Pages

mercredi 13 mai 2020

Yoyo.

Yoyo émotionnel. 
Lundi nous nous sommes retrouvées, toutes les collègues et les Aide aux Élèves en Situation de Handicap. Pour certaines c'était la première "vraie" sortie depuis plus de 50 jours. Premiers pas stressants, nouvelles perspectives.
Mais aussi yoyo de boulot. Le nombre de taches diverses et variées, élaboration de plannings, de protocoles, de plans, de tableaux de répartition des taches, de communication, fléchages, marquages au sol, conception des "kit" de matériel pour chacun des élèves, de coup de fils et classe à distance nous submerge et les nouvelles habitudes, se laver les mains, mettre un masque, se retrouver embuée, se laver les mains, recevoir un stock de masques des mains des gendarmes, se laver les mains, répondre au téléphone, penser à prévenir... nous submerge.
L'école est fermée sur le papier, mais ouverte, en réalité, depuis le 16 mars ("Oh?" atterri l'employé communal quand je le lui signale).
Là nous attendons le triple d'enfants de personnel prioritaire et comme le protocole sanitaire a fini par arriver jeudi dernier nous avons à le mettre en place.
Nous avons à la mettre en place.
Débrouillez vous.
Yoyo entre révolte et sens du devoir, du service: ne pas abandonner les personnels prioritaires et leurs enfants. Ne pas abandonner ceux qui sont chez eux.
"Non, vous ne pouvez pas faire les deux, bien sûr" et donc?
"Vous enseignez en présentiel" et donc?
On leur aurai menti? En leur assurant que le distentiel serai maintenu?
Mon estomac fait le yoyo...
Mardi.
Yoyo de la boule dans la gorge.
Arrivée de nos petites élèves avec le nouveau "régime" sanitaire.
8 filles qui rentrent dans les cases (au sens littéral comme figuré).
Je suis à l'école pour assurer la direction, remplir des tableaux, préparer les inscriptions au CP, planifier la fin de l'année scolaire, réunion, répartitions, commandes quand à quasi midi...
Le yoyo dégringole d'un coup.
Le coup de fil qui coupe les pattes.
La sous préfète a fait "Bouh!" (Il faut coller au chiffres annoncé par le sinistre, sans doute).
Le maire qui a signé un arrêté pour ne pas ouvrir les écoles avant le 1er juin est sous la pression de la sous préfète qui les veut ouvertes pour le 25. Ce serait mettre au panier tout ce qui a été élaboré. 
Yoyo entre écœurement et épuisement.
On peut difficilement creuser plus profond dans nos ressources d'énergie. 
C'était calé. C'était compris de tous, parents, collègues, la qualité de l'enseignement pour ceux qui sont chez eux y était. J'avais calé, comme les collègues, des rendez individuels vous avec mes élèves et on nous demande de jeter cela aux orties pour créer un "service" dégradé?
Et quand je demande (au conseiller de l'éducation nationale, qui appelait pour et n'était intéressé que par les masques) quand, oui, quand pourrait-on réécrire un projet, des protocoles, refaire des plannings, refaire la com pour les parents en faisant la classe à distance, il biaise. Fait comme si ce n'était qu'une paille, une "adaptation à la marge" peut être? Je ne le lâche pas j'insiste, le travail d'équipe, le temps pour le faire? La fatigue physique, morale. L'épuisement... Il parle arrêt de travail...
Et abandon.
Le yoyo remonte encore et nous nous sommes mis en ordre de marche, en ordre de bataille.
Le yoyo remonte encore...
Pour l'instant.
Mais... pourront-ils ouvrir une école sans enseignants, sans directrice?

10 commentaires:

  1. Pas de mots pour moi, juste une sensation d'ecoeurement... Pour la date, ne s'agirait-il pas du 16 mars ?

    RépondreSupprimer
  2. C'est terrible ça, de tout préparer, de tout prévoir et paf, tout à refaire, repenser, réfléchir. Hier à la télévision ils disaient que l'on pouvait travailler 50% en présentiel et 50% en continuité pédagogique ! Ah ? Étrange mais nous on n'a pas eu cette info ! Notre circonscription nous dit d'utiliser notre continuité pédagogique pour la classe, pour ne pas faire double travail ... Mouais, sauf que les heures en classe faudra bien les faire et les heures de continuité aussi, on ne pourra quand même pas envoyer les mails pendant la classe, si ? Bref, je comprends ton yoyo, en effet ! j'essaie de t'envoyer des ondes positives !

    RépondreSupprimer
  3. Et je pensais, oui, arrêt de travail avec journée de carence bien sûr avec toutes les heures supp non payées qu'on a faites, ils abusent ! Et puis ils savent bien qu'on ne va pas s'arrêter, le sens du devoir ... Nus sommes trop connes, je le dis !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mes collègues ont demandé l'autorisation de télétravail pour garde d'enfant.

      Supprimer
  4. Un article dans le huff post hier disait hier le dilemme des profs: grosso merdo, être un bon petit soldat qu'on envoie au front ou bien passer pour un salaud de prof..��

    RépondreSupprimer
  5. Courage ! Les élèves devaient tout de même être bien heureux de vous retrouver. Plein de bonnes ondes vers toi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Depuis mardi j'ai reçu 4 de mes élèves en rendez vous individuels. C'est très chouette! Ils me regardent un peu avec des yeux ronds en me voyant avec le masque, mais ils l'oublient vite. Et ils racontent, ils racontent...

      Supprimer