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lundi 16 mai 2016

La clef du coeur.

Cette semaine je me suis amusée à mélanger la consigne de l'atelier d'écriture Kaleïdoscope (Vous avez hérité de la part d'un  lointain cousin d'une clé ! Celle d'un coffre, accompagnée de ce mot " Dans les cas hasardeux, il faut brusquer la chance..." Vous bâtissez des rêves fous. Mais qu'allez-vous vraiment trouver à l'intérieur ?) et le tableau de Lavieko et cela donne:

"Dans les cas hasardeux, il faut brusquer la chance..."
Comme c'est étrange. Pourquoi est-ce que Louis considérait qu'elle devait brusquer la chance?
L'enveloppe qui porte cette inscription lui est adressée, il n'y a pas d’ambiguïté. Pourtant jamais Agathe ne s'en est remise au hasard, à la chance. Elle a toujours tout calculé, pour réussir. Depuis son entrée à l'école, pour faire plaisir à sa mère, attirer l'attention de son père, ils l'avaient conçue distraitement, l'élevaient de même, forts occupés d'eux-mêmes. Puis tout au long de ses études, qu'elle programma pour se distinguer, pour sortir du lot.
Et là, quelques jours après avoir vu son cercueil disparaitre pour la crémation elle n'a pas l'impression d'en avoir, de la chance...
Louis aussi, elle l'avait évalué, calculé, elle avait estimé, pesé son "potentiel" avant de l'épouser. Un mariage comme un montage financier, avec des avoirs, des déficits... Un contrat qui leur apportait satisfaction à tous les deux. Encore que...
Elle s'en rend compte maintenant, maintenant qu'il n'est plus, il a plus apporté, plus donné qu'elle dans cette association. Il semblait satisfait, serein, de leurs arrangements, tout comme elle. Il rencontrait ses amants discrètement, ailleurs, elle l’exhibait à son bras lors des mondanités nombreuses qui lui permettait de maintenir son rang. Elle appréciait sa présence.
Puis il est tombé malade...
Quand elle s'en est rendu compte...
Les larmes lui montent aux yeux... C'est par sa voisine qu'elle l'a appris, quand elle l'a interrogée, pleine de compassion, dans l'ascenseur... Il lui a expliqué qu'il avait sans doute été contaminé lors de rapports non protégés il y a longtemps, quand il était plus jeune. Il lui a proposé le divorce pour lui épargner "ça". Mais, non, elle ne voulait pas s'épargner ça, elle ne voulait pas qu'il disparaisse de sa vie.
Le Sida lui a ouvert les yeux sur l'amour qu'elle lui portait. Un curieux amour, platonique. Une amitié indéfectible.
Et voilà qu'elle se retrouve avec cette enveloppe étrange dans les mains. Lourde, l'enveloppe. Elle l'ouvre émue.
L'enveloppe contient une clef. Et une lettre.
"Agathe, mon amour, Tu le sais ma nature me portait à désirer ceux de mon sexe mais c'est toi qui fût l'amour de me vie. Ta carapace brillante s'est lézardée ces dernières semaines que tu as passées à mon chevet, je l'ai vu. Ton cœur n'est pas loin... Il a besoin, je crois, d'un peu d'aide pour te donner accès au bonheur. D'où la clef, la clef des champs, la chef des songes..."
"Dans les cas hasardeux, il faut brusquer la chance..."
Une clef sans serrure... Agathe ignore ce que Louis voulait qu'elle ouvre...
Et elle souffre de son absence. Vers qui se tourner?
Il lui a écrit "la clef des champs", serait-ce celle d'une maison à la campagne? Elle qui vit au sommet d'un immeuble moderne, sans verdure... Une maison douce, jaune, perdue au milieu d'arbres vénérables? Une maison posée au bord de l'eau, comme un rêve de lac magique. Une maison à remplir d'amis. D'amis qu'elle n'a pas. Que des relations...
 Tableau de William Chadwick
La clef des songes... Mais de quoi rêve t-elle en réalité? Arrivée au sommet, elle a tout, elle n'a rien. Elle n'a rien qu'elle souhaiterait emporter avec elle dans la maison jaune. Louis parti elle n'a n'a plus rien, ni personne.
Elle reste, la clef lourde dans la main, immobile l'esprit en roue libre. La clef... Il faut qu'elle trouve ce qu'elle ouvre. Il faut qu'elle trouve celui, ou celle qui connait la serrure.
"Dans les cas hasardeux, il faut brusquer la chance..."
Louis l'aimait, il la pensait capable de trouver le bonheur. C'est autour de Louis qu'elle le trouvera, surement... Ses amis, ses amants? Et faut qu'elle interroge celles, ceux qui venaient le voir le soir quand il ne pouvait se lever. Lola, grande folle, Gaspard, le fort des halles, Jeanne, la fleuriste, Robert, le bistrotier... Eux c'est sûr sauront quelle serrure ouvre la clef. Agathe aujourd'hui se sent prête à se remettre à la chance, à la brusquer même...

4 commentaires:

  1. Une histoire poignante et malgré les apparences une dame d'un certains courage. Le même avec lequel elle va repartir, s'en aller vers les rencontres, l'amitié, l'avenir.
    Très beau texte.

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    1. Merci... Je suis certain que Louis a raison Agathe va trouver la serrure du bonheur.

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  2. Quel destin ! Cet amour est fort, et une nouvelle quête commence pour cette femme : connaître cet amour avec sa part secrète pour trouver le bonheur.

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    1. Oui, tu as raison... Il y a un destin là derrière.

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