Décolérer...

J'ai eu du mal. 

Cela m'a pris quelques heures. 

Je vous ai dit je n'aime pas le carnaval. En tout cas le carnaval de l'école, quand il se déroule sous ma responsabilité. Les élèves sont excités, encore plus qu'ordinairement, la journée est perdue pour les apprentissages... Elle est perdue pour les nerfs des adultes qui les encadrent. 

Je n'arrive pas à prendre du plaisir à ce genre de manifestation. Il y toujours des incidents, des moments de stress qui gâchent l'ambiance.

C'est ce qui est arrivé hier.

Il pleuvait mais nous avons bien géré l'affaire , les chants des élèves de primaire ont eu lieu dans notre salle de motricité, calmement. C'était chouette.

Puis nous avons emmené nos petits élèves dans la cour de l'école primaire pour une bataille de confettis (sous la pluie) en passant sur les crises hystériques de larmes pour cause de confettis perdus c'était chouette aussi. Le "buffet" organisé sur deux tables, une pour les petits, une pour les grands a été apprécié (certains y ont mangé/baffé assez pour couvrir leurs besoins alimentaires de deux jours) , c'était chouette. Puis nous avons rassemblé nos élèves pour rentrer: retrouver et canaliser vers le portail les petits disséminés au milieu des grands, dans la grande cour, au milieu des poussettes, des parents armés de leurs portables prêts a faire feu pour un cliché trop mimiiiii.

Bref!

Nous comptons nos élèves.

Ok pour la première classe, ok pour la seconde.

Il manque une élève pour la dernière. Il manque une élève!!!!

La maîtresse confie les autres à sa collègue ATSEM, qui gère déjà les larmes d'un, la trépidation de l'autre, les plats à rendre absolument aux parents qui avaient préparé un truc à grignoter... La maîtresse confie les autres et se mets à la recherche de l'élève manquante. De l'élève disparue. C'est exactement le scénario catastrophe que redoute tout instit: perdre l'un des enfants qu'on lui a confié!
Heureusement j'ai aperçu la voiture d'une maman quitter la parking  (rendez vous compte, non seulement je connais tous les parents de tous les élèves de l'école mais aussi quelle voiture ils conduisent!) et donc j'ai un soupçon. Je discute avec ma collègue (en confiant mes élèves à ma collègue ATSEM, qui gère déjà les larmes d'un, la trépidation de l'autre, les plats à rendre absolument aux parents qui avaient préparé un truc à grignoter...) et c'est bien la fille de cette dame qui a disparu.
Je prends donc le téléphone (tout en gérant mes élèves) pour appeler cette dame, lui demander si sa fille est bien avec elle.
Elle l'est. Pas de problème, elle l'a ramenée, de toute façon c'était fini, non? Et blablabla... Elle me laisse pas en placer une. Je souhaite juste qu'elle entende qu'elle a semé la panique, qu'elle aurait du prévenir la maîtresse qu'elle reprenait sa fille. Mais blablabla, elle ne me laisse pas en placer une. Alors je monte le son, je parle plus fort. Et voilà qu'elle me demande de "baisser d'un ton!".
De baisser d'un ton.
J'ai mis le reste de la journée à décolérer. Et je suis sure qu'elle n'a pas compris l'inquiétude qu'elle a causé...
Elle ne connaissait même pas le nom de la maîtresse de sa fille, elle ne savait pas qui j'étais alors que je la salue tous les matins. Pour elle je ne suis, sans doute, celle qui "tient" la porte le matin...
Je suis fatiguée...