08/01/19
En lui écrivant peut-être?
Monsieur le ministre,
En lui écrivant peut-être?
Monsieur le ministre,
Je suis l'une des directrices qui font tourner la machine école avec mes collègues adjoint-e-s, je suis aussi, pour
l’essentiel, une professeure des écoles (1/4 de décharge pour 5 classes)
et j'ai écouté, ce dimanche matin, votre intervention sur RTL.
J'avais déjà regardé votre vidéo de vœux et j'étais restée sur ma faim.
Sur ma faim de reconnaissance.
J'attendais
donc un mot de votre part sur l'amélioration de nos conditions de
travail, j'ai entendu suppression de poste. Alors que c'est de moyens
humains, plus de maîtres que de classes, un vrai RASED dans chaque
école, dans toutes les écoles, dont nous avons besoin pour réussir.
J'attendais
une décision de revalorisation, de remise à niveau de mon salaire. J'ai
entendu heures supplémentaires,"travailler plus pour gagner plus",
alors que nous travaillons bénévolement jusqu'à plus soif, bien au-delà
des 108 heures qui nous sont imparties. Ajouter des heures aux heures,
encore et encore?
J'ai
entendu désocialisation de ces hypothétiques heures supplémentaires.
Elles ne compteront donc pas pour notre de plus en plus lointaine
retraite.
Vous annoncez un observatoire du pouvoir d'achat.
Que
souhaitez-vous observer? Interrogez vos services, ils vous diront ce
que nous avons comme pouvoir d'achat. Lisez les études de l'OCDE, elles
vous diront où se trouve notre pouvoir d'achat. Ce qui n'est pour vous
qu'un coût est notre pouvoir d'achat. Ne dépensez pas notre argent en
études et observations. Nous pouvons vous dire, nous, que nous sommes
déclassés.
J'ai entendu que vous nous écoutez.
Vous aviez même l'air sincère.
Cela a été pour moi, pour beaucoup d'entre nous, une humiliation de plus.
Vous nous écoutez dites-vous?
Moi je vous dis que vous ne nous entendez pas.
Sans doute parce que vous nous écoutez à travers le matelas de la hiérarchie (pas de vagues).
Sans
doute parce que vous êtes bien loin de notre réalité. Une visite de
quelques minutes dans une école, préparée, peignée, lissée, une
discussion entre deux portes avec un-e enseignant-e est une vision
faussée de la réalité.
Parce que la réalité, Monsieur le ministre, c'est que nous nous sentons comme une bouée abandonnée en pleine mer.
Dans les quartiers, dans les campagnes, derniers représentants des ruines du service public.
Seuls,
et sans aide, face aux besoins toujours plus prégnants de nos élèves,
assistantes sociales, orthophonistes, psychologues,
psychomotricien-ne-s, médecin scolaire, médecin de ville, disparut dans
la machine à mouliner la société ces dernières années.
Seuls
face aux parents de plus en plus perdus, de plus en plus souvent
agressifs, confrontés à la violence sociale de la société actuelle.
Nous
nous sentons comme une bouée abandonnée en pleine mer, pas de médecine
du travail, pas de gestion des ressources humaines, pas de formation
continue de qualité (formations au rabais, imposées, sans relation avec
nos besoins), outils inadaptés (matériel personnel, LSU imposé,
chronophage et inutile pédagogiquement, magistère désespérant,
évaluations nationales détachées de la réalité d'une classe,
chronophage, inutilisables...), hiérarchie au mieux inexistante, au pire
infantilisante.
Vous ne nous entendez pas.
Vos
consultations, questions fermées, questionnaires à remplir pendant les
vacances, sont une insulte à notre intelligence, à notre expertise.
Vous
dites votre grande estime pour les professeurs et vous nous assenez des
changements de programmes (appelez cela comme vous le souhaitez, vous
ne leurrez personne) pendant l'été.
Vous
dites votre grande estime pour les professeurs et vous nous faites
parvenir vos injonctions à de grandes innovations (croyez-vous
réellement avoir inventé le fil à couper le beurre avec une dictée par
jour, une chorale dans chaque école, la disparition de la méthode
globale (la méthode globale!!! Plus de 30 ans que chaque ministre
l'agite sous le nez des parents pour détourner leur regard de la
disparition des aides)?) par voie de presse.
Par voie de presse.
Vous
dites votre grande estime pour les professeurs et vous laissez des
élus, des journalistes, dénigrer notre fonction, notre mission, en
colportant encore et encore la caricature de l'enseignant fainéant et
nanti.
Vous appelez la bienveillance de vos vœux.
Nous n'attendons que cela.
Je reste à votre disposition pour plus de précision de ce que nous, professeurs des écoles, directeurs, vivons au quotidien.
Salutations sincères.
3/05/17
Madame
la vice présidente de la communauté de l’agglomération
Territoires xxxx,
j’ai eu froid. J'ai été déçue,
contrariée même. Habitante de xxxxx, travaillant à xxxxx, je
fréquente, j’utilise la médialudothèque Agora Braye. J’y vais
chaque semaine, avec ma fille de 10 ans, elle y trouve lecture à sa
mesure, découvre des jeux, et leurs règles, qu’elle ramène à la
maison pour jouer avec son père, elle participe à des ateliers
créatifs avec des enfants de son âge venus de xxxxx, d’xxxx,
de xxxx, de xxxxx (Nous sommes quelques mamans à organiser des
covoiturages pour profiter de cet équipement exceptionnel). Mes fils
ados, étudiants, font parfois l’effort de sortir de leurs devoirs,
de leurs jeux, pour partager avec d’autres des moments conviviaux.
Et que dire, en tant qu’enseignante, du bienfait que la médiathèque
à apporté? Je suis professeur des écoles à xxxx depuis 26 ans,
directrice de l’école maternelle depuis 16 ans. La médiathèque a
donné aux écoles de xxxx une bouffée d’oxygène, un accès à
la culture à portée de rang. Nous avons développé des projets
communs. Travaillé à amener les familles les plus éloignées de la
lecture, de la culture, souvent en difficulté dans le suivi de la
scolarité de leurs enfants, à la médiathèque. Et un travail de
dépistage de illettrisme, d’aide est fait. Depuis deux ans l’école
maternelle participe à Graine de lecteur, De façon autonome, étant
loin de xxxx, loin de la CAF. L’investissement de tous est
réel. Soirée pyjama, fête du livre. Et tout ça pour avoir froid.
Ce
samedi, j’avais préparé, en tant que bénévole, un atelier
d’écriture pour amener toujours plus d’habitants de notre petit
coin à venir, à rester à la médiathèque, à prendre du plaisir à
la culture. J’avais des « candidats », des gens avaient
envie de se réunir autour de ce nouveau projet à long terme. Mais
ce ne fût pas encore pour ce samedi !!! Cet atelier devait déjà
commencer il y a un mois, mais la médiathèque n’avait plus
internet, pour en faire la « réclame ». Faute d’une
signature, une « histoire » de fournisseur d’accès et
de fusion des communauté de communes… Plusieurs semaine sans
internet (Moi je suis nantie, j’ai internet à la maison, j’ai
fait bonne fortune bon cœur, j’ai pris patience, j’ai considéré
que c’était un de ces aléas stupides comme il arrive parfois par
manque de communication). Internet a été rétabli. L’atelier a
été reprogrammé. Je l’ai préparé, contente, impatiente de
rencontrer ceux et celles qui aimaient, qui aimeraient écrire à xxxx. Mais la médiathèque n’avait plus de chauffage ! Et
plus d’agent technique pour s’en occuper. Celui qui est parti n’a
pas été remplacé.
La
médiathèque était fermée. Les parents que nous incitons à y
aller, les enfants ravis de jouer, de lire ou d’écouter des
histoires, les bénévoles dévoués qui couvrent les livres, les
rangent, les lecteurs de tous âges et de tous poils, habitants du
territoire, restent à la porte. Il y faisait trop froid.
Je
me doute bien que dans vos fonctions et avec l’ampleur de la
communauté vous n’êtes pas au courant des petites misères de la
médiathèque Agora Braye mais il m’a semblé que vous étiez le
plus à même de nous aider à rendre au secteur de xxxx, à ses
habitants, leur lieu de culture, de rencontre, de convivialité.
Cordialement.
18/05/17
"Monsieur le ministre,
Vous êtes tout neuf dans votre créneau, le notre en fait, l'éducation nationale, alors j'aurais tendance à user d'indulgence, de patience et à espérer que vous appreniez de vos erreurs.
C'est mon métier, partir des acquis, des pré requis pour assoir des apprentissages, faire évoluer, faire progresser... Oui, c'est mon métier, contre vents et marées, au milieu des réformes à hue et à dia. A chaque changement de gouvernement, de ministre... 30 ans pour moi que j'enseigne. En primaire, et maternelle, en ZEP, en zone rurale défavorisée.
Avec pour "fond de commerce", des contenus (toujours plus nombreux) mais surtout de la "matière" humaine! Au centre de mon métier il y a, toujours, les élèves. Des heures de préparations, de réunions d'équipes, d'heures de classes, de rendez vous particuliers, de la création de modalité d'accueil de tous, ils sont l'essence de notre mission...
Les élèves et leurs parents. Et, je l'espère, vous n'êtes pas sans ignorer que la vie n'est pas simple pour ces parents. Que souvent l'école est le seul lieu où ils touchent du doigt l'institution... Où leur ressentiment, leur frustration s'exprime parfois.
Donner aux parents, aux élèves, une bonne image de l'école, de ses professeurs est une tâche quotidienne qui n'a nullement besoin d'être sapée par maladresse, incompétence ou calcul!!!
Je sais que le buzz est passé. Que déjà les journalistes sont passés à autre chose. Mais, d'expérience, les mauvais mots, les mauvais gestes laissent souvent des traces plus durables que les bons.
En tripatouillant la date de la rentrée, pour des raisons informatiques (!!!), en laissant dire que c'est une fleur que vous faites aux pauvres professeurs lésés d'un jour de congé en août (pour les ramener dans le giron de votre camp?), vous nous avez fait passer pour des branquignoles, des nantis jamais contents , toujours en vacances (et qui en redemandent)...
Et je crois que le personnel dévoué de l'éducation nationale, qui pallie au mieux la pénurie de remplaçants, s'autoforme faute de formation continue, accueille tous les enfants, tous les handicaps (sans formation spécifique, avec des AVS précarisés, non formés, quand la MDPH en attribue, quand le pôle emploi arrive à en recruter...), ne méritait pas ça! Nous nous débattons déjà la mise en place de la réforme des rythmes scolaires, un vingtaine d'heures de réunions ces derniers mois pour tenter de faire le moins de mal possible à nos élèves avec cette usine à gaz mal conçue...
Nous n'avions rien demandé!!! Dés mi août les instits sont dans leurs classes!!!
J'ignore quel était l'objectif de la manœuvre mais vous avez réussi à hérisser ceux qui loin des hauteurs où vous flottez, M le ministre et vos huiles associées, sont dans la mêlée, au charbon.
Alors ma patience, s'efface... Monsieur le ministre: peut mieux faire!!!"
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