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dimanche 29 novembre 2020

Projet 52/2020: le 5éme élément.

Projet photo avec Virginie

Et cette semaine Virginie nous propose le 5éme élément, astre ou amour.

Cette nuit je pensais à cette consigne (j'ai bien dormi, en début de nuit, assommée par le médoc contre la migraine et l'épuisement dû au stress. L'une comme l'autre provoquée par le malaise de Gilles, pendant la promenade qui nous a inquiétés suffisamment pour appeler le Samu qui l'a fait transférer, pour quelques heures, à l'hôpital, pour des examens, mais en fin de nuit, vers 5 heures, c'était terminé, la pleine lune, même couchée, à grillé la fin de ma nuit) (plus ça va plus je digresse, c'est grave docteur?) et je me demandais comment prendre le problème...

Puis, un fois en bas, déjeunant avec les deux chiens espérant un reste de gamelle à nettoyer (je range la cuisine (ce qu'ils n'ont pas rangé) quand je suis tranquille) et le ciel s'éclaircissait et se colorait.

Voilà l'astre!

Oui, le soleil est un élément essentiel! 

Mais je suis prête (si vous êtes capable de me supporter râler à cause du froid) à me passer de soleil pourvu que j'ai l'amour.

 Ce 5éme élément sans quoi rien n'a de goût, d'odeur, de saveur, de musique et d'éclat.

N'est ce pas?
 

samedi 28 novembre 2020

Aller de l'avent.

Ok, pseudo confinement et emmerdements quotidiens. 

Fatigue, journées courtes et très pleines de bruits (classe pas facile, beaucoup de souffrance, de choses non réglées, non exprimées).

Migraines à répétition (ma collègue Accompagnante d’Élèves En Situation de Handicap qui me dit: "C'est souvent, non?").

Tenir la barre du bateau école au milieu des vents contradictoires, dans les vagues d'une éducation nationale sabordée par son ministre.

Et à la maison inquiétudes pour Gilles...

Se projeter n'est pas aisé.

Mais, dans deux jours, nous allons basculer dans le mois de décembre.

Dans le mois de Noël. Et, soyons fous, ce sera un beau Noël!

Et pour le préparer en beauté je propose de reprendre un défi que j'avais lancé il y a quelques années: la calendrier de l'avant, en photo et en histoires.

Un post par jour du 1er au 24.

Je propose donc:

  1. la lettre au père Noël
  2. La liste "à prévoir"/"A faire"
  3. Le sapin
  4. Le toucher
  5. La naissance
  6. Anecdote de Noël
  7. Le repas: l'entrée
  8. Souvenir
  9. L'ouïe
  10. Noël vu par...
  11. Tradition familliale
  12. Les aléas (ou quand ça ne veut pas...)
  13. Noël en 2050
  14. Le repas: le plat
  15. Faire plaisir
  16. L'odorat
  17. L’atelier du père Noël 
  18. Le repas: le dessert
  19. Fiction de Noël
  20. La vue
  21. Il neige
  22. L'interview du père Noël
  23. Noël en poésie
  24. C'est la fin, repos du guerrier

Vous en êtes?

 

mercredi 25 novembre 2020

Passer les dos d'âne?

Hier, mardi, nous (Emma, en stage AESH, et moi) sommes allées à l'école dans le brouillard givrant. Nous laissions à la maison, Clovis, malade, Arthur, pas encore en formation/apprentissage, Gilles et Victor, qui se préparaient à partir pour la grande ville où Gilles devait passer un test d'effort là où a été soigné.

J'étais en classe et nous travaillions sur l'heure. Presque tous. Parce qu'il y avait aussi celui qui estimait que c'était l'heure de finir sa nuit, celui qui se pensait à l'heure des arts plastiques et décorait de dessins porno le cahier de sa voisine, et cet autre qui estimait que tout le monde était contre lui, tout le temps...

Un jour de classe cool quoi.

Et pas qu'en CM1 puisque ma collègue m'a amené celui qui a tout balancé dans sa classe parce qu'il estimait qu'il avait raison de réagir par des insultes à une soit disant injustice (un qui est passé devant lui, ou qui ne lui a pas "obéi"...).

Et le téléphone de l'école qui continue à sonner (que je refuse désormais de décrocher quand je suis en classe et... Pas de message. Jamais de messages).

Et le portail à ouvrir...

Ils sont en train de se re re laver les mains s’apprêtant à aller manger quand je reçois un coup de fil de Victor. Sur le portable.

Il m’appelle pour me prévenir qu'il n'a plus que 1% de batterie et que Gilles n'a pas son portable (comme d'hab) mais qu'il vient d'avoir Clovis.

?

Victor est sur le parking de la clinique (pas question d'entrer, protocole Covid oblige: si dans dix ans quelqu'un lit cela il va nous prendre pour des fous. J'espère) où Gilles a fait un malaise à la suite de son test d'effort.

Comme il n'a pas son portable la clinique lui a demandé le numéro de tel de sa femme. Il ne le connait pas. De son fils (qui est sur le parking). Il ne le connait pas. Ils ont appelé à la maison où Clovis a répondu. Puis prévenu Victor. Qui me prévient.

 A priori rien de grave, malaise vagal. Mais ils font des examens complémentaires, une prise de sang. Ils le gardent un peu (une heure ou deux).

Ok. Je laisse Emma surveiller trois zozos qui ont tellement utilisé leur temps à brasser de l'air qu'ils n'ont pas terminé de copier le compte rendu de sortie (c'est chiant, en fait, les sorties, puisqu'à la fin on écrit...) et j'amène mes élèves au portail. Et j'essaye de joindre la clinique:

Je tombe sur l'habituel robot. Qui fini par me remercier de mon appel et raccroche. Merci M le robot.

Je libère mes forçats du compte rendu et nous quittons l'école pour aller manger chez Colette (point 4 de l'attestation de déplacement; si dans dix ans quelqu'un lit cela il va nous prendre pour des fous. J'espère).

Je tente, encore, et encore, de joindre quelqu'un à la clinique.

Je tombe sur l'habituel robot. Qui fini par me remercier de mon appel et raccroche. Merci M le robot.

Nous mangeons. Mais pas sereinement... Je reçois un sms de Suzanne, au collège: elle a mal à la tête, il n'y a pas d'infirmière.

Nous repartons à l'école sans que le robot n'ait cédé la place à un être vivant.

Je reprends mes appels une fois à l'école, pendant que les élèves arrivent et le robot me passe enfin quelqu'un. Mais pas dans le bon service (en fait il fait comme mes élèves, il n'entend que la moitié de la consigne: pour lui "Urgence cardiaques" c'est "Urgence". Un robot ça a 8 ans d'âge mental, en fait). Cela aurait trop beau! Musique d'attente...

Je finis par pouvoir parler à un infirmière qui confirme que Gilles est bien là, qu'ils attendent les résultats des analyses de sang, qu'il y en a encore pour un peu de temps. Que ce n'est pas inquiétant (il était temps de le savoir, j'étais un peu... tendue).

J’appelle Victor, qui se gèle dans la voiture (et ne peut se distraire avec un jeu ou une vidéo puisqu'il a moins de 1% de batterie sur son portable), je lui donne des nouvelles, lui explique dans quel service se trouve Gilles et je reprends le travail. 

Je reçois un sms de Suzanne, au collège: elle a toujours, encore mal à la tête, il n'y a toujours pas d'infirmière (collège de 600 élèves).

Je reprends la classe, nous travaillons sur l'heure (second groupe), le téléphone sonne, il faut ouvrir le portail...

Suzanne envoie un sms.

Et Victor me prévient enfin (je me précipite pour prévenir Emma): Il a récupéré Gilles (il est 15h), ils vont pouvoir manger (il y a de quoi faire un malaise de manger si tard, non?) et rentrer. 

Comme nous l'avons fait, sans trainer, dès que les gamins sont repartis avec leurs parents (à voir le parking jamais on ne croirait que nous sommes confinés) ou avec le car.

Gilles se reposait, pas d'inquiétude, mais d'autres examens à venir.

Victor, téléphone rechargé, attendait Emma pour le footing (point 6 de l'attestation; si dans dix ans quelqu'un lit cela il va nous prendre pour des fous. J'espère).

Suzanne est rentrée, "Oh, vous êtes déjà là?", avec mal à la tête, mais après avoir fait sa journée. Tout comptes faits.

Et Clovis va mieux...

 

lundi 23 novembre 2020

Ce qu'ils ont raté.

Il y avait rugby (à la télé)... Pour Gilles.

Et skate, pour Suzanne, dans un rayon d'un kilomètre, pour une heure (renouvelable).

Alors ce dimanche après midi, contrairement à samedi nous ne sommes pas sortis tout les trois.

Arthur est resté scotché à sa partie en ligne, Victor et Emma étaient ailleurs (pour motif familial impérieux) et Clovis était confiné chez Rachel.

Alors j'ai pris la clef des champs seule.

Au départ en ronchonnant un peu: si j'avais su je l'aurai faite à la fraiche (très fraiche, il aurait fallu gratter les parebrise pour partir en voiture), au petit matin la lumière était belle et le gel magnifiait le paysage.

(je suis passée là ou nous sommes embourbés avec la Dyane au mois de mai 2001 quand, impatients de faire naître Clovis nous avions fait un tour dans les chemins (sans résultats autres que de crotter le voiture et ceux qui avaient poussé (pas moi)). Le terrain est toujours boueux, presque 20 ans après)

En fait, en ce milieu d'après midi, la lumière était somptueuse.

Chaude.

Et les contrastes forts photogéniques.

Et puis j'ai marché à mon rythme.

Apercevant de loin d'autres marcheurs.

Dans un vrai silence de confinement.

Un silence de dimanche sans chasseurs (ils s'en sont donné à chœur joie la veille).

Quais sans voitures, sans motos et sans avions.

Avec le chant, les cris, des oiseaux.

Et le soleil a basculé derrière la crête...

La nuit s'est annoncée...

Rose.

 Orangée.
 Par friselis.

Comme une vague.

Un rêve rose.

Qui m'a ralenti.

Et qui m'a fait penser, dommage, ils ont raté ça.
 

dimanche 22 novembre 2020

Projet 52/2020: la famille.

Projet photo avec Virginie

Et cette semaine Virginie nous demande: "la famille ça vous parle?"

Et bien...

Quelle question!

Les fêtes qui se profilent sont habituellement familiales, tribales, avec trois générations réunies pour une soirée dans la, grande, maison de l'un ou de l'autre. Une année les Allet, une année les Richez.

Cette fois-ci... Ce sera plus nucléaire...

Sans doute juste les Allet du Loir et Cher. Et maman pour qui il est hors de question (pour nous non plus plus) de rester seule pour Noël. Quelques soient les restrictions sanitaires. Il restera de la place pour qui se trouve seul dans le coin...

D'ailleurs quand Gilles est rentré nous avons fait clan. Nous avons passé la soirée, à manger, à rire, à se charrier (à nous charrier, nous les "vieux"), à se soutenir, à s'aimer tels que nous sommes.

Les uns pour les autres, les uns avec les autres.

Oui, famille, ça me parle. Beaucoup, tous les jours.

Et mon ex collègue qui traînait dans le coin (case 2 cochée, mon voisin est un ex charcutier. Entre ex on s'entend) et qui en a profité pour tailler le bout de gras (ça tombe bien quand on vient de se ravitailler en rillons) devant notre portail de dire: "Ben oui, toi, tu aimes avoir une maison pleine!".

Oui... Sans doute. Famille...

 

samedi 21 novembre 2020

Bonnes nouvelles! Et autres, petites, contrariétés.

Cette semaine j'ai écrit au président de la république et au ministre de l'éducation nationale. 

Par la poste et, parce que je suis droite dans mes bottes, par la voie hiérarchique (pour le ministre).

Je l'ai déjà fait, il y a quelques semaines (écrire au ministre), pour demander que le temps passé à gérer la crise nous soit honnêtement payé. Je n'ai reçu aucune réponse personnelle et il a été annoncé 450€ en tout (ce qui ne me semble pas à la mesure du temps effectué). Et ma hiérarchie directe n'a pas moufté. Pas une vague.

Cette fois-ci nous sommes nombreux (une "taupe" au ministère nous a envoyé une photo des bacs de courriers plein de nos missives) et nous avons pu mesurer, en temps réel, les différentes réactions de nos inspecteurs/inspectrices sur le groupe facebook où nous épaulons.

Il y a eu celle qui, affolée, a appelé la directrice pour lui dire de prendre soin d'elle, de ne pas faire de "bêtise" (genre comme Christine Renon).

Celle qui a envoyé un dessin qui expliquait, de façon très pédagogique, qu'il fallait faire la part des choses (ce que je maîtrise, ce que je ne maîtrise pas).

Celui a convoqué (Gloups!) le collègue directeur dans son bureau "pour discuter".

Il y a ceux/celles qui ont ajouté leur grain de sel, approuvant, soutenant leurs directeurs/directrices.

Et ceux/celles qui... Rien.

Pas un signe.

Ok, on va dire que je suis habituée.

Et que je n'ai pas besoin d'autre soutien que celui de mes collègues.

Je reçois déjà tant de respect et de considération!!!
 
Ce jeudi j'avais une journée de décharge supplémentaire. On me la devait de l'année dernière et je l'avais réclamée ayant 5 comptes rendus de réunions d'équipe éducative à taper. 
 
Est arrivée une collègue qui travaille à 80% et qui doit des jours. 
Elle avait préparé sa journée (elle était venue mardi soir, tard, et on avait vu ça ensemble). 
 
J'ai attaqué mes comptes rendus.
Quand, à 10 heures la secrétaire de l'inspection m’a appelé (pourquoi ai je décroché? Quand je suis en classe je ne le fais plus!): 
 
La collègue doit retourner dans sa classe (où elle ne va jamais le jeudi), je dois reprendre la mienne... Ordre (elle a dit "ordre") de l'inspectrice.
Voilà, la collègue a préparé son après midi, elle peut jeter ce travail aux orties.
Je n'ai tapé qu'un compte rendu, m'étais penchée sur d'autres dossiers urgents (depuis des jours).
 
J'ai repris ma classe.
Et l'on m'accorde, bonne nouvelle (!), généreusement, une matinée la semaine prochaine, pour finir ce que j'ai commencé. Si la remplaçante n'est pas envoyée ailleurs...

Süta très concentrée. Avez vous ses yeux?!

Les oiseaux ne la voient pas à cause du film que nous avons posé sur la vitre.

Bonne nouvelle, la vitre est solide, elle protège efficacement les piafs quand l'instinct submerge Süta et la jette à l'assaut des volatiles.

Et, bonne nouvelle, encore, c'est le week-end.

J'étais rentrée, pas trop tard, quand je reçois un message WhatsApp de ma collègue qui s'interroge sur ce que j'ai noté au tableau.

1er juin? J'ai vraiment écrit ça?!!

Je ne me rappelle pas... Mais peut-être... Un acte manqué?

Nous en rions, passer 6 mois...

Et l'une de mes collègues se rend compte que c'est elle qui se projette aussi loin! 

Bonne nouvelle, je ne suis pas sénile.

Et... Même si l'année 2020 n'est pas terminée, il reste encore 6 mois avant le mois de juin!

C'est une bonne nouvelle aussi, non?


jeudi 19 novembre 2020

La quille.

Ses sacs étaient prêts. Depuis mardi midi. Quasi.

Il a encore couru, il a encore fait des exercices.

Pendant que nous préparions son retour.

En milieu de matinée le colis espéré est arrivé. Un sommier pour le lit que Colette nous a donné. Un vrai grand lit. Pour remplacer celui qui nous a accueilli collés serrés pendant plus de 30 ans (un lit d'une place et demie qui a perdu son charme depuis que, ménopause oblige, j'ai parfois des bouffées de chaleur).

Les garçons, Arthur et Victor, ont démonté le vieux lit (très vieux lit, qui fût celui de mon père enfant. Et peut-être, aussi, celui de la génération précédente).

Et nous avons retourné les planches qui servaient de fond.

Et qui ont longtemps servi de tableau secret aux garçons...

Nous y avons découvert que Victor était très fort pour écrire en miroir, son prénom et celui de Clovis, son petit frère tout neuf (la date était sur les crayons/tampon gagnés lors de sa première fête d'école, en 2001). Il avait trois ans...

Il y avait aussi le chevalier terrassant le dragon d'Arthur et Simon. Un soleil (ou une horloge?).

De belles histoires sous... lit terraire. N'est ce pas?

Arthur a installé le nouveau sommier sur le lit, avec Victor ils ont placé le matelas et...

Photos à l’appui, l'essai n'a pas été validé!

La barre centrale à cédé au niveau d'un nœud bien mal placé.

J'avoue que c'est vexée que j'ai dû me coucher hier dans un lit provisoire. Mais avec Gilles!

Que nous sommes allés chercher, Victor (qui n'aurait pas pris cette route, qui aurait voulu prendre le volant, qui... ) et moi.

Gilles qui était heureux de retrouver sa maison (qui a trouvé la route bien longue, qui a approuvé Victor. Pour l'itinéraire), ses enfants (Clovis: "Ho! T'es là? Ça va?", Suzanne et son câlin et Simon: "Tu m'as manqué, quand même(!!)"), son chien (qui a fait comme s'il n'était pas parti, le bougre!).

Retour fêté, comme il se doit, avec les sushis maison (entre autres). 

Gilles, le roi de la soirée!
 

mardi 17 novembre 2020

L'appel du 18 novembre

 Appel des directeur harassés. Nous écrivons et envoyons notre lettre au président (et au ministre de l'éducation nationale) le mercredi 18 novembre.

Ma version de la lettre:

Monsieur le Président de la République,

Je le suis devenue par hasard (bien peu lèvent la main pour prendre en charge de genre de responsabilités, on se demande bien pourquoi?), je le suis restée par passion (et, peut-être aussi, faute d'autres possibilités d'évolution de "carrière"?), depuis 19 ans je suis directrice d'école.
Passionnant est le premier qualificatif qui me vient pour parler de ma vie professionnelle. 
Juste avant celui d'épuisant.
Passionnant de travailler avec une équipe d'enseignants, j'ai appris, sur le tas, l'animation d'équipe. Gérer cette entité démocratique qu'est une école en négociant (plus ou moins facilement suivant les élus) le budget, les moyens (plus ou moins importants suivant les choix politiques locaux), en collaborant avec les parents (plus ou moins revendicatifs, consommateurs d'école) est un défi de chaque jour. 
L'école est dévorante.
Elle me mobilise pendant que je suis avec mes élèves, d'enseignante je bascule, en cours de journée, d'une minute à l'autre, en mode concierge, secrétaire, service après-vente/classe, infirmière, vigile, comptable, technicienne, cheffe de travaux, assistante sociale, coordinatrice des services périscolaires, nounou (oui, nounou, souvent, des parents perdus).
C'est là un "exercice" épuisant qui déborde largement sur ma vie privée.
Et cet épuisement s'est aggravé au fil des ans.
La charge de travail s'alourdit d'année en année, les registres s'empilent, les enquêtes, les saisies s'accumulent, sans que l'école n'en tire de bénéfice visible, l'administratif, la norme, a pris le dessus sur l'humain qui est le cœur de notre métier, de notre mission. 
Où est le temps où la rédaction d'un projet d'école (r)apportait des crédits?
Où est le temps où nous avions un médecin scolaire (et des bilans pour chacun de nos élèves), une infirmière, pour nous aider à soutenir les familles dans notre désert médical? Nous accueillons tous les élèves. Quels que soient leurs besoins, bien particuliers, pour nombre d'entre eux. Que dire du RASED diminué? Remplacé par ce bricolage que sont les APC (un dictionnaire des acronymes est disponible pour ceux qui tentent de comprendre les mails qui arrivent de la hiérarchie)?
A plusieurs reprises, déjà, j'ai fait remonter l'impression de l'équipe enseignante d'être abandonnée en pleine mer face aux difficultés.
A de nombreuses reprises, quand cela était encore possible (dans la case, disparue depuis, destinée à cet effet dans le projet d'école), nous avons demandé des formations pratiques, en rapport avec nos besoins (handicap, violence à l'école, harcèlement, rapports avec les familles,...), en rapport avec les nouvelles exigences des programmes changeant au gré de l'actualité (ou de la mode pédagogique du moment?). Nous n'avons jamais été entendus. Jamais. Je ne sers plus de relais vers la hiérarchie. Je sers de butoir aux demandes des mes collègues. Nous n'arrivons pas à nous faire entendre.
J'ai accueilli la mort, terrible, de notre collègue Christine Renon avec un fatalisme épouvantable: 
"Cela devait arriver". 
Et depuis, c'est de nouveau arrivé, chaque semaine cela arrive.
Et d'autres, beaucoup, qui ne sont pas arrivés à cette extrémité, ont baissé les bras, sont en arrêt-maladie, ont renoncé à la direction d'école, ont démissionné parfois.
Pourtant on nous avait promis... un allègement de charges, d'une meilleure rémunération, des temps de décharge plus important, de nous aider à retrouver toute la considération de notre fonction.
Une députée, Mme Cécile Rilhac, c'est penchée sur notre sort. Des commissions de réflexions ont été certes mises en place, comme toujours. Le drap a été, un instant soulevé.
Et s'il y eut espoir il est vite mort avec ce que nous avons vécu ces derniers mois.
Le mot qui court sur les réseaux (de directeurs solidaires) est démerdentiel. 
Bravo pour la considération qui nous est due!
Le confinement est tombé sur l'école comme un chêne sur une caravane.
Rien n'avait été prévu. Rien, malgré le vent qui tempêtait, n'a été anticipé, le personnel non formé, les plateformes sous capacitaires, le non-équipement des enseignants et des élèves n'ont été découverts qu'au gré des soubresauts de la bête à terre.
Avec mes collègues, j'ai géré. J'ai créé, inventé, bricolé, une école hors l'école. Et à l'école puisqu'il a fallu accueillir les enfants des soignants. Puis les enfants des personnels prioritaires (de longues semaines, nous enseignants ne l'étions pas. Prioritaires). Nous nous sommes démultipliés. Nous avons fait sans la hiérarchie disparue.
Nous avons assuré s'en est enorgueilli le ministre de l’Éducation nationale (pendant que sa collègue nous envoyait aux fraises "puisque nous ne travaillions pas"). 
Qui nous a remercié en faisant du dé confinement un enfer.
Il était pourtant prévisible, non, ce dé confinement?
Mais nous avons attendu, le protocole, les consignes, les conseils, le soutien.
Alors que le "A table!" avait retenti, nous avons attendu que la liste soit élaborée, que les courses soient faites, qu'elles nous soient livrées...
Nous avons attendu, puis, dans l'urgence, le week-end, la nuit aussi, nous avons re re créé l'école.
Comme nous avions trouvé les ressources, la force et l'ambition pour nos élèves confinés chez eux, nous l'avons trouvé pour les retrouver à l'école. Tout en appliquant le nouveau protocole, puis le nouveau nouveau, puis le nouveau nouveau nouveau... Jusqu'à l’écœurement (ce pauvre mot protocole qui est devenu urticant). D'autant plus que je suis aussi, surtout, enseignante.
Je suis arrivée épuisée aux vacances d'été.
Seule la fête, surprise, de remerciement des parents, nous a récompensé des efforts et de la fatigue (et m'a confortée dans mon choix de rester).
Nous avons demandé que cela n'arrive plus jamais. Que des solutions soient tirées des leçons.
Que les consignes nous arrivent autrement (pour le moins avant) que par la télé, que l'on cesse de jouer avec nous comme avec des marionnettes, pas de masque / masque obligatoire, élèves très contagieux / peu ou pas / peut-être...
Nous attendions beaucoup.
Nous n'avons pas été déçus.
La valse des protocoles a repris de plus belle, au dernier moment, celle des masques, toxiques, ou non, les annonces à la télé. 
Et pour redorer notre blason des vidéos de remerciements. 
Et une prime de 450€ en tout. Pour toutes ces heures?
Et un allègement de charges, d'une meilleure rémunération, des temps de décharge plus important, nous aider à retrouver toute la considération de notre fonction? 
450€, mais indice bloqué. 
450€, plus 6 mois après, et seulement pour ceux qui sont toujours là...
Quant à l'équipement des enseignants (informatique, internet), on nous promet de quoi nous offrir, éventuellement, la souris, le micro et l'écran, mais pas l'ordi, pas l'abonnement, pas les logiciels. La formation au distanciel n'est toujours pas à l'ordre du jour (celles demandées précédemment non plus). Et je dois effectuer le conseil d'école en visio? Pas de problème on m'a fourni un lien. Il suffit d'étudier le bouzin, d'y passer quelques heures. Encore.

Là dessus meurt Samuel Paty. Je suis touchée en plein cœur.
Il est mort pour les valeurs que je défends chaque jour.
 
Mais il meurt, comble de malheur juste avant le re confinement.
Et la valse reprend.
Trois pas en avant, hommage à Samuel Paty. Soudain les enseignants ont un rôle essentiel dans la société. On leur donne du temps pour organiser, il faut décaler la rentrée. Nous travaillons avec les collectivités. Pendant les vacances. Nous posons des questions et nous n'obtenons pas de réponse. Les vacances. Trois pas sur le côté, c'est la télé qui nous indique le sens du vent, qui précède les consignes, les cadrages (trop bancals nous sommes pour tenir debout sans cela). Trois pas en arrière, re confinement. Il y a un plan, des scénarios, mais, à la rentrée, il n'y avait pas à s'en inquiéter, à les étudier, à les... Puisqu'on n'y était pas. Et puis maintenant qu'on y est le plan est émaillé de "dans la mesure du possible". Trois pas sur le côté, tous comptes faits, c'est trop compliqué, l'hommage saute allègrement devant les forces du mal, le covid et le terrorisme. Et l'on a pas un mot d'excuse pour le travail d'organisation de cette rentrée décalée qui ne l'est plus. Pas un mot pas un regard.
Et qui passe, encore, pour un branquignole? Celui, ou celle, qui "tient" le portail, le matin à coté du portrait de Samuel Paty, école en deuil.
 
Et l'on laisse les directeurs seuls (avec ses collègues. Merci les collègues.), encore, face aux élèves qui ont entendu leurs parents justifier la mort du professeur qui enseignait la liberté d'expression, face aux parents qui ne comprennent plus rien à cette école (comment comprendre? en mai c'était l'école à la carte, aux enseignants de s'adapter...), face aux parents qui nous accusent de maltraitance puisque l'on masque, muselle, leurs enfants, qui ne sont pas contagieux (c'est la télé, le ministre, les experts qui le disent).
 
Monsieur le Président de la République, un allègement de charges, d'une meilleure rémunération, des temps de décharge plus important, nous aider à retrouver toute la considération de notre fonction? 
Une vraie considération pour notre travail? Est-ce possible? 
Avant qu'épuisée, moi aussi, je baisse les bras?
Avant que nos écoles ne restent orphelines de leurs directeurs?

 

dimanche 15 novembre 2020

Projet 52/2020: grand angle.

Projet photo avec Virginie

Et cette semaine: grand angle.

Beuh...

Je me rends compte qu'avec le précédent appareil je faisais des photos en grand angle.

Là... En plus l'angle de nos vies conconfinées (si je veux! quand c'est boulot, dodo et c'est tout c'est con) est bien réduit, n'est pas?

Alors... Grand angle sur le ciel.

Ça le fait quand même?
 

vendredi 13 novembre 2020

Dichotomie.

D'un confinement qui n'en est pas un.

C'est boulot, dodo (quand ça veut bien) et... Plus de médiathèque, plus de visites aux copines, plus de balades hors du périmètre usuel (qui, je ne me plains pas, est bien plus chouette que celui des banlieues, et autres rives de périfs).

C'est du boulot, du boulot, du boulot... Et Suzanne qui a mal au ventre. Et Clovis qui passe son BAC toute l'année. Emma en téléformation. Arthur en attente de démarrage (lors du 1er confinement son projet de l'époque a sombré alors... Inquiétude. La mienne. Lui... Bah!). Et Victor qui remplit son chômage de sport et nous soigne en préparant, avec Emma, les repas.

Et il y a Colette, dont l'opération a été reportée et qui n'aimerai pas recevoir une amende quand elle se promène avec ses copines (dans le bon rayon, en extérieur. Mais à 3.).

Au boulot, l'école est pleine, les élèves sont eux mêmes, même masqués. Ils disparaissent parfois une dizaine de jours, l'un ou l'autre (ou les deux) de leurs parents étant positifs. 

Le cours des choses ne varie pas. Il se complique juste. Le conseil d'école doit être effectué en visio. Et j'attends toujours la formation à cette technique. Nous avons reçu une liste de liens. Et...

Autoformation. Avec les moyens du bord.

Avec, parfois, les uns, ou les unes, au bord de la crise de nerfs.

Et il y a eu le 11 novembre. Férié un mercredi. Comme un dimanche mais pas en plus...

Les routes ressemblaient, enfin, à celles du premier confinement. A tel point que j'ai pu m'arrêter pour faire ces quelques clichés (je suis la ligne haute tension pendant des dizaines de kilomètre. Où est Gilles? Au bout de la ligne...).

Au bout de la route, au bout du couloir (l'une des 4 sections à parcourir)...

Et, là, le plaisir de se retrouver. Mâtiné de... Limite nous nous retrouvons comme des ados fugueurs dans la chambre d'internat. Des clandestins de l'amour, à 38 ans d'amour.

Et,... Bof!

Nous nous baladons, bras dessous, bras dessus (et masque près à remettre dès que l'on croise d'autres marcheurs, seuls ou en couple), comme des petits vieux que nous ne nous sentons pas (même si les gosses nous appellent désormais ainsi).

Gilles raconte ses voisins, sur le départ, celui qui n'a pas reçu de visite (trop loin), ceux qui se retrouvent pour papoter...

 Et puis les kinés... Le directeur, peu apprécié.

 Je parle de Suzanne, que ses frères appellent "Paméla" depuis qu'elle a réclamé des soutien gorge (les sales vaches!), de la Deuche, que j'ai amené (avec Arthur) chez le mécano pour changer les pneus et faire une évaluation des travaux à effectuer, du rendez vous pris pour changer de banque.

Voilà ce que sont les "grands" projets des semaines à venir (et pas l'organisation des fêtes de fin d'année. Ni un éventuel week-end d'évasion (heureusement, mille fois, que je n'ai pas cédé et que nous avons pris ces 4 jours tout les deux, cet été!)).

Et, à court terme, repasser un après midi avec Gilles ce samedi, aller le chercher ce mercredi...