Maison au bord de la voie ferrée. Edward Hopper
Ce matin j'ai acheté la maison. Il ne me reste plus qu'à apprivoiser ma princesse...
Oh, que j'en ai rêvé!!! De ma princesse. J'étais sur qu'elle m'attendait.
Tout petit déjà, je ne voyais que les toits par dessus la crête du mur, je tordais le cou pour tenter de l’apercevoir. Les dénégations de ma mère "Il n'y a pas d'enfant dans cette famille! C'est leur grand malheur" ne me faisait pas changer d'avis! Elle habitait là derrière ces fenêtres élégantes, dans ces pièces surement immenses. Peut être dormait-elle dans la chambre haute?
Je grandis avec cette idée... Mon père grondait en me voyant roder le long des murs de clôture: "Va plutôt courir sur la plage et la jetée! Les vraies filles sont là!". Mais je préférais regarder flotter les rideaux quand il était temps l'aérer. Je regardais la maison se patiner...
J'entendis dire que le maître de maison était mort... Qu'il ne restait plus là que son épouse très âgée et leur fille depuis longtemps Catherinette. Mon ami Louis me demandait si c'était d'elle dont je rêvais...
J'étais sur... Avant de partir en ville pour mes études je tentais d'approcher les domestiques, un couple plus très jeune, mais je ne réussis qu'à me faire rembarrer.
Les dames de la maison vivaient recluses.
Il arrivait de les voir, le dimanche à la messe. Et certains jours de printemps marchant sur la grève sous le jardin en pente de la maison. Jardin rendu à la vie sauvage qui s’échevelait dans le vent.
La vieille dame mourut, je l'appris lors d'une de mes visites à mes parents et je me pris à rêver d'acheter la maison. Mais le notaire me découragea: "C'est un bien de grande valeur, qui se dégrade, mais est bien bâtit. Il ne viendra pas sur le marché avant des années, j'ai fait les papiers..." Je lui demandait de me prévenir quand même si la dame venait à décéder.
Cela arriva quelques temps après mon retour, mon installation dans la maison de mes parents. Mais je n'ai toujours pas pu atteindre le perron, la maison avait été léguée à la gouvernante...
Je lui ai envoyé une lettre. Lui expliquant que pour moi la maison avait une grande valeur... Que j'avais gagné de quoi lui rendre son faste perdu. Que c'était une maison pour une princesse...
Elle ne m'a pas répondu.
Alors j'ai écris encore. Souvent. Je lui ai dit mes rêves depuis mon enfance. Je lui ai parlé de ma princesse rêvée...
Et un jour... Elle m'a fait venir.
J'ai pu franchir le portail, de guingois, monter les marches, vermoulues, et actionner le heurtoir, un fine main baguée, pour entrer de plain pied dans mon fantasme!!!
La maison sentait la poussière et la rose...
La maison était fanée, comme séchée.
Elle était silencieuse.
La gouvernante était âgée, fatiguée, comme la maison. Mais bien droite dans son fauteuil délavé elle m'appris que mes lettres l'avait touchée. Quelle souhaitait partir et qu'elle était prête à me céder la maison mais à une condition.
A condition de m'occuper de "la princesse". La princesse cachée... Depuis sa naissance, honteuse, fruit d'un horrible inceste... La princesse différente. Ailleurs. Qui jamais n'a parlé...
J'en suis resté sans voix.
Puis j'ai demandé à la voir... J'ai entendu un froissement et je l'ai aperçue. Furtive. La gouvernante m'a dit qu'elle aimait la musique. Et dessiner. Et regarder la mer...
Alors j'ai acheté la maison. Il ne me reste plus qu'à apprivoiser ma princesse...
Un vrai conte. Qui sait si le baiser de l'acheteur ne transformera pas la Princesse différente en très belle jeune fille... Parfois, cela fait du bien de toucher du doigt ses rêves !
RépondreSupprimerOui, l'histoire reste à écrire...
SupprimerUn conte de fées, je pense comme Lakevio, un baiser peut tout transformer.
RépondreSupprimerBeaucoup d'amour...
Supprimerc'est très beau, cette image a bien inspiré tout le monde...
RépondreSupprimerC'est gentil. Oui c'est une image inspirante!
SupprimerOui, un très joli conte, on se prend à rêver que la princesse va devenir une belle jeune femme !
RépondreSupprimerCe serait bien...
SupprimerJe me pââââme!! J'adore Hopper!! (et ton histoire aussi!!) :-D
RépondreSupprimerHi, hi, hi... ;-)
Supprimermoi aussi j'aime les tableaux D'Hopper. Et j'aime énormément ton histoire ! ;) Mais tu as le don de nous laisser sur notre faim ! :D
RépondreSupprimerMerci. Pour ta faim... Heu...
SupprimerQuel joli texte ! Une vie à attendre et découvrir un autre trésor insoupçonnable. La patience est de mise pour apprivoiser la princesse et cet homme en est pourvu : la suite sera heureuse...
RépondreSupprimerOui, je suis sure qu'avec de la patience...
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