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samedi 18 janvier 2020

Lettre aux générations qui se succèdent.

Mes chers enfants,
(jeudi 16 janvier, le matin à Vendôme)
Je suis dans la rue, une fois par semaine, depuis presque deux mois.
Non pas pour défendre un statut depuis longtemps déchu (voyez la "crise de vocation des enseignants).
Non.
Non pour défendre ma retraite.
Qui, comme j'ai déjà "engrangé" 33 annuités, ne sera impactée par la réforme qu'à la marge (grosse marge quand même: genre deux ans de plus de "carrière" à effectuer grâce à ce fameux âge pivot/d'équilibre).
Non.
Ce n'est pas pour le plaisir de me promener en ville accompagnée de quelques personnes motivées que je perds un trentième de salaire à chaque fois.
Nous n'arrivons déjà pas à terminer les fins de mois...
Si j'y suis, dans la rue, si j'en suis, de ceux qui veulent le retrait de cette reforme (destruction) des retraites, c'est pour vous. 
Pour vous, mes 5 enfants, pour vos cousins, vos cousines, pour mes élèves, pour ces jeunes qui nous regardent passer avec nos pancartes, qui nous écoutent chanter des slogans et des chants.
Pour ceux à qui l'on intime l'ordre de travailler pour gagner de quoi acheter un costume, en traversant la rue pour trouver ce travail sans quoi ils ne sont rien.
(jeudi 16 janvier, l'après midi, à Blois)
Parce que bientôt, bien plus tôt que vous ne le croyez, la reforme vous allez la prendre de plein fouet.
Quand, alors que vous galèrerez, comme nous, ascenseur social abattu avec l'école, avec l'hôpital, avec les services publics, vous vous retrouverez avec la charge de vos parents.
Retraites plafonnées à 14% du PIB, alors que le nombre de retraités augmente. Même mes CM1, en plein dans la leçon sur les fractions, comprennent que la part de chacun va diminuer.
Le point de retraite augmenté (qui y croit?) ou diminué (pas comme le budget de l’Élysée) par les mêmes qui offrent des cadeaux fiscaux aux plus fortunés.
Vous allez vous retrouver avec vos parents sur les bras.
Et ce n'est pas les 1000€ de retraite garantis (pour une carrière complète) qui doivent vous rassurer: le seuil de pauvreté est à 1 026€. 
Vous allez vous retrouver avec la charge de vos parents.
De quoi vous assurer de beaux jours et de quoi se faire retourner dans leurs tombes ceux qui ont gagné ses droits sociaux (que l'on croyait, naïfs, être des acquis sociaux) au prix de luttes âpres, au prix de vies, aussi.
Oui, chers parents, grands parents, arrières grands parents,
Réforme après réforme, rouleau compresseur, les puissants au pouvoir (du capital) mettent à mal ce pour quoi vous êtes battus, en 1968, en 1945, en 1936.
La solidarité nationale disparait au profit du chacun pour soi.
Individualisation des "droits".
Et si tu n'y arrives pas, si tu n'a pas bien travaillé à l'école (si tes parents n'avaient pas les moyens de te payer des études supérieures), si la vie (ou tes mauvais choix) t'a amené à devoir élever seul-e les enfants que tu as mis au monde sans en avoir les moyens, ben tant pis...
Tant pis?
A moins qu'il y ai un sursaut?
Allez vous vous laisser faire?
Le rouleau compresseur vous lamine...
A moins d'un coup d'éclat ils ne nous écouterons pas.
Aussi, s'il vous plait, chers enfants, jeunes et moins jeunes, rejoignez nous dans la grève et dans les manifestations ce vendredi 24 janvier.
Pour vous, vos parents, et ceux qui, avant vous, se sont battus pour vos droits.

20 commentaires:

  1. C'est bien ce coup de gueule. Pas sure que ceux à qui il s'adresse le lisent. Par contre ça fait du bien à ceux qui le partagent, dont moi. Cet aprés midi encore, (chez nous c'est tous les 2 jours à peu prés et en moyenne ) j'irai encore avec quelques uns me promener en ville, voir si les boutiques qui ont fermé il y a déjà longtemps,(bien avant les gilets jaunes !) ont pu réouvrir et si à l'occasion des soldes, il y a plus de monde !
    Moi je marcherai, le dos bien droit, les yeux fixés sur leurs pensées, la tête haute et le poing levé.

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  2. Ce coup de gueule est une bouffée d'air frais.
    Alors que l'on se bat tout les jours que l'on s'indigne d'une situation ubuesque, on se pause la question.
    Êtes-vous résignés a ce point?
    C'est vrai pour l'instant le frigo n'est pas tout à fait vide bien que.
    Sachez que quand il le sera vous n'aurez plus le temps de vous révolter,
    De réfléchir, tout votre énergie sera concentré à le remplir et c'est exactement ce qu'il veulent.
    Et vous?
    Vous voulez quoi?
    Réveillez vous!!!!!!!!!!

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    1. C'est ça! Il est grand temps de se réveiller!
      Merci.

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  3. Et la foule répondit "mais c'est la crise " ou bien "mais moi ça ne me concerne pas, je n'ai rien à défendre" ou encore "ah je t'en foutrais moi des grèves ! te les ficherais au taf tous ces fainéants" quand d'autres s'échinent à vouloir préserver un peu de bleu dans le ciel et un peu de rose dans la lumière di soleil. Moi je veux des gens heureux, épanouis, qui aiment les autres parce qu'ils sont bien dans leur peau. Je veux des gens qui rient qui chantent et qui crient de bonheur, pour nos générations et pour celles qui viennent aprés nous. Alors je manifeste pour la justice sociale et préserver le peu d'acquits qu'il nous reste en attendant de reconquérir tout ce qu'on nous a déjà pris et d'en obtenir des nouveaux.

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  4. https://www.youtube.com/watch?v=-bvxEmrOTL4

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  5. Je ne veux pas créer la polémique parce que sur le fond je suis d'accord avec vous mais la forme me semble vaine. Le gouvernement développe un tel mépris qu'il se moque de ses gens qui crient dans la rue, il se moque de ce désespoir qui se déverse sans fléchir. Il attend. Il a écouté les Policiers qui n'ont même pas eu besoin de manifester et maintenant il sait que la nécessité renverra les gens chez eux. Il a laissé passer les vacances de Noël sans la moindre discussion pour que le temps s'allonge. Il manipule les media qui s'encanaille de la reprise du trafic, diffuse à tout va "le coût* de la grève et n'évoque jamais les opérations coup de poing, les économies substantielles qu'est en train de faire le gouvernement. Il sait que les enseignants sont bien trop gentils pour être jusqu'au boutiste, qu'ils assureront l'essentiel. Combien de collègues assurent quelques cours alors qu'ils sont grévistes ? Quand on développe un tel mépris du peuple, quand on ne s'occupe que des chefs de la finance, on se moque des grèves.
    Il ne reste qu'une solution, le petit rectangle qu'on déposera dans l'urne mais là encore, il n'a pas peur. Il fera en sorte que le front national soit son rival et il sait qu'il aura alors gagné.
    Il a détruit, sans bruit, l'assurance chômage, il détruit aujourd'hui l'assurance retraite. Tout le monde où ou presque est perdant mais personne ne le dit. De même que les hôpitaux craquent mais que les gens vont vers le privé, que l'école devient un simulacre de l'apprentissage mais qu'on aide à financer le priver... Le but est clair, seules l'armée et la police leur seront nécessaires, le reste n'est que dépense inutile qui peut être pris en charge par des structures privées.
    La communication est tellement absurde qu'elle en devient grotesque mais rien ne change. On vous demande votre avis, vous n'êtes pas d'accord avec la proposition et on vous dit, ok, on vous a entendus mais on va le faire quand même. Le mensonge ne dérange plus personne. Non la réforme du lycée n'a pas pour but de fermer des postes et...on ferme des postes!
    Dire que je suis écoeurée est un euphémisme mais faire grève, je n'y crois plus, leur faire faire des économies, je ne le veux plus. Je crois qu'il va falloir assumer des conséquences plus directes, arrêt des notes, corrections biaisées, refus de remontées hiérarchiques.
    Les salariés du privé sont malheureusement les grands perdants mais ils n'ont pas le pouvoir d'agir car la sanction est immédiate. Et comme on lisse le poil des patrons, rien ne bougera.
    Je vous admire de croire à la grève, moi je ne vois que le mépris, l'abandon des valeurs collectives et la victoire des actionnaires.

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    1. Tu ne créée pas la polémique, tes réflexions, tes arguments je les ai tournés, examinés, moi aussi.
      Il n'y a pas de communication possible. Le mépris est arrivé à un niveau indécent (je ne comprends et n'admets aucun mépris). Mais il ne sera pas dit que je n'aurai pas essayé. Et si nous ne trouvons qu'un mur je participerai à d'autres formes de lutte.
      Je suis écœurée mais pas vaincue.

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    2. Moi aussi avant je me disais que la grève ça ne servait à rien, que je permettait à l'état d'économiser ma journée de salaire. mais !!! Si on ne dit rien si on ne bouge pas, on laisse faire et c'est pire !
      3 grèvistes sur 7 ce vendredi dans mon école, toujours les trois mêmes !

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    3. Oui toujours les mêmes.

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  6. Les mots et la réflexion sont justes. Aprés sur les méthodes, nous avons essayé. Nous aurions pu être plus nombreux si parmi les 60% qui soutiennent il y avait eu plus d'acteurs et moins de spectateurs. Mais ça on ne le saura pas... cette fois. Et nous n'avons pas encore déposé les armes, non plus. Courage et détermination comme patience et longueur de temps, font parfois plus que force ni que rage.

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    1. Peut être faudra t-il trouver d'autres moyens de combat...

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  7. Dans notre lycée, la première grève de décembre, 80% de grévistes; dans ma ville, toutes les écoles fermées mais...le lycée a accueilli les rares élèves, les communes ont accueilli les enfants et on nous a dit que nous n'étions pas si nombreux, les médias ont préféré évoquer les personnes gênées par le mouvement ; et le gouvernement, lui, a énoncé clairement le projet de loi pire que ce qui était annoncé! Ils ont raison et nous sommes justes stupides de ne pas comprendre que cette réforme c'est pour notre bien!Je ne comprends pas pourquoi ils ont autant fait d'exception si elle est si juste!
    Dans notre lycée, à cette réforme des retraites (tellement bien qu'on épargne ceux nés avant 1975), la réforme du lycée et les nouveaux programmes ont envoyé deux profs aux urgences, on ne compte plus les crises de larmes, les crispations et l'impression qu'on ne peut plus rien faire. Nous avons écrit à notre inspecteur pour dire notre désarroi, elle ne nous a pas répondu mais a demandé à notre proviseur de nous rappeler les règles fixées !
    Ici, nombreux sont ceux qui, tellement dégoûtés par les fermetures de postes, ont décidé de ne plus se battre. L'an dernier, en français j'avais 93 élèves, l'an prochain j'en aurai 170! Plus de dédoublement, plus d'accompagnement personnalisé, toutes les classes à 35 élèves ! Je croule sous les copies et je ne pourrai pas assurer la même qualité de corrections. Je n'en aurai pas le temps.
    Alors je n'ai plus la force car plus on se bat, pire c'est! Comme un petit coup de bâton pour nous rappeler que nous sommes que des fonctionnaires soumis.

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    1. "Notre" éducation nationale est poussée dans le vide...

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  8. Bravo !!! A diffuser en boucle !!!

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