Nous avons salué Marseille et le navire s'est ébranlé.
Comment un tel mastodonte peut-il se déplacer?
Je suis restée longtemps appuyée au garde corps. J'ai regardé s'éloigner doucement les étendues goudronnées des quais, les hangars, les grues qui bordaient les collines pelées.
Le soleil méditerranéen dorait les gris, les bruns, les noirs de la côte.
La mer bougeait à peine. Et j'avais l'impression que s'était la terre qui s'éloignait de nous. Qui glissait doucement vers l'oubli?
Le pont s'était vidé peu à peu. Les voyageurs devaient être en train d'explorer leur nouvel environnement. Seules les mouettes, les goélands?, accompagnaient mon regard.
Elles tournoyaient, montaient, descendaient. Un ballet aérien du bleu du ciel au bleu de la méditerranée.
Les mouettes ne se posaient surement pas de questions quand elles s'envolaient.
Le vol, le voyage, n'était pas une aventure pour elles.
Elles vivaient en mouvement.
Le pont s'était vidé peu à peu. Les voyageurs devaient être en train d'explorer leur nouvel environnement. Seules les mouettes, les goélands?, accompagnaient mon regard.
Elles tournoyaient, montaient, descendaient. Un ballet aérien du bleu du ciel au bleu de la méditerranée.
Les mouettes ne se posaient surement pas de questions quand elles s'envolaient.
Le vol, le voyage, n'était pas une aventure pour elles.
Elles vivaient en mouvement.
Oui. Et je restais sur cette impression bizarre de mouvement immobile. Sans doute l'inertie de l'énorme navire. Une ville flottante était fier de nous dire le commandant dans son discours, bien rodé, d'accueil...
Décidément drôle de manière de prendre la mer.
Mais j'avais signé. Et la nouvelle direction de ma vie allait vers les Caraïbes. En commençant par la traversée de la méditerranée entre Marseille et Grenade.
Une journée en mer. Une journée pour apprendre à se connaitre. Un peu.
Lola est entrée en scène.
Monique a levé les yeux au ciel, exaspérée, a tapoté sa coupe de
cheveux élaborée, sa teinture méchée, remis en place ses lunettes de
créateur. Elle n'a rien ajouté, elle a proposé d'aller boire un verre
dans un de ces bars so chic avant de se préparer pour la soirée
spectacle organisée pour fêter le départ.
Ok Monique, tu veux la jouer grande dame? C'est bon pour moi. Ai je pensé.
Lola m'a adressé un clin d'oeil, Monique a serré son sac sur ses genoux. Très reine mère.
Nous nous sommes retrouvés dans un bar doré.
Oui, doré.
Lucien s'est assis, s'est calé dans le fauteuil.
Et a sorti un bouquin.
Qu'il a délicatement ouvert de ses mains fortes.
Remarquant que je l'observait il m'a sourit mais n'a rien dit. Il a penché sa tête chauve et lisse vers son livre, ses yeux verts courant sur les lignes. Sans accorder plus d'importance à ce qui pouvait bien se dérouler autour de lui. Sans plus s'occuper de moi.
J'ai cherché pendant une minute des indices de ce qu'il était, de ce qu'il avait été mais le tableau était brouillé: mains de travailleur, corps charpenté, un peu raide et langage élaboré. Grande confiance en lui. A moins que ce soit de l'indifférence?
Son livre pourrait peut être m'en dire plus?
Le dernier Dan Brown.
Décidément cet homme me plaisait de plus en plus!
Je suis allée chercher les commandes de ma petite troupe et je me suis tournée vers la salle. Chic en effet. Kitch aussi, le contraire de la sobriété, des spots, des miroirs...
J'ai du faire une grimace parce que Lola a éclaté de rire.
Gisèle ouvrait la bouche comme un poisson hors de l'eau alors que Monique, très à l'aise, souriait dignement pendant que Lucien sirotait sa bière en tournant les pages.
Voilà...
Malgré le lieu, à mille lieux de ce que j'avais connu jusque là, à mille lieux de ce que j'avais imaginé en quittant ma vie d'avant (si j'avais imaginé quelque chose...), je me suis détendue. J'ai levé mon verre à ce départ et j'ai profité du moment.
"Mes amis, vous avez fait
connaissance de Salomé. Elle voulait prendre la mer et elle a accepté de
le faire avec nous. Je n'en sais pas plus. Je vous ai présentés à elle
de façon tout aussi succincte et vous êtes libres d'en rester là ou de
vous livrer plus".
Ah, Lola,
la coquine! Petite femme mince et tordue, un peu, autour de sa canne.
Elle avait les yeux d'un bleu si clair qu'ils en paraissaient
transparents, et les cheveux si courts qu'on pouvait croire quelle
portait juste un bonnet blanc. Je savais d'elle qu'elle avait des
enfants qu'elle trouvait "trop sérieux". Elle ne m'avait jamais parlé
d'un mari, d'un compagnon. Il avait pourtant du exister, non?
Gisèle,
elle, avait beaucoup à dire. En vrac, en urgence... Elle était "vieille
fille", n'avait pas trouvé "chaussure à son pied". C'était compliqué,
elle s'était longtemps occupée de ses parents... Elle avait travaillé
dans un bureau, le même, pendant 40 ans. Et depuis sa retraite elle
tournait en rond dans son petit appartement. Sa vie... Les larmes lui
sont montées aux yeux...
Je lui ai pris la main, lui ai serré doucement.
"Ta nouvelle vie commence ici".
Elle
a sourit. Cela a plissé ses joues rondes autour de ses yeux marrons.
Elle a relevé la tête, ses cheveux raides et gris se sont balancés
mollement sur ses épaules basses.
Ok Monique, tu veux la jouer grande dame? C'est bon pour moi. Ai je pensé.
Lola m'a adressé un clin d'oeil, Monique a serré son sac sur ses genoux. Très reine mère.
Nous nous sommes retrouvés dans un bar doré.
Oui, doré.
Lucien s'est assis, s'est calé dans le fauteuil.
Et a sorti un bouquin.
Qu'il a délicatement ouvert de ses mains fortes.
Remarquant que je l'observait il m'a sourit mais n'a rien dit. Il a penché sa tête chauve et lisse vers son livre, ses yeux verts courant sur les lignes. Sans accorder plus d'importance à ce qui pouvait bien se dérouler autour de lui. Sans plus s'occuper de moi.
J'ai cherché pendant une minute des indices de ce qu'il était, de ce qu'il avait été mais le tableau était brouillé: mains de travailleur, corps charpenté, un peu raide et langage élaboré. Grande confiance en lui. A moins que ce soit de l'indifférence?
Son livre pourrait peut être m'en dire plus?
Le dernier Dan Brown.
Décidément cet homme me plaisait de plus en plus!
Je suis allée chercher les commandes de ma petite troupe et je me suis tournée vers la salle. Chic en effet. Kitch aussi, le contraire de la sobriété, des spots, des miroirs...
J'ai du faire une grimace parce que Lola a éclaté de rire.
Gisèle ouvrait la bouche comme un poisson hors de l'eau alors que Monique, très à l'aise, souriait dignement pendant que Lucien sirotait sa bière en tournant les pages.
Voilà...
Malgré le lieu, à mille lieux de ce que j'avais connu jusque là, à mille lieux de ce que j'avais imaginé en quittant ma vie d'avant (si j'avais imaginé quelque chose...), je me suis détendue. J'ai levé mon verre à ce départ et j'ai profité du moment.
Bon voyage et profitez bien !
RépondreSupprimerMerci! Il va falloir que j'y pense!
Supprimer