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jeudi 30 avril 2020

Où il est question de nation, de héros. Ou de lâches.

C'est dans l'air du temps. 
C'est écrit, entre les lignes, en commentaire, ou claironné sous forme d'article saignant. Des "journalistes", ou des élus, à la télé y font allusion, alimentent la "discussion" (et pendant ce temps là...)...
C'est un sujet abordé, et débattu, dans les rayons des supermarchés (distances de sécurité plus ou moins respectées, les magasins d'alimentation, seule sortie autorisée, sont devenus le lieux de rencontre, de ragotage, privilégiés). C'est un point sur lequel certains nous interpellent à grand renfort d'images rancies de champs de bataille, de héros sans états d'âmes (vraiment?) qui sacrifient leur vie au service des autres. On pèse et soupèse la "valeur" des soldats de la république qui "offrent" leur dévouement et leur vie au service de la nation. On met en avant l'immense dévouement des soignants, le courage sans faille des caissières, des postiers, des éboueurs...
Les beaux jours du confinement, où l'on louait notre travail et notre capacité à nous adapter, à continuer à enseigner dans dans l'adversité, est terminé. Les clichés remontent à la surface. Feignants et lâches.
Nos objections pratiques, comment enseigner (petit rappel nous avons "signé" pour enseigner) quand nous devons nous tenir à distance? Comment accueillir nos élèves et leur offrir un lieu et un atmosphère d'étude sereine quand le protocole sanitaire fait 63 (63!!!!) pages?, nos appréhensions (le mot est faible puisque cela peut aller, pour certains d'entre nous jusqu'à la terreur) face à la possibilité de servir de vecteur au virus, pour nos élèves, pour leurs parents, pour nos proches, pour nous (le 1er mort du Covid, en France était professeur), nos désarrois face au mode de communication de notre ministère de tutelle, rien (rien!!!) sauf ce que l'on a cru comprendre à la télé, face aux revirements complets, d'un jour à l'autre, nos propositions sont accueillies par des injonctions à "aller au front", à "avoir un geste héroïque pour la nation".  
J'ai vu passer, sur le toile, ces posts poignants qui livrent les portraits de ceux qui sont tombés "au front". 
Et, oui, je suis lâche, sans doute (même si j'y suis allée, je n'ai jamais cessé d'aller au charbon) mais je ne veux pas que l'un des miens, que l'un des leurs, apparaisse, je ne veux pas apparaitre, dans cette bouleversante galerie.

6 commentaires:

  1. je n'ai pas peur, je suis juste en colère ! Parce qu'une fois de plus, plus haut on décide sans même se renseigner si c'est possible, vivable, faisable. Alors comme d'habitude on va faire, on va se débrouiller, on va essayer de ne pas faire de bêtises irréversibles et on nous traitera comme d'habitude de fainéants, tout le temps en vacances ! Et puis, si on rate, si on se trompe ça sera de notre faute, pas de la leur ! Ah, ça non ! Et puis on dira qu'il faut faire l'école alors que tout le monde sait que ce ne sera pas de l'école !

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  2. Je pense aux maires qui doivent sans moyen eux non plus adapter des locaux. Je vois le mien, qui pourtant ne se représentait pas s'arracher le peu de cheveux qui lui restent pour tenter de faire au mieux. Et les enseignants qui se demandent comment gérer les classes surchargées sans enseignants supplémentaires... Et ces lycéens qui n'ont pas le droit de reprendre mais vont passer les oraux de français.
    Je n'ai pas vraiment peur, je suis surtout dégoûtée.

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  3. je viens seulement de voir tes champs bleus ! la colère, le dégoût m'avaient aveuglée ! Sans doute du lin, c'est beau !!!!

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    1. Oui, c'est du lin. Les champs sont plus ou moins bleu suivant le temps, le vent, la lumière. Il y en a un le long de la route qui me mène au boulot. Peut-être sera t-il fané lundi?

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