Suite de l'histoire démarrée
là:
M'enfin!!! Je ne serai jamais tranquille ici!
Un fois ma part de galette avalée, une fois la fève trouvée (et ne me dites pas que c'est le hasard!), la couronne, ridicule, sur la tête, je me suis dis que j'avais fait ma part. Ma part de vie familiale...
Ils me fatiguent, j'ai l'impression que jamais ils ne me lâchent. Et puis aussi qu'ils ne me voient pas. Pas comme je suis. Ils sont toujours à coté de la plaque, mes parents, mes frères, mamie.
A moins que ce soit moi qui le suis, à coté de la plaque.
Je ne sais pas quoi faire...
Quoi faire de moi.
Bon, j'ai essayé de filer mais ils m'ont retenu:
Mamie "On prévoit une sortie ma chérie?"
Maman: "T'as fais tes leçons?" (Elle ne pense qu'à ça!!! Elle ne me vois plus que par ce biais!)
Papa:... Rien. Papa ne dit rien. Est-il là? Ou pas? Papa est un taiseux dit-on. Papa pense t-il quelque chose?
Mes frères ont réussi à filer, l'un après l'autre.
Wilfrid, malin: "J'ai des révisions."
Gaétan, rusé, qui emporte les assiettes à la cuisine, les pose sur le lave vaisselle (et qui va devoir les mettre dedans?!) et file sans rien dire par la porte derrière.
J'ai du attendre l'arrivée de Charlotte, la copine de maman, pour pouvoir filer.
Deux bises et hop, je me suis glissée sous son bras pour sortir. Je n'ai même pas pris le temps de prendre un manteau et j'ai couru jusqu'à l'étable.
Là au moins il y fait chaud.
Les vaches allaitantes de papa y passent la nuit et il y a de la paille confortable...
Tellement confortable qu'elle est déjà occupée!
Je les entends dès que j'entre, les gloussements. Rires? Soupirs?
Ah, merde! Il y a une fille avec Gaétan. Je l'entends qui lui parle à voix basse, une voix câline.
Comment est-elle arrivée? La ferme est quand même à deux kilomètres du village. A vingt cinq de la ville la plus proche... Et puis qui c'est cette fille?
Je recule et ressors. Refuge occupé il me faut trouver une autre option...
La cabane dans l'arbre! Je vais me cailler sans manteau mais c'est mieux que d'être coincée au milieu des adultes.
Je fais le tour de la maison et aperçois le vélo couché dans l'herbe du talus à coté du potager. Ah... Comme ça! Faut-il qu'elle soit amoureuse... Je me demande qui elle est...
J'arrive au pied du chêne et...
Non!! Mais ils se sont donné le mot!
Je vois la fumée qui s'échappe des interstices entre les planches de la cabane. Et je sens l'odeur...
Révisions? Mon œil! Pétard oui...
Wilfried ne me laissera pas monter lui tenir compagnie. Il n'aime pas être pris en défaut. Lui... Il est mignon, il est sage, il fait des études, il est bon...
Bon... Si je vais dans ma chambre maman va exiger que je fasse mes leçons.
Il ne reste plus que l'option grenier.
Je me glisse doucement dans la cuisine par la porte de derrière quand je les entends raccompagner mamie à sa voiture. J'en profite pour attraper un morceau de saucisson. Je préfère ça à la galette.
La galette... Merde j'ai encore cette stupide couronne sur la tête! Je l'envoie bouler dans la poubelle. Recyclable ou pas? Le temps que j'y réfléchisse les voilà de retour. Ouf! Ils vont direct au salon sans repasser par ici.
J'attends une minute pour les laisser s'installer et je me glisse dans la couloir.
Oh! Papa y est. Debout, silencieux. Il regarde maman et Charlotte se faire... Un câlin?
-Papa?" Dis je doucement.
Il me serre doucement contre lui.
-Tout va bien ma chérie. Tout va bien."
Il sourit.
Oui, il semble aller bien. Il me fait une bise sur les cheveux et entre dans le salon.
Je me faufile dans l'escalier et me réfugie au grenier.
Sont-ils tous devenus fous ou est ce moi qui remarque seulement, parce que j'ai grandi, ces bizarreries?
Je me blottis, dans un nuage de poussière, sous le vieux couvre lit molletonné qui termine sa carrière plié sur une malle.
Une malle...
A vous...