentaire personne n'est vraiment gêné, la mairie est tenue de mettre en place un service de garde (cela ne s'appelle pas comme ça mais c'est exactement ça). Alors faire grève n'est pas très efficace.
Donc j'ai fait grève mais le travail que je n'ai pas effectué hier s'est juste empilé sur le bureau.
Il reste à faire.
J'ai fait grève en me disant que j'allais apporter ma pierre, porter ma colère avec d'autres. Et que nombreux à être insatisfaits, en colère, nous serions nombreux à le montrer.
10% dit le gouvernement. 30% disent les syndicats. Comme je suis pragmatique j'aurais tendance à couper la poire en deux. Que diriez vous de 20%?
A Blois nous étions 500 à manifester devant la permanence des deux ministres issus de notre département.
Nos délégués, reçus par le préfet, sont ressortis avec le message: "la France est endettée, il faut faire des efforts".
Faire des efforts c'est travailler au rabais.
C'est maltraiter les plus faibles.
Des classes plus chargées, des enseignants de moins en moins formés, des dispositifs d'aide qui se dissolvent (RASED où es tu?), des outils imposés et le métier dévalorisé par ceux là même qui nous dirigent (ils prescrivent, nous exécutons, plus besoin de réfléchir, trop bêtes nous sommes, l'échec de l'école ne peut être que le notre, pas le leur, à nous donner les moyens de réussir). L'école à deux vitesses avance à grand pas. L'école, sélective, le collège idem. Pour n'envoyer au lycée général que ceux qui proviennent des classes les plus aisées, pour cantonner dans les lycée pro et l'apprentissage ceux qui serviront le capital en travaillant pour que d'autres s'enrichissent, pour survivre.
La France est endettée...
Alors on rabiote sur les fondations même de la société.
L'éducation (et la santé, nul ne l'ignore).
Pensez vous que cette société va encore pouvoir tenir debout longtemps sans fondations? En donnant toujours plus aux mêmes, là haut?
Je sais que je suis qu'une pauvre prof des écoles, pas une première de cordée, mais il me semble que quand une construction, un système, est déséquilibré il se casse la gueule...
Non?
Se mobiliser pour ça pourrait être une idée fédératrice. Un moteur.
Le système maltraite nos enfants, sape la société de demain (d'aujourd'hui aussi).
Se mobiliser.
Mais, je le vois, l'éducation nationale ne coûte pas aux "usagers" (pour l'instant), ce n'est pas visible comme quand on fait son plein. Alors sa détérioration ne fait pas de vague. Il n'y a pas de blocage en vue. Nous allons juste sombrer en silence.

8 commentaires:

  1. Sombrer en silence. Sans doute ne fera-t- on pas autant de bruit que pour les gilets jaunes, les bonnets rouges et autres déguisements costumés, autour de vous, de nous car si je ne suis plus en activité, je me considère encore active en tant que consommatrice et membre d'une même société et d'une même communauté d'intérêt, cependant, nous avons le devoir de dénoncer ces aberrations qu'on nous impose au nom d'un endettement qui n'est pas de notre fait. Je pense aussi que cela ne va pas autant durer que cela a déjà duré. Et ignorance des uns mépris du système ou bruit ou pas, quand tout s'effondrera, ce sera la même galère pour tous ceux qui aujourd'hui ont excuses ou bonnes mauvaises raisons de ne pas se mobiliser. Bien sûr que nos luttes ne les gênent pas ou trés peu, mais est ce pour gêner qu'on va manifester et qu'on fait grève ? Bien sûr que non !

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    1. Malgré ce post je ne renonce pas. Non! Je ne renonce pas!

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    2. Je sais, Anne, je sais , tu fais partie de la partie stable de l'édifice et ce n'est pas rien !

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    3. Ce n'est pas rien, en effet. Merci.

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  2. Glou glou glou, oui, on sombre . je ne fais pas grève parce que je n'ai pas la possibilité de perdre une journée de salaire, et puis surtout parce qu'en effet la mairie assure la garderie et les parents scolarisent leurs enfants quoi qu'il arrive soit à la garderie soit dans les autres classes alors à quoi bon ? Moi, ce que je veux c'est une grande manif un samedi pour qu'enfin on nous voit !

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  3. "des outils imposés et le métier dévalorisé par ceux là même qui nous dirigent (ils prescrivent, nous exécutons, plus besoin de réfléchir, trop bêtes nous sommes, l'échec de .... ne peut être que le notre, pas le leur, à nous donner les moyens de réussir" C'est exactement pareil là où je bosse. A partir du moment où l'on dépend des décisions gouvernementales on est foutus !

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