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mardi 16 janvier 2024

Glaçant.

Le temps.

Mais aussi:
Deux directeurs d'écoles de Conches-en Ouche, dans l'Eure, ont été mis en examen pour non dénonciation de mauvais traitements sur mineur de moins de 15 ans et placés sous contrôle judiciaire. Les deux directeurs n'ont pas signalé les faits de maltraitance sur la petite Lisa (et son grand frère), qui a perdu la vie fin septembre 2023, battue par sa mère et son beau père au domicile familial. Les faits ont provoqué une vive émotion et quelques jours plus tard une marche blanche était organisée. Les deux directeurs encourent chacun une peine de cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende.
Glaçant qu'une enfant de trois ans ait été tuée par ses parents. Que son frère ait été maltraité.
Vie brisées.
Terrible.
La marche blanche ne ramènera pas l'enfant à la vie, ne guérira pas son frère de ces traumatismes, mais, peut-être, avec un peu de chance, a permis à des gens de prendre conscience de cette réalité que l'on ne peut nier: des parents sont capables du pire sur leurs enfants.
Peut-être signaleront ils qu'il y a des cris chez les voisins, alerteront ils quelqu'un en voyant des signes inquiétants dans leur famille/chez des amis.
Peut-être.
Et, peut-être que les services sociaux débordés, en sous effectifs pourront-ils agir...
Peut-être que l'éducateur pourra t-il intervenir. Dans 6 mois à un an. Quand il en aura terminé avec d'autres familles.
Peut-être que les enfants seront placés. Ou pas, faute de familles d'accueil. Placés en foyers. Avec un turn over d'éducateurs révélateur... 
Ce n'est pas du misérabilisme, c'est un constat.
De ce que j'ai vu, vécu, de ce je vis encore...
Oui, l'école est en première ligne pour repérer les maltraitances.
Tout comme le médecin de famille (Ah, non, pardon! On ne dit plus médecin de famille, il s'agit maintenant d'un médecin de ville. Quand la famille a un médecin référent. Quand celui ci se rappelle de son patient d'une fois sur l'autre). 
Tout comme la puéricultrice qui rend visite à la famille après une naissance. Parfois. Quand c'est pas trop loin. Quand on lui ouvre.
Alors, oui, l'école est en première ligne.
Et en première ligne de la première ligne le directeur (le plus souvent la directrice) responsable de tout.
Dans le cas de la petite Lisa ce qui est reproché à la directrice de l'école maternelle c'est de n'avoir pas signalé son absence la semaine de la rentrée (une des semaines les plus denses de l'année). 
Pour ce qui est du collègue d'élémentaire? Nul ne le sait.
Si l'enfant avait eu des traces visibles, s'il avait parlé, un signalement, IP (Information Préoccupante), aurait été fait (formulaire "quivabein" à remplir et à adresser au service social de l'inspection académique, par la voie hiérarchique (comme si la hiérarchie s'en inquiétait. JAMAIS ma hiérarchie ne m'a rappelée après une IP (le service social oui. Pour obtenir des précisions)).
Et l'enseignant (la plupart du temps l'enseignante) aurait reçu les parents pour leur dire qu'elle avait alerté les autorités. Seul(e) face à leur colère, à leur détresse.
Seul(e), le soir, en rentrant, la nuit suivante (et les les autres, et parfois 10, 20 ans après) avec ça.
Nous avons bien un numéro de téléphone... A appeler si "ça ne va pas", un psy au téléphone. Ok.
Il faut appartenir à une bonne équipe pour se voir offrir un soutien. Une épaule, un câlin, un mouchoir tendu.
Une vraie écoute.
Plus de vingt ans après je me souviens de D, pour qui le médecin scolaire, venu constater les blessures, avait écrit sur le certificat médical: "ce pourrait être une brûlure de cigarette".
Elle est restée dans sa famille et n'a jamais rien dit aux adultes qui ont trahit sa confiance enfantine.
Son frère qui dénonçait les faits: "je n'aime pas quand papa s'assied sur le lit de D", qui subissait, lui aussi, des sévices ("Mais arrêtez d'accabler ces gens!!!"), s'est pendu un matin de rentrée, quand il a eu 14 ans. 
Comment oublier cette petite blonde, qui assise sous son porte manteau en attendant ses parents, qui dit brusquement: "Papa il m'a fait mal avec sa...".
Et celle qui, par défaut de soins, avait les oreilles qui suppuraient pendant de longues semaines (IP sans suite), cet autre qui, toute sa scolarité aura la tête couverte de poux grouillants.
Et A qui est arrivé à l'école avec l'empreinte de la main de son père sur le visage. Père qui hurlait que pour une fois qu'on avait à faire à des parents qui éduquaient leurs enfants...
Et ce petit traumatisé par la mèche rouge de l'ATSEM (sa fille était en CAP coiffure) parce que cela lui rappelait que papa avait éventé le chien devant lui...
Directeurs mis en examen...
L'enfant est morte et soyez bien certains de ces directeurs la porteront pour le reste de leur vie. Comme je porte tout ceux pour qui j'ai effectué un signalement. 
Et tous ceux qui n'ont rien dit, qui ont caché leurs plaies, tous ceux pour lesquels je n'ai pas vu, pas su...
#jesuismiseenexamen

8 commentaires:

  1. Commentaire reflétant tellement la réalité !

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  2. Glaçant..........c'est le bon mot...j'en ai des frissons...quelle tristesse!!!

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  3. Oui, j'en ai des frissons et ça me rappelle l'année dernière quand je me suis faite menacée par l'infirmière de PMi ! Je devais faire une IP parce ce qu'eux n'avaient plus accès à la famille car la surveillance avait pris fin, ils n'avaient rien constaté... J'ai fait l'IP et j'ai été convoquée en gendarmerie 5 ou 6 mois plus tard, il ne s'est rien passé ou presque dans cette famille, le gamin est toujours aussi mal soigné, autant mal aimé. Et puis cette autre en Gs on avait aussi fait une IP, il est maintenant en CE2, il ne va toujours pas bien, on parle toujours de placement, placement dans la famille, ça il a fallu qu'on m'explique ! j'ai sa soeur en PS , elle ne va pas bien non plus. Comment pourrait-elle aller bien ?
    Alors on trouve des responsables pour faire croire qu'il y a eu une défaillance, que si on avait su on aurait fait quelque chose... oui, mais même quand on sait, quand on dénonce, rien n'est fait, toutes les procédures sont bien trop longues, il y a bien trop peu de professionnels de la petite enfance, bien trop peu de prises en charge malheureusement. Et cette année on recommence, on pourrait je crois signaler au moins une dizaine de familles par an...
    Quelle tristesse !

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    1. Peut-être faudra t-il dénoncer en masse pour que la société réagisse?

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  4. quel terrible drame!
    pour cette enfant, et pour les pauvres boucs émissaires!
    😢

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