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mercredi 14 août 2019

Projet, second été. 7.

C'est un projet commencé l'été dernier.
Que j'ai laissé maturer dans un coin, que je reprends et retravaille...
"Allez, santé!" Intervient Luis en remplissant les verres.
Chacun prend son verre, grignote une olive, un morceau de saucisson et la discussion redémarre en tout sens, d'un bout  l'autre de la table. On prend des nouvelles des uns et des autres, on discute du démarrage en fanfare, avec la TV, nationale en plus, de l'usine participative d'Andrée.
"Hein?" Demande Odette, qui va de surprise en surprise (Annabelle semble se demander si sa belle-mère n'a pas un peu abusé du Porto).
Là, Andrée ne se fait pas prier. Elle explique  qu'elle a monté une association qui a aménagé une friche industrielle en ateliers et boutiques participatives. Un lieu coopératif. Des artistes, des artisans, des petits commerçants se sont installés. Un bistro, un resto. Ça marche du tonnerre. Tous les bobos du coin en raffolent.
"C'est devenu un lieu à la mode tout en étant un lieu de vie pour le quartier. Continue Andrée. Et Luis est en train de prolonger le projet à l'extérieur, en aménageant, avec les habitants, un parc, des jardins partagés. La salle de spectacle est pleine tous les week-ends, musique, théâtre... Tous les talents du coin se sont mobilisés."
A l'autre bout de la table c'est le congé parental, voire plus, de Jérémie, qui occupe quelques uns. Sa vraie ambition qui fait jour: devenir père au foyer.
Annabelle, elle parle de son Damien qui a pris la direction d'une grosse école. Il va devoir lever le pied, un peu, sur son blog sur la parentalité... Lui, lever le pied? J'aime beaucoup Damien. Pour l'amour de sa belle il est sorti de sa zone de confort et a lutté. Il a lutté pour faire accepter sa femme. Pas facile... Damien qui n'aime rien plus que l'harmonie, l'éducation positive, le dialogue, se dresser face à sa mère. Mais pour sa belle, son héroïne, il s'est révélé un héros!
Si, si un héros. Peut importe qu'il n'ait pas le physique le l'emploi, petit et rond et légèrement hyperactif, il a agit en héros. Il a tenu bon contre sa mère.
Face à sa résistance il a tenté de nombreuses approches, la patience, les "risettes", la colère, l’indifférence, mais les choses ne se sont finalement "normalisées" que quand Damien a tapé du poing sur la table: il épouserait Annabelle et il ne lui demandait pas son avis! Qu'elle soit camionneur (en réalité logisticienne mais Odette n'avait vu que le camion) était une aussi grande fierté pour lui que si elle avait été toubib ou astronaute. Qu'elle soit désormais en fauteuil roulant n'entrait nullement en ligne de compte. Elle était la femme de sa vie et elle serait la mère de ses enfants.
Odette avait fait la tête pendant des jours. Elle avait fait la tête à leur mariage. Elle avait fait la tête à l'annonce de la première grossesse, mais avait fini par céder du terrain quand  leur aîné était né. Elle avait complètement baissé les armes quand elle avait perdu son mari. Désormais elle semblait oublier le fauteuil, les voyages et le camion pour prendre plaisir à voir grandir ses petits-enfants.
Les salades, les pizzas font leur apparition, chacun se sert et fait passer. 
L'émotion retombe alors c'est moi qui reprends:
"Je n'ai quasi pas de souvenirs de votre visite ce jour-là mais je me souviens du lendemain. Un dimanche? Mes parents sont venus me chercher et je me suis retrouvée à l'arrière de la voiture, comme quand j'étais enfant. Je ne savais pas où j'allais. Ils me l'avaient sans doute dit, je ne m'en souvenais pas. Je me suis étonnée que le monde n'ait pas changé depuis la mort de Laurent. Et nous sommes arrivés dans le parc où vous nous attendiez pour pique-niquer. Un peu comme aujourd'hui, on a parlé, vous avez parlé de ci, de ça. J'ai su que Thérèse m'avait chassée de la maison, qu'elle m'avait pris, Bravo, le chien. J'étais sonnée. C'est grâce à Bravo, à ce que vous avez fait, que j'ai su que je pouvais m'en remettre à vous.
- Qu'est-ce qu'ils ont fait pour Bravo? Demande Léa.
- Alors, là, ma cocotte, tu ne vas pas me croire! S'exclame Andrée. Nous l'avons enlevé!
-Hein!" Là c'est Léa et Odette qui s'exclament de concert.
Je vois dans les yeux de Louis qu'il n'en perd pas une miette.
"Quand nous avons appris pour le chien nous avons tout de suite su que nous devions agir." Relate Loïc.
Après les pizzas c'est la salade et le fromage qui arrivent. Il y aura, comme d'habitude, bien trop à manger.
"Nous avons demandé à Aimée l'adresse de ces affreux et ce qu'elle connaissait de leurs habitudes. Puis en laissant Aimée à ses parents, Mona, Alice et Annabelle, nous sommes partis.
- Avant même le dessert! Ajoute Pierrick.
- D'ailleurs on en a sacrifié un bout, du dessert." Dit Loïc, hilare.
Léa, Odette et Louis sont pendus aux lèvres des conteurs qui se régalent de ce souvenir.
"J'étais chargée d'occuper Thérèse et... Comment s’appelait-il déjà? Relate Andrée. Bref! J'ai sonné avec mon gâteau sous le bras et je me suis présentée comme la nouvelle voisine qui venait faire connaissance. Et patati, et patata... Ils n'étaient pas des plus accueillants mais ils ont fini par me faire entrer dans la cuisine. Pas facile de manger du gâteau sur le seuil.
- Tu avais interrompu leur sieste. Maugréais-je.
- Pendant que Thérèse me servait du café...
Je la coupe:
- Infect, son café!
- En effet!"
"Pendant le café, pendant qu'ils essayaient de savoir dans quelle maison j'avais aménagé, je jouais à l'idiote, les garçons ont enlevé le chien. Pierrick était au volant, prêt à démarrer, Damien faisait le guet, en parlant sur son portable, pendant que Loïc et Jérémie se faufilaient dans le jardin jusqu'au chenil. Un chenil! Pauvre bête!
- Maman! Souffle Léa mi-scandalisée, mi-admirative.
Luis, lui, ne cache pas son admiration: 
"Mon héroïne!
- Quand le chien a été à l'abri dans la voiture j'ai reçu un coup de fil de mon "déménageur" qui ne savait pas où se garer..."
Gloussement autour de la table. Louis applaudit.
"Nous avons eu un fou rire nerveux quand nous sommes sortis de la rue." Dit Loïc passant la boîte de glaces à la ronde.
"Et moi j'ai eu une grosse bouffée d'angoisse en me disant que nous n'avions peut-être pas enlevé le bon chien. Souffle Andrée.
Je ris:
- C'était bien Bravo! Et il n'a plus jamais dormi dans un chenil.
- Non, ce soir-là il a dormi chez tes parents et le lendemain il est monté dans ma voiture, avec toi, pour découvrir le Nord. Ajoute Andrée.
- Je ne me souviens pas tellement du trajet. Je crois que j'ai beaucoup dormi. Je t'entendais discuter avec Mona, cela me berçait....
- Et bien, justement, en parlant de dormir! C'est l'heure de la sieste." Dit Alice qui quitte la table avec Angie pour aller la coucher. Pour aller se coucher. Alice est une grande adepte de la sieste. Annabelle, Pierrick, avec Max et Julia, la suivent.
Ceux qui restent débarrassent la table et se ré installent autour d'un café.
La conversation se fait plus douce, plus intime.
Andrée reprend, presque pour elle-même:
"J'ai installé Aimée à la maison. comme ça, sans vraiment d'objectif. Juste lui offrir un endroit ou se retrouver. Sans contrainte."
Elle se tourne vers sa fille et ajoute:
"C'est ta sœur qui m'a inspiré la suite. Quand elle a su qu'Aimée était chez moi. Elle n'était pas contente, elle croyait que j'étais en train de reproduire la même erreur qu'avec Joséphine. Alors je lui ai dit que ce n'était pas du tout ça. Qu'Aimée était là pour m'aider à écrire la demande subvention pour notre projet de fresque sur la façade de la maison pour tous. Et, pendant que j'y étais, j'ai rajouté qu'elle écrirait une sorte de reportage sur le projet, créerait un blog avec un portrait de chaque participant.
- Quand j'ai entendu ta mère le dire à Lola je me suis dit que c'était une bonne idée. Quelque chose à faire, à mener à bien qui ne soit pas juste réapprendre à dormir ou à me lever le matin."
Je me souviens des efforts que cela m'avait demandé, surtout les premiers jours. Sortir de chez Andrée. Aller à la maison pour tous, à deux rues de là.
J'avais souvent... Envie de me rouler en boule sous la table plutôt que d'écouter ce qui se déroulait lors de la réunion de préparation, d'organisation, du projet d'Andrée.

4 commentaires:

  1. hmmm "A l'autre bout de la table c'est du congé parental, voire plus, de Jérémie, qui occupe quelques uns"
    pas plutôt : "c'est LE congé parental [...] qui occupe ..." ?

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    1. Merci! Je corrige. Voilà ce qui arrive quand on remanie les textes.

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  2. Bonne nuit Anne à bientôt pour la suite !

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    1. Bonne journée (à l'heure où tu as commenté je venais de me coucher).

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