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dimanche 31 mai 2020

Projet 52/2020: "Libre, liberté"...

Projet photo avec Virginie.
En cette 22 ème semaine, le thème de Gilsoub: "Libre, liberté"...
https://drive.google.com/file/d/19fHychL5OeLy6J2lx6d11qoNGTVBlWUz/view?usp=sharing
C'est le titre de la poésie apprise par mes élèves (cliquez sur la photo pour entendre E), qu'ils ont enregistré et envoyé sur l'application de la classe (pour rappel l'école, à l'école, n'a pas encore repris et ne reprendra, pour 8 élèves, deux fois par semaine, que jeudi). C'est toujours émouvant, pour moi, de les entendre...
Et puis sinon, cette liberté c'est celle que je prends quand ils dorment encore.
Je pars, je marche.
6 kilomètres, mercredi, 6 kilomètres hier, samedi, 9 ce matin.
Seule. Pour me vider la tête. Ou pour laisser les idées en roue libre...
Des idées et des chemins libres.

vendredi 29 mai 2020

JoyeuzanniversaireClovis!!

Nous étions à J-5 et j'ai su qu'il n'y aurait pas à attendre plus longtemps. 
Ça m'a pris au supermarché.
J'ai dû m'assoir la main agrippée au chariot en attendant qu'elle passe.
J'avais terminé mes achats, j'étais rentrée à la maison sans plus de signe mais je savais qu'on y était. Dans l'après midi c'est reparti, tranquille, mais bien intense. J'avais battu le rappel des troupes.
Gilles était rentré, nous avions récupéré Arthur et nous avons attendu le car qui ramenait Victor de l'école. 
Mais la "dame du car" l'avait oublié à l'école...
Justement ce jour là. Pour la première et dernière fois.
Nous étions dans la voiture prêts à partir et le sang de Gilles n'a fait qu'un tour. La dame du car est remontée à bord fissa et nous sommes allés jusqu'à l'école avant de tracer la route jusqu'au Mans.
Où nous avions déposé Arthur et Victor chez Simone (Simon était en train de pédaler avec sa classe sur les routes du Loir et Cher) qui m'avait regardé sous le nez, ne croyant pas à événementiel puisque je ne semblais pas souffrir.
Je ne souffrais pas d'ailleurs. C'était intense, réel, mais pas douloureux.
Sauf celle qui m'a prise alors que nous étions bloqués par la circulation sur le pont traversant la Sarthe. Puis celle qui m'a obligée à m’agripper à Gilles dans la cour de la maternité.
Arrivés en salle de pré travail la sage femme m'examinant a décrété que, non, ce n'était pas pour aujourd'hui. Que je n'avais plus qu'à rentrer. Que...
Ce que j'ai fermement réfuté: au 4éme j'avais suffisamment d’expérience pour savoir quand un accouchement était commencé.
Ce que j'ai implacablement refusé: habitant à 70 km de la maternité il n'était pas question de risquer de mettre au monde mon bébé sur le bord de la route.
Alors je me suis retrouvée deux étages plus haut dans une chambre.
Limite vexée je m'étais installée assise/debout/sur le bord du lit, appuyée sur la tablette sur laquelle j'avais posé mon livre. Et j'avais lu. J'avais lu "Au bonheur des ogres" pendant que les contractions faisaient leur boulot. J'avais lu pendant une heure pendant que Gilles retournait chez Simone.
Et, ce fût une première (et une dernière), j'ai perdu les eaux. Et j'ai senti la tête s'engager et pousser.
Deux étages au dessus de la salle d'accouchement. Bien sûr j'ai sonné et des soignantes sont arrivées qui m'ont, illico presto, installée dans une chaise roulante, vite fait, grouille, grouille, roulée jusqu'à l’ascenseur puis jusqu'à la table d'accouchement, pendant que je réclamais que l'on appelle Gilles à quelques kilomètres de là, où il s’apprêtait à passer à table (vous la sentez la précipitation?).
Il est arrivé juste à temps, Gilles, je veux dire, pour assister à l'arrivée de Clovis.
Il y a 19 ans.
Notre bébé devenu drôlement grand!
Grandement drôle aussi.
D'ailleurs!
Bon anniversaire Clovis!!!

mercredi 27 mai 2020

Appel X 2

Ma machine à coudre n'en peut plus...
Et j'ai une dizaine de masques prêts à coudre (Nous sommes nombreux et la "dotation" pour la famille n'a été que de 4 masques, et puis la première vague de masques que j'ai cousu est trop colorée pour les gars. Et trop chaude).
Bref!
Y aurait-il une bonne âme pour me prêter sa machine à coudre le temps du week-end?
Et puis, et puis...
Le gars (19 ans, futé et charmant, costaud et malin), là dessous, encapuchonné, masqué et bientôt moins chevelu (rendez vous chez le coiffeur cet après midi) cherche un boulot d'été.
Si vous entendez parler de ce genre de rareté n'hésitez surtout pas.
Merci!!!

dimanche 24 mai 2020

Projet 52/2020: vert.

Projet photo avec Virginie.
En cette 21 ème semaine: vert.
Et voici...
Photo prise dans les toilettes (sèches) et extérieures chez Simon et Cynthia.
Des toilettes enfouies sous les herbes folles qui rentreraient, elles aussi, dans la petite cabane dans le coin du jardin.
Bucolique, n'est ce pas?
Rassurez vous ils ont prévu des toilettes plus classiques, à l'intérieur. Leur mise en service est prévue dans les semaines à venir.

Samedi (je ne fais pas que me mettre en rogne).

Je marche.
Ce samedi j'ai attendu que le temps se lève (il a légèrement plu),...
...que le soleil réchauffe l'air et...
...que Suzanne m'accompagne.
Un pas devant l'autre et blablabla...
Au cours des 6 kilomètres nous avons vu les nuages éclaircir.
Et nous voici arrivées.
Chez Simon et Cynthia.
En plein chantier peinture (ils tiennent le bon bout!).
Emma et Cynthia, inséparables, retirent les restes de papier peint (derrière les radiateurs)...
...pendant que Simon, Victor et Patoche se mettent en ordre de marche.
Simon, sur ses échasses, se charge de rechampir les bords du plafond...
...que Victor et Patoche peignent au rouleau à grand manche (avec les blagues de mise sur les "grands manches", bien sûr!).
Couloir (ça fait de moins en moins chantier, n'est ce pas?).
Chambre...
Ça vous manquait, n'est ce pas, les comptes rendus de chantier?

Télescopage.

Je crois que c'est là, derrière mon l'éclat d'hier, derrière ma mauvaise humeur, ces derniers jours. Ce n'est pas envers les miens que je suis en colère. Ils n'y sont pour rien.
Cette colère doit aller à qui la provoque.
A qui me rend impuissante (ai je seulement été "puissante"?), à qui me demande l'impossible et m'en fait porter la responsabilité.
Je le sais, maintenant, parce que deux "messages" se sont télescopés tout à l'heure.
Ma jeune collègue m'a envoyé la copie de cette réponse d'une maman au sondage que nous faisons pour savoir quels élèves reviendront à l'ouverture de l'école que nous sommes en train de préparer:
"Mes enfants ne reviendrons pas à l'école vu les dispositifs anti pédagogiques que vous proposez. Nous comptons sur la nouvelle municipalité et l'équipe enseignante de septembre, la mise en place de moyens humains et techniques pour un meilleur accueil pour nos enfants".
Quelques minutes plus tard je tombe sur un lien vers un article qui annonce le suicide d'un collègue, directeur d'école, Bruno Delbecq.
Voilà...
Voilà comment on tue les gens dévoués.
En leur demandant l'impossible. En leur demandant de faire contre leur conscience professionnelle, contre leur intime conviction. En les essorant littéralement sous les taches impossibles à mener dans les non délais impartis.
La population voit, on leur montre, ce que l'on veut nous demander de faire de l'école et elle nous accuse de maltraitance.  "Les dispositifs anti pédagogiques que vous proposez" nous sont imposés, contre notre gré, à notre corps défendant. Cette école n'est pas une école.
Et les directeurs ne sont plus que des fonctionnaires fonctionnant, à bout de souffle, acculés.
Ordres, contre ordres, flou, impossibilité d'anticipation, impossibilité de pouvoir répondre, de pouvoir rassurer. Nous sommes en bout de chaine, les seuls au contact avec la population, avec les parents, avec les élèves et nous ne savons rien. Et nous n'avons que quelques heures pour adapter un protocole sanitaire qui tue l'âme de l'école. Qui tue l'école. En tuant au passage ses serviteurs les plus dévoués.

samedi 23 mai 2020

Surfer sur les vagues...

Ce mercredi première "vraie" sortie. 
Si l'on peut dire ainsi...
Je suis allée, avec les gars, Simon, Arthur et Victor, au Mans. Enfin...
En banlieue. Dans un magasin de bricolage, où Simon a récupéré la faïence de sa salle de bain, dans un magasin de sport, où Arthur et moi avons acheté des chaussures pour courir. 
Emma nous a rejoint. Nous sommes rentrés en deux vagues. Simon et moi (j'ai aimé partager ce moment "privilégié", à deux), les autres ensuite.
Puis, mercredi soir, ma collègue directrice de l'école maternelle est venue et nous avons travaillé à la future ouverture des écoles. 
A tâtons, comme de mise ces derniers temps.
Nous sommes entre deux municipalités qui ne se causent pas.
Alors difficile de savoir de quels moyens nous disposerons...
Et puis, les "règles en vigueur" (chômage partiel, garde d'enfants...) actuellement vont changer au mois de juin. Sûrement. Cela changera la donne pour les parents. Donc pour nous.
Comment travailler à des plannings dans cette purée de pois?
Aucune anticipation n'est possible.
Jeudi ménage, repas, repos, linge et lecture.
Une petite "sortie" à deux, avec Gilles (oulala, ça faisait longtemps!) pour aller récupérer notre cagette de légumes.
On parle, un peu, de son boulot...
Cuisine entre parenthèses, ménage, désinfection, ménage, désinfection, ménage...
Vendredi j'ai pris la clef des champs, seule puisque personne n'a souhaité marcher.
Tranquillement, avant que la chaleur ne soit trop lourde, j'ai fait une boucle de 7 kilomètres entre les blés et les bois.
Ce fût comme une énorme respiration.
Avec seulement les chants des oiseaux pour remplir le silence.
Avec quelques rencontres discrètes.
En essayant de ne pas penser au boulot.
Ne pas penser aux tracas de Victor, son avenir, pas de formation, son rendez vous chez le médecin emporté de haute lutte dans notre désert médical ("notre" toubib est en vacances. 15 jours par mois. Le plus souvent quand nous en avons besoin).
Ne pas me prendre la tête avec Clovis et les réponses qu'il doit, mais ne veut pas, apporter pour le conseil de classe qui décidera de son année de terminale (et je ne parle pas du bac de français...).
Ne pas réfléchir aux perspectives bouchées d'Arthur... 
Arrêter de me creuser la tête pour les repas qu'un ou l'autre critiquera de toute façon.
Ok, repos et, pour Gilles, chasse aux poux rouges de poules qui squattent la paille qu'il a retiré du poulailler et qu'il doit bruler.
Pendant que Suzanne et Clovis "tombent" dans la piscine gonflable que Victor et Emma ont offert à la famille...
...le petit chat de Suzanne explore le jardin (celui de derrière).
Puis nous passons un bon moment quand Annaïg et Hervé qui font une halte à la maison et dans le jardin.
Et repartent avec des cerises.
Voilà, voilà...
J'ai réussi à profiter des moments, du beau temps, de...
Jusqu'à ce que la critique de trop, lors du repas: je ne serais "jamais contente" (après le "tu es trop gentille", "Tu en fais trop", ou "pas assez" (du riz, des pâtes, des pommes de terre)", "C'est trop" ou "pas assez cuit", a fait déborder le vase. Je suis partie me coucher en claquant les volets (il n'y a pas de porte à la cuisine).
Voilà, voilà...
C'est sorti. Là dessus j'ai dormi presque toute la nuit (réveil à 4h44, puis à 5h55).
J'ai pris une grande respiration et j'ai remis ma cape, ma carapace.
Rien de tout cela n'est grave.
Je ne laisserai plus ce genre de truc m'atteindre.
Voilà...