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vendredi 17 janvier 2014

B comme boulot...

Je n'en ai jamais manqué... 
Je veux dire par là que j'ai eu la chance de n'avoir jamais eu à vivre de période sans, de période de chômage, de période de recherche. Je n'ai même pas terminé mes études avant de commencer à travailler!
Et puis malgré ce qu'il se raconte sur les instits, toujours en vacances, ces fainéants de fonctionnaires qui se la coulent douce, je n'en ai jamais manqué... de travail...
A part lors de mes congés maternité (je sais de ce coté j'ai "légèrement" abusé, hi, hi, hi!!!) il n'y a pas eu d'interruption de service! Je suis passée de suppléante éventuelle, timide, angoissée, crispée,
débordée à directrice décomplexée et quasi sereine... Moui... Le seul trait commun entre l'instit de 19 ans en ZEP à Wazemmes et la directrice d'école à trois classes du fin fond du Loir et Cher c'est la fatigue... La fatigue et la passion... Accorder son attention à tous et à chacun, en même temps... Jongler avec les objectifs à atteindre et "partant" d'individus
différents, avec des vies diverses, des cultures familiales distinctes... Avec des langages différents, des codes plus ou moins élastiques... Tenter avec nos moyens matériel (grandement variés suivant les communes), avec le peu de formation reçue (il y a des années que la formation continue a quasi disparu et de nombreux instits ont été jetés "dans la mêlée" des classes sans formation autre que l'accumulation de "contenu")...
Tenter de donner à nos élèves les moyens de devenir des citoyens éclairés (Je sais, ce n'est plus d'actualité, d'apprendre à raisonner, plus vraiment dans les programmes) c'est juste notre raison d'exister en temps qu'enseignants, non? Il est toujours à l'ordre du jour, de plus en plus essentiel, de tenter de "gommer" les inégalités qui se creusent. Et pour cela, cahincaha, au milieu des
réformes sans cesse renouvelées, sans concertation de la base (trop les mains dans le cambouis, pour avoir le recul nécessaire, la base, pour être intéressante à entendre...) de la part du sommet (très très haut le sommet!!! Avec plein d'idées... d'économies) nous essayons de faire avancer le chmilblick.
Nous sommes créatifs... 
Nous nous concertons (bien au delà du "forfait école", 24 heures/année pour les conseils des maîtres, conseils de cycles, liaisons inter-cycle/avec le primaire et réunions de parents (Hein? Seulement? Recevoir les parents de chacun de nos élèves au moins une fois par an, pour ceux qui "roulent" sans difficultés particulières, et ce cota est largement dépassé!)).
Nous nous auto-formons en informatique, en langue, en premiers secours, en gestion de crise, en gestion de groupe, en psychologie familiale, enfantine, parentale, d'urgence.
Nous sommes créatifs...
Nous inventons chaque jour de nouvelles méthodes, de nouvelles expériences, de nouveaux
outils (en ce moment et depuis... 3 ans!!! nous élaborons un cahier de progrès qui déchire!). Nous refusons l'encroutement! 
Et tout cela avec les dalles de plafond, gorgées d'eau qui tombent et le chef des travaux qui traine les pieds, avec la paperasse, la paperasse, la paperasse, avec les coups de fils du matin (ou en cours de matinée): "Il/elle est malade, il/elle a la 
gastro/la varicelle/une rhino/un truc bizarre et très grave (de mon point de vue de parent)/une rage de dent (pourtant j'vous jure, même on s'est croisé dans ce rayon au magasin, il/elle ne mange pas de bonbons)" ou "J'me suis pas réveillée, c'est la peine que je vous l'amène?" Tout cela avec les mamans qui refusent de grandir:"Bonne matinée mon bébé, soit sage, laisse la "susu" dans le sac,
 maman te laisse pas longtemps, tu feras ton petit dodo à la maison"... Avec les papas débordés: "Je ne sais pas comment vous faites, il/elle est infernal(e)!!" Oh? Allez, hop, les parents, venez donc, voir par ici comment cela ce passe. Venez donc voir par ici comme vos enfants sont capables! Venez donc voir par ici nos "méthodes"
(et au passage venez donc voir par ici que nous ne sommes point des fainéants...)! Oui, oui et mes petits élèves, qui grandissent, qui apprennent, qui chantent, qui jouent, qui expérimentent, qui écoutent (ou pas), qui regardent, qui enregistrent (même s'ils font semblant d'être ailleurs, même si pendant ce temps là ils tripotent les cheveux de la voisine, les velcros de leurs chaussures et/ou mâchouillent leurs lacets), qui aiment les cheveux bleus ou roses de l'ATSEM, le collier ou la robe ou les bottes de la maitresse... Et puis: "Hein, c'est pas beau les gros mots? Mon papa y dit des gros mots" et encore "Papamaman Ouaf, ouaf! Mam mam..." (même avec le décodeur...?) et aussi "Le père Noël y m'a apporté un vélo/une poupée qui pleure/un ours qui pête/une tablette" et "Il va neiger, hein, maîtresse? On est en hiver..."
Cette confiance...
Alors voilà, du boulot, je n'en manque pas... Mais j'aime ça!

12 commentaires:

  1. ce matin en accompagnant Marjane qui s est déguisée en arrivant; pour répétition de " pestacle" de fin de mois, je lui ai dit "bonne journée Marie Antoinette!!" je crois bien que j ai "un truc" contre les princesses et le bêtifiage (ça existe?,)!!!
    oh que oui ton Boulot n est pas qu une histoire d'enfants...

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    1. Oui, je ne suis pas fan des princesses et du rose mais les filles semblent toutes en passer par là...
      Non, il n'y a pas que des histoires d'enfants, en effet!

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  2. Oui et alors ?17/01/2014 10:24

    Un B lié à mon boulot..... BILAN !!

    Bonne journée

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  3. Tu parles si bien de notre métier !!! :D Jolies images !

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  4. J'aurai tellement pu écrire cet article (mais sûrement pas aussi bien), les mêmes journées (tellement chargées) de directrice d'école non déchargée ; il faut savoir être polyvalente et surtout multitâche. Cet article devrait être lu par tous les parents d'élèves et je suis sûre qu'ils auraient un autre regard sur notre métier.

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    1. Bien. Bien... Je suis contente d'avoir su raconter, dire notre métier. Oui, multitâche... les parents nous les invitons en entrer et à vivre la classe.

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  5. Comme c'est joliment dit ! Oui c'est un métier de passion, heureusement et j'admire ta passion intacte depuis toutes ce années.

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